La famille Lichtsztejn - (Cliquez sur la photo)
Depuis un mois, Sarah Lichtsztejn, 14 ans, et sa mère, Maria, n’ont plus le droit de sortir sans une étoile jaune cousue au côté gauche. Les jardins publics sont interdits à Sarah. Ce 16 juillet 1942, au petit matin, des coups sur la porte les arrachent brusquement à leur sommeil. « Police ! Ouvrez ! » Elles habitent un deux-pièces séparé par un rideau au rez-de-chaussée, en fond de cour, du 306, rue des Pyrénées, dans le XXe arrondissement de Paris.
Evadé du camp d’internement de Pithiviers, dans le Loiret, où, interpellé dans la rue, il avait été conduit l’année précédente, le père de Sarah, Moïse, vit caché sous une fausse identité, Antoine Rinder, dans une chambre du passage d’Eupatoria, au métro Ménilmontant. Personne alors n’imagine que les femmes et les enfants risquent l’arrestation. Originaires d’un village de Biélorussie, où les Juifs ont l’habitude de dire « Heureux comme Dieu en France », les Lichtsztejn sont arrivés à Paris en 1930.
Au petit matin
Ce 16 juillet 1942, deux policiers français, un en civil, l’autre en uniforme, les pressent de s’habiller, de préparer une valise et de les suivre. Quelques heures plus tard, un autobus de la STCRP (Société des transports en commun de la région parisienne, ancêtre de la RATP), bondé d’autres Juifs, se gare rue Nélaton, dans le XVe, le long du Vélodrome d’Hiver. Une journée que relate Sarah Lichtsztejn-Montard dans un livre intitulé Chassez les papillons noirs, et que viennent de publier les éditions du Manuscrit.
Peinte en bleu dans le cadre de la défense passive, l’immense verrière qui recouvre le Vél’d’Hiv jette une lumière fantomatique sur les flots d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards, entassés dans les gradins et sur la pelouse. « La chaleur, se souvient Sarah, était étouffante, l’odeur épouvantable. Bouchées, les toilettes débordaient. Nous n’avions rien à manger, rien à boire. » Pour Maria et sa fille, il faut s’évader. Maria a compris que la rumeur selon laquelle les Juifs iraient travailler à l’Est dans des usines n’est que mensonge. « Quels emplois les Allemands, m’a-t-elle dit, pourraient-ils confier les Allemands à des grabataires ou à des nourrissons ? »
Sarah y parvient la première. Devant le porche d’entrée, se massent des badauds, des proches en quête de nouvelles. Elle se faufile à reculons, dos tourné vers la rue, derrière un policier en faction. Lorsque celui-ci la surprend, elle lui explique qu’elle vient voir une amie. Il la refoule vers le trottoir. Elle est dehors. Sa mère va utiliser le même stratagème, également avec succès.
Le mot de Drancy
Durant deux ans, des amis vont aider Sarah et sa mère à se cacher. Jusqu’à ce qu’un voisin les dénonce, le 24 mai 1944. A Drancy, Sarah va écrire sur une feuille de papier quadrillé une lettre que lui dicte sa mère, et jette la feuille, sans enveloppe, par-dessus un balcon. Elle a indiqué deux adresses : rue Oberkampf, celle d’un oncle, et au Blanc-Mesnil, celle d’une amie de Maria.
Le 30 mai 1944, Maria et Sarah, en gare de Bobigny, monteront dans le convoi 75 pour Auschwitz, où sur l’avant-bras gauche de Maria sera tatoué le matricule A 7141. Sur celui de Sarah : A 7142.
Elles seront parmi les 85 rescapés de ce train de la mort de mille déportés. Le 15 novembre 1952, Maria se mariera avec un jeune résistant, Philippe Montard.
Source France-Soir - 17/07/11
Commentaires
La piqûre de rappel !
Chère tania, je n'oublie jamais.
@ téléphobe; pardonnez-moi, mais on ne peut pas rire de tout. il y a des lois.
@Gaëlle : Je comprends. Pardonnez-moi, j'ai toujours du mal à croire que nous en sommes arrivés à ce point, pourtant j'ai lu Huxley et Orwell ;o)
@ téléphobe: il y a des Avertissements répétés pour les commentaires sur tous les sites et blogs.
Je signale pour ma part que les commentaires sont modérés.
Il faut prendre connaissance des lois françaises en vigueur.
Cordialement