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Ce que dit la plainte au civil de Nafissatou Diallo contre DSK

Dix-sept pages et soixante trois paragraphes de faits circonstanciés. C'est le contenu de la plainte au civil pour «agression violente et sadique» déposée hier contre DSK par les avocats de sa victime présumée Nafissatou Diallo, la femme de chambre de l'hôtel Sofitel de New-York.

  Accusé entre autre de viol et agression sexuelle par cette employée, DSK va devoir affronter une procédure au civil distincte de la procédure pénale. Et cette plainte n'a pas été déposée n'importe où par ses avocats, Kenneth Thompson et Douglas Wigdor, mais dans le Bronx, le quartier noir et latino de New York. Nafissatou Diallo avait trois options pour cette plainte : le lieu de l'agression à Time Square ou la dernière adresse connu de son agresseur présumé dans le quartier de Tribeca. Ces deux adresses relèvent du tribunal de Manhattan. Elle a choisi la troisième, son lieu de résidence, le Bronx.

Un choix stratégique pour les avocats car ils sont certains d'avoir dans ce quartier un jury bien plus favorable à leur cliente que s'ils avaient sollicité le tribunal de Manhattan réputé plus blanc donc sans doute moins réceptif à la demande de la femme de chambre, une immigrante africaine. L'écho de leur plainte aura bien plus de résonance au milieu d'un jury composé d'habitants de ce quartier.

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Il est d'usage dans la procédure américaine d'attendre la fin des poursuites au pénal avant d'entamer une procédure en réparation du préjudice subi au civil. Les avocats ont préféré accélérer le mouvement. Ils veulent anticiper un éventuel non-lieu ou abandon des charges pesant contre DSK lors de l'audience programmée le 23 août prochain. En cas de non-lieu, DSK peut récupérer son passeport et quitter les Etats-Unis. Difficile alors pour les avocats américains de lui remettre en main propre l'assignation au civil. Ce sera au jury d'évaluer le montant du préjudice subi par la femme de chambre mais aussi par sa fille. Une facture au-delà des 8 millions de dollars au moins selon la jurisprudence dans l' Etat de New-York. Quant à la date du procès au civil, rien n'est fixé. Une seule certitude, le tribunal du Bronx, est certainement l'un des plus surchargés de tout l'Etat de New York.

Mais c'est bien une plainte documentée où les avocats de la femme de chambre assènent à longueur de paragraphes «l'agression brutale», «l'humiliation subie par Madame Diallo», les «souffrances psychologiques et physiques», la «détresse émotionnelle» de leur cliente. Ils n'hésitent pas à décrire la fellation forcée imposée à la femme de chambre victime selon eux d'un «acte de profonde dépravation de DSK». Un homme décrit comme «un criminel» ayant «commis un acte irréparable. M. Strauss-Kahn a pris la fuite par crainte d'être retenu par le service de sécurité de l'hôtel». Un fuyard décrit comme inquiet car «n'arrêtant pas de regarder derrière lui» avant d'aller rejoindre sa fille Camille pour «un rapide déjeuner avec elle» croyant que ce repas «pouvait lui servir d'alibi». Une véritable liste d'accusations à charge contre DSK.

Ils apportent comme preuve dans leur argumentaire les conclusions des médecins qui ont examiné la victime et ont noté des «rougeurs» inhabituelles dans ses parties intimes, dont «des photos ont été prises». Les médecins notent aussi qu'elle est secouée par les sanglots lorsqu'elle raconte aux soignants son agression. Dans le paragraphe 32, les deux avocats prennent soin de faire remarquer que leur cliente ne connaissait pas DSK ni ne savait qu'il «était le directeur du Fonds Monétaire International et candidat à la présidence française». L'occasion de couper court aux rumeurs propagées par les conseils «des avocats ou autres spécialistes en relation publique» qui ont cherché à accréditer un rapport consenti entre DSK et la femme de chambre présentée par un quotidien nex-yorkais comme une «prostituée» ce qui constitue aux yeux des avocats «une humiliation publique» s'ajoutant à l'«humiliation personnelle et professionnelle» endurée par Nafissatou Diallo.

Source Le Parisien - 09/08/11

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