BANI WALID/SYRTE, Libye (Reuters) - Mouammar Kadhafi est en Libye et dirige la résistance contre ses ennemis, a affirmé samedi son porte-parole en accusant l'Otan d'avoir causé la mort de 354 habitants de Syrte lors d'une série de raids aériens la nuit dernière.
Moussa Ibrahim a joint l'agence Reuters par téléphone satellitaire au lendemain d'un assaut avorté des troupes du Conseil national de transition (CNT) contre Bani Walid, l'un des derniers bastions fidèles au colonel libyen avec sa ville natale de Syrte.
Ibrahim a déclaré que les avions de l'Alliance atlantique avaient bombardé un immeuble d'habitation et un hôtel, faisant 354 morts, plus de 700 blessés et 89 disparus, des informations invérifiables car les communications avec la ville côtière sont restreintes depuis la chute de Tripoli le 23 août.
"Nous sommes au courant de ces allégations", a déclaré le colonel Roland Lavoie, porte-parole de l'Otan à Bruxelles. "Ce n'est pas la première fois que l'on entend de telles allégations. La plupart du temps, elles se révèlent infondées ou peu probantes."
Selon Moussa Ibrahim, plus de 2.000 habitants de Syrte ont péri dans des raids de l'Otan au cours des 17 derniers jours.
Le porte-parole de Kadhafi, qui a déclaré se trouver lui-même aux environs de Syrte, a assuré que l'ancien dirigeant libyen était confiant dans la victoire de son camp.
"Nous sommes en mesure de poursuivre la lutte et nous avons suffisamment d'armes pour les nombreux mois à venir", a déclaré Moussa Ibrahim.
TRAITRES ET SNIPERS
Les forces kadhafistes viennent de repousser des attaques des forces du CNT sur Syrte et Bani Walid, lancées après l'échec de négociations visant à la reddition des deux villes.
"C'était difficile, on s'y prendra de manière complètement différente la prochaine fois", a déclaré un combattant anti-kadhafiste, encore surpris d'avoir survécu aux roquettes et aux balles des tireurs embusqués quand sa brigade est entrée vendredi dans Bani Walid.
Après des heures de combat, les hommes du CNT se sont repliés pratiquement aussi vite qu'ils s'étaient rués à l'assaut de la ville.
Au lendemain de ce revers humiliant, ils s'en prenaient aux traîtres, aux tireurs embusqués et au pétrole déversé, selon eux, par les défenseurs de Bani Walid sur les rues escarpées qui mènent au centre-ville.
"Quand nous sommes entrés, des snipers nous ont tiré dessus et des traîtres nous ont tiré dans le dos", déclarait un combattant, Abouchoucha Bellal.
Mais ses camarades ont dénoncé aussi le manque de coordination et de discipline entre les différentes brigades.
Nouraldine Zardi a raconté que son unité n'avait pas été prévenue de l'ordre de repli et qu'elle s'est retrouvée bloquée et isolée pendant plusieurs heures à l'intérieur de la localité, située à 150 km au sud-est de Tripoli.
Plus au nord, un journaliste de Reuters présent sur la grande route à l'ouest de Syrte a dit qu'il entendait les coups de feu et les déflagrations au fur et à mesure de l'avancée des forces du CNT.
"Les troupes de Kadhafi sont dispersées entre les maisons. Il y a beaucoup de snipers sur les toits", a déclaré un combattant du CNT, Mabrouk Salem.
Près de quatre semaines après la chute de Tripoli, le conseil intérimaire au pouvoir en Libye n'est toujours pas en mesure de déclarer le pays "libéré" et de lancer le processus de transition démocratique promis par les nouvelles autorités.
Le CNT a promis l'envoi d'un millier de renforts aux portes de Bani Walid.
Jean-Stéphane Brosse pour le service français
Yahoo! Actualités - 17/09/11