Le livre de Bernard-Henri Lévy consacré à la guerre en Libye («La guerre sans l’aimer », Grasset) sortira mercredi en librairie. Voici, en avant-première, les cinq informations inédites contenues dans l’ouvrage.
1 - En juin dernier, la France a reconnu avoir livré des armes aux rebelles libyens mais, selon les annonces officielles, il ne s'agissait que d’une aide ponctuelle distribuée fin mai aux combattants du Djebel Nafoussa. D'après BHL, bien d’autres livraisons ont eu lieu à d’autres endroits et beaucoup plus tôt.
Le 16 avril, Nicolas Sarkozy reçoit en secret le chef militaire de la rébellion libyenne, le général Younes, celui-là même qui sera assassiné quelques semaines plus tard. Younes lui demande des armes. Mais « nous vous aidons déjà, lui répond le président français. Nous avons livré, nous vous livrons, beaucoup de choses… (…) Nous livrons à travers le Qatar, bien sûr. Mais cela ne trompe personne. Tout le monde sait que les armes livrées par le Qatar sont des armes livrées par la France. Est-ce que quelqu’un, parmi vous, imagine une seule seconde que, quand on dit « des armes livrées par le Qatar », c’est le Qatar qui envoie les armes ? »
2 - La France a toujours nié avoir envoyé des soldats au sol, y compris des instructeurs. Or, ce même 16 avril, Nicolas Sarkozy demande à son conseiller diplomatique : « Nous en avons combien, au juste, des instructeurs français au sol ? » Après la réponse « inaudible » du diplomate, le président enchaîne à l’adresse du général Younes : « Peu importe le nombre exact. Des Français parlant arabe, on vous en a mis un certain nombre. On va, dans les jours ou les semaines qui viennent, en mettre encore. »
3 - La France n’a jamais reconnu avoir envoyé des forces spéciales sur le terrain. Or, recevant le président du CNT, Mustafa Abdeljalil, Nicolas Sarkozy aurait accepté, selon BHL, l’envoi « de commandos d’élite ». Combien ? Le philosophe écrit qu’il a suggéré au Libyen de « demander trois cents forces spéciales, à partager avec la Grande-Bretagne, pour guider les frappes, entraîner les commandos d’élites libyens et, le moment venu, prendre Koufra. » BHL écrit que le président de la République a donné « satisfaction partielle » de cette requête.
4 - Presque jusqu’à la fin de la guerre, les alliés ont épargné une cible stratégique : « la piste d’aviation privée du Colonel » située dans sa ville-bunker de Bab al-Azizia. L’ambassadeur de Grande-Bretagne en France explique à BHL pourquoi cette piste et l’avion personnel de Kadhafi ont été volontairement épargnés. « Le message [à Kadhafi] est double. D’abord : vous avez une porte de sortie (….). Ensuite : si vous vous réveillez un beau matin en apprenant qu’une bombe anglaise ou française a endommagé votre piste privée, alors oui cela voudra dire que vous êtes fait. »
5 – A en croire BHL, les soldats français ont joué un rôle considérable dans la chute de Tripoli. Non seulement, l’aviation française, sous contrôle de l’Otan, a bombardé une vingtaine de cibles identifiées en commun avec le CNT, mais les forces spéciales françaises ont participé à l’opération sur le terrain. Le 17 août, Nicolas Sarkozy téléphone à BHL. « Il m’annonce que des armes sont arrivées, la nuit dernière, par la mer, de Misrata à Tripoli et que le Jour Zéro approche. » Quatre jours plus tard, c’est le soulèvement de la capitale libyenne. BHL écrit : « Eléments des Forces spéciales françaises, émiraties et, dans une moindre mesure, anglaises à la manœuvre. » C'est- à- dire à la direction des opérations. Comment ? Il n’en dit pas plus.
Le blog de Vincent JAUVERT, journaliste au NouvelObs
09:18 Publié dans diplomatie française, Moyen Orient
07/11/11