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La pièce anti-chrétienne "Golgotha Picnic" à Toulouse

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C'est reparti : chemins de croix, oraisons, banderoles défendant l'identité chrétienne de la France. Et ballet de CRS, au cas où les intégristes catholiques qui, après Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci, s'en prennent à Golgota Picnic de Rodrigo García seraient tentés par de nouvelles actions coups de poing.

Cette fois, les yeux sont braqués sur Toulouse et le théâtre Garonne, où a lieu, mercredi, la première de la pièce. Une création où un plateau couvert d'hamburgers figure la multiplication des pains, où des billets sont fourrés dans les plaies du Christ au terme d'une crucifixion feinte et où un pianiste nu joue, sur la scène dévastée, l'intégralité des Sept Paroles du Christ sur la croix de Joseph Haydn.

En apparence, le scénario reproduit le précédent Castellucci (demande d'interdiction déposée devant un tribunal administratif et rejetée, appels à manifester) - mais la tension pourrait bien cette fois monter d'un cran. Parce que Golgota Picnic joue d'images volontiers provocantes, d'abord : à Madrid, elle avait provoqué une série de manifestations devant le Centro dramático nacional où elle était jouée, et avait fait l'objet d'une question au Parlement. Parce que plusieurs organisations ont appelé à une contre-manifestation à Toulouse pour tenir tête aux intégristes, ensuite. Parce qu'enfin les représentants de l'Église en France, qui avaient gardé un relatif silence devant Sur le concept du visage du fils de Dieu, ont commencé de prendre parti... non sans tâtonnements.

"La prière ne peut être utilisée comme instrument de pression"

L'évêque de Toulouse, Mgr Robert Le Gall, a fait paraître le 10 novembre un communiqué mettant en garde "contre toutes les manipulations politiques et intégristes qui sous-tendent ces manifestations". "La prière ne peut en aucun cas être utilisée par des chrétiens comme instrument de pression, écrit-il. Nous comprenons le désarroi causé chez des chrétiens de bonne volonté par ce spectacle et nous le partageons. Mais les groupes qui utilisent quelque forme de violence que ce soit en se réclamant du christianisme nous blessent également et défigurent l'Église." Des propos qui, tronqués, ont été ensuite repris par des sites intégristes pour preuve de la ferme opposition de l'évêque au spectacle.

"L'Église est instrumentalisée, c'est d'ailleurs ce qui a poussé Mgr Le Gall à réagir, souligne son secrétaire, Jean-Marie Dessaivre. Des tracts sont distribués qui se réclament du diocèse, des manifestants se présentent comme les Étudiants catholiques de Toulouse sans avoir aucun lien avec la Pastorale étudiante de Toulouse." De la pièce elle-même, le diocèse estime qu'elle dénonce surtout les compromissions et les déviances qui ont obscurci l'histoire de l'Église : "On peut se demander quelle image avaient de Dieu ceux qui, par le passé, ont massacré et pillé en son nom. Si Rodrigo García provoque tant de passions, c'est peut-être qu'il met le doigt là où ça fait mal", analyse Jean-Marie Dessaivre.

Cette position, mesurée, est peu ou prou celle de Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France. "Nous sommes invités à une réflexion sérieuse sur notre rapport avec des créations culturelles dont les intentions ou les réalisations offusquent notre amour du Christ", estimait-il le 9 novembre, dans son discours de clôture de l'assemblée plénière des évêques. "Elles ne manquent pas d'interroger. Pourquoi le visage du crucifié questionne-t-il tant ? De quelle force est-il porteur ? Nous devons aborder ces événements sans nous laisser enfermer dans une forme de débat où l'Église se défendrait elle-même contre un groupe minoritaire dans une société pluriculturelle ou même hostile", ajoutait-il.

Couacs

Des paroles d'apaisement qui pourraient valoir rappel à l'ordre. Directement contactés par l'Institut Civitas, l'une des principales organisations à l'origine du mouvement, plusieurs évêques ont, en effet, manifesté leur soutien aux manifestations. Sans peut-être toujours songer que leurs réponses seraient, en tout ou partie, diffusées sur Internet. Ainsi, si Mgr Raymond Centene, évêque de Vannes, assume les propos tenus dans sa lettre à Alain Escada, secrétaire général de l'Institut Civitas (il y parlait de "spectacles blasphématoires", "dont l'ignominie dépasse l'entendement même", et encourageait une action publique), tel n'est pas le cas d'autres représentants de l'Église.

L'Institut a, en effet, publié de la même façon des réactions attribuées à Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron : "La christianophobie ambiante, diligentée de près ou de loin par de secrètes officines, ne semble pas atteindre outre mesure le moral de nos responsables politiques. (...) Il est du devoir de chaque catholique de défendre le Christ et la Sainte Église. Je vous encourage donc à servir cette noble cause." Même traitement pour les propos de Mgr Bertrand-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours : "Je ne peux que réprouver ces spectacles blasphématoires." Ou encore ceux de Mgr Guy Bagnard, évêque de Belley-Ars : "Il est important de réagir pour ne pas laisser l'inacceptable se banaliser." Contactés, Mgr Aillet et Mgr Aubertin n'ont pas souhaité éclairer ces positions. Mgr Bagnard assure, lui, ne pas avoir été en relation avec Civitas.

Une cacophonie encore amplifiée par la réaction de Mgr Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France, qui, au lendemain du discours de Mgr André Vingt-Trois, affirmait, tout en soulignant que l'Église avait choisi des "méthodes de paix" : "On ne peut pas ne pas être inquiet devant un spectacle de cette nature, et notre réprobation est évidente. La liberté d'expression est à respecter comme sacrée ? Qu'elle respecte donc aussi ce qui est sacré !" Sur ce point au moins, les évêques de France semblent tomber d'accord.

Le Point -16/11/11

 

Commentaires

  • les mémes guignols qui organisent ou jouent dans ces pseudos-piéces , n,auraient pas les C . . .!! d,en faire autant au sujet des autres religions.
    la riposte de l,église me parait assez timoré face à cette ignominie, mais il est vrai qu,elle se veut aussi progressiste , ouverte et tolérante , amen!!
    salutations.

  • Du jamais entendu, un évêque considérant la prière comme instrument de pression !
    Où a-t-il fait ses études de théologie, un gamin du catéchisme de toujours savait comment répondre : "Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation" ou encore :"ne vous lassez pas de prier à temps et à contre-temps".
    Celui qui prie se sauve; celui qui ne prie pas se damne (St Alphonse de Liguori).
    Dans le cas présent, la prière est de plus en plus urgente.

  • Avec le mollusque à la tête de l' Eglise , les chrétiens dont je ne fais pas partie, ne s'en sortiront jamais .
    Un parallèle à faire entre la décadence du Vatican et celle de l' UERSS ?

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