Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Carpentras, ville occupée

untitled.bmp Pareick Bassot Carpentras.jpg

Carpentras (Vaucluse) Envoyé spécial - C'est une ville "insulaire". Une ville de 30 000 habitants nichée au cœur du Vaucluse, entre Avignon et Orange, et qui semble isolée. Pour s'y rendre, pas question de prendre le train. Depuis 1938, c'est une gare de fret. Dans son centre-ville historique, en forme de cœur, tout de maisons en pierre typiques de la région, Carpentras montre son lustre d'ancienne capitale politique des Etats du pape.

A travers son lacis de ruelles, les gens que l'on croise sont presque exclusivement maghrébins. Souvent, les femmes – jeunes et moins jeunes – sont voilées. L'ambiance est paisible, tranquille. Presque trop. Le soir, les rideaux des commerces et restaurants tombent tôt, laissant une ville fantomatique.

 

Carpentras, c'est presque un laboratoire des vicissitudes actuelles de la vie politique française. Cette ville de droite a élu en 2008 un maire socialiste, Francis Adolphe, à la faveur des divisions de la droite locale. Le premier depuis 1908. Le département et la région sont dirigés par la gauche, alors que l'électorat a voté très majoritairement à droite à la présidentielle de 2007.

Son député emblématique, Jean-Michel Ferrand, réélu six fois, est membre de la Droite populaire. "C'est dans ma circonscription que Jean-Marie Le Pen a fait le plus gros score en 2002. Pourtant, j'ai été réélu aux législatives sans aucun problème", se félicite-t-il. A l'entendre, l'UMP n'a rien à craindre du Front national dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. "Le FN prospère sur l'insécurité, l'immigration, la crise, mais ils n'ont aucun argument. Ça se joue beaucoup en fonction des candidats. Quand celui de l'UMP est bon, le FN n'existe pas", assure l'élu.

Le FN, justement. Lors des dernières élections cantonales, Carpentras a donné au parti d'extrême droite son seul conseiller général, Patrick Bassot. L'autre, Jean-Paul Dispard, élu à Brignoles (Var), a vu son élection invalidée. De l'avis de tous – même de l'intéressé –, le candidat frontiste n'a même pas eu à faire campagne pour remporter l'élection, avec plus de 800 voix d'écart.

Comme ailleurs dans la région, l'UMP locale est issue d'une droite dure. M. Ferrand, qui se réclame du gaullisme et condamne avec des mots très durs le FN, le dit franchement : "Dire certaines choses que le FN a eu tendance à monopoliser, ce n'est pas un crime. Et je ne compte pas laisser se fourvoyer un électorat qui peut être en déshérence." Mais, jure-t-il, il n'y a pas de "passerelle entre FN et UMP". Pourtant, aux cantonales, là où M. Bassot a été élu, le report de voix s'est fait largement de l'UMP vers le FN.

"UNE UMP UN PEU MUSCLÉE"

Patrick Bassot, lui, semble serein. Il est bien en délicatesse avec son parti qui ne veut pas l'investir pour les législatives. Mais il jouit de l'aura du seul élu FN en France au scrutin uninominal. Et ne se sent pas du tout menacé par l'UMP et les déclarations tonitruantes du ministre de l'intérieur, Claude Guéant, ou de la Droite populaire.

"On a toujours eu une UMP un peu musclée ici, mais ça ne m'inquiète pas. Sarkozy a pris des thèmes et des thèses du FN. Pas mal de gens de chez nous y ont cru. Mais il y a un rejet général. La Droite populaire, c'est un leurre", veut-il croire.

André Mathieu, 66 ans, responsable pour la Ligue des droits de l'homme de la zone "Avignon Carpentras", en est persuadé : "Le FN est dans le jeu, ce n'est pas un épiphénomène. Ils sont implantés dans la région." Ce militant socialiste avoue qu'il ne voit pas de solutions à la poussée frontiste. Pour lui, certains élus de droite ne seraient d'ailleurs pas gênés de faire alliance avec le parti de Marine Le Pen.

Un scénario que UMP et FN rejettent. "Thierry Mariani [ministre des transports et élu du Vaucluse] et la Droite populaire légitiment le FN, continue M. Mathieu. Avant, les gens avaient honte, maintenant, c'est banalisé. C'est de leur faute, ils ont banalisé le vote extrême. Ils ne les endiguent pas. Ils leur donnent de l'élan."

"Quand Claude Guéant dit que l'“on ne se sent plus chez nous”, ici, ça parle", assure un jeune membre du cabinet du maire, qui souhaite conserver l'anonymat. "La Droite populaire, c'est juste le FN qui veut gouverner. La droite de l'UMP veut aller sur le discours du FN mais ça ne marche pas." Il ajoute : "Ça ne sert à rien. Les gens peuvent voter Marine Le Pen à la présidentielle et Thierry Mariani aux législatives. Ils sont attachés aux personnes, pas aux étiquettes."

A Carpentras, deux communautés cohabitent sans pratiquement avoir de rapports entre elles. Au centre-ville, les Maghrébins, venus s'installer dans les logements vides quand les commerçants ont quitté le secteur. Dans les années 1960 et 1970, de nombreux immigrés sont venus pour travailler comme journaliers dans les exploitations fruitières et se sont installés.

Longtemps, la porte d'Orange –dernier vestige des remparts – a été surnommée le "marché aux esclaves" : c'est là que l'on embauchait à la journée les ouvriers agricoles, tous immigrés. Du coup, la population "européenne" est à l'extérieur de la ville.

Avec 17 % de chômage, Carpentras est aussi touchée de plein fouet par la crise.

Mais à cela s'ajoute encore une "crise identitaire" que gauche et droite reconnaissent. Beaucoup d'habitants ont une réaction très dure envers la pratique de l'islam. Carpentras compte en effet deux mosquées. "La droite fait campagne sur l'islam, note-t-on à la mairie. Mais les gens préfèrent toujours l'original à la copie. “Les Arabes dehors”, c'est une vraie motivation ici. Les gens ne veulent plus les voir."

Abel Mestre

Le Monde - 28/12/11

 

Commentaires

  • il n,y a pas que Carpentras comme ville occupée !!
    salutations.

  • HELAS HELAS , c est tout comme à APT !!, cette derniére ville perd son IDENTITE PROVENCALE ! , nous vomissons les responsables (...) d une telle situation .GAUTHIER MICHEL __, qui sera la....nouvelle JEANNE D ARC ?

  • L’occupation de la guerre 39/45 était due à la défaite de juin 40, défaite elle-même due au front populaire qui avait désarmé la France. Tandis que cette occupation-là est voulue, désirée, organisée par les nouveaux collabos qui nous dirigent et veulent la disparition des Français et de la France. Carpentras en est le symbole avec l’odieuse profanation de son cimetière qui a permis d'ouvrir toutes grandes les vannes de l’immigration en faire taire ceux qui voulaient s’y opposer.

  • @ abad: il faut faire en effet la distinction.

Les commentaires sont fermés.