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Sans Le Pen, Sarkozy fait jeu égal avec Hollande

Regardez la réaction de Stéphane Ravier ce soir dès 19h au 19/20 de France 3.

SONDAGE EXCLUSIF IFOP-JDD. Nicolas Sarkozy et François Bayrou seraient les grands bénéficiaires de l’absence de la candidate du FN si celle-ci ne parvenait pas à réunir les 500 parrainages. Le JDD a testé ce scénario.

Quelle serait l’attitude des électeurs si Marine Le Pen n’était pas qualifiée pour le premier tour de la présidentielle, faute d’avoir pu réunir les 500 signatures? Pour la première fois, l’Ifop a posé la question aux Français, et les résultats de notre sondage rebattent les cartes de la bataille entre gauche et droite. Ce scénario ne retient que les candidats certains (ou presque) d’obtenir les parrainages obligatoires, notamment Nicolas Dupont-Aignan et les représentants de l’extrême gauche. N’y figurent pas, en revanche, les candidats qui avouent eux-mêmes être loin du compte : Marine Le Pen (350), Dominique de Villepin (300), Christine Boutin (250), Hervé Morin (300) ou encore Corinne Lepage. Il faudrait remonter à 1969 pour retrouver une offre électorale aussi resserrée.

Huit candidats seulement donc (au lieu de 12 en 2007), et pas de représentant de la famille Le Pen, ce serait évidemment un coup de théâtre dans cette présidentielle qui a déjà connu bien des surprises depuis le retrait forcé de DSK. Le résultat de notre sondage est tout aussi inattendu : François Hollande garderait la tête avec 33 % des voix (+ 3,5), mais à égalité avec Nicolas Sarkozy (+ 8,5). François Bayrou obtiendrait 17 % (+ 4,5), devant Jean-Luc Mélenchon avec 9 (+ 1). Eva Joly gagnerait un demi-point (3 %) à égalité avec le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, qui multiplierait par trois son score. "Ce scénario modifierait radicalement le rapport de force électoral. Pour la première fois depuis le début de la précampagne, Nicolas Sarkozy parviendrait en tête, à égalité avec François Hollande", explique Frédéric Dabi, directeur des études à l’Ifop. Il convient de préciser que l’abstention passerait dans ce scénario de 14 à 22%.

Sarkozy et Bayrou, les deux grands bénéficiaires

Que faut-il en conclure pour le second tour? L’Ifop n’a pas testé cette hypothèse. "Avec un 33-33 au premier tour, cela laisse plus d’espoir au président sortant pour le second. La dynamique Hollande serait cassée. Même si Nicolas Sarkozy enregistre, malgré l’absence de Marine Le Pen, des scores faibles auprès de la France du travail", souligne Dabi. Rien ne dit que Hollande serait battu au second tour. La campagne que mènerait la famille Le Pen contre le président sortant serait terrible, comme l’annonce au JDD le fondateur du FN. Il n’empêche, les électeurs frontistes se reporteraient, selon notre sondage, en priorité sur… Sarkozy (40 %) puis sur Bayrou (22 %) et sur Hollande (18 %). Candidat protestataire, Mélenchon ne "ramasserait" que 9 % des orphelins de Le Pen. Le vote FN reste donc, malgré le positionnement recentré de la fille de Jean-Marie Le Pen, majoritairement un vote de droite. Avec 33 % et sans Marine Le Pen, Sarkozy fait à peine mieux qu’en 2007, où il avait recueilli 31 % des voix avec la présence du FN.

Ce scénario d’une élection sans Le Pen placerait le patron du MoDem dans une position d’arbitre. Avec Sarkozy, Bayrou serait l’autre grand bénéficiaire. Il raflerait les trois quarts des voix des petits candidats (Morin, Villepin, Boutin) et presque un quart de celles de Le Pen. Preuve qu’il est devenu en 2012 une sorte de réceptacle du vote antisystème.

La crainte de représailles aux législatives va-t-elle pousser l’Élysée à "faciliter" la collecte des signatures de la candidate FN? Nicolas Sarkozy a déjà répondu à la question dimanche dernier : "Vous ne voulez tout de même pas que je l’aide!" Jeudi, sur France 2, François Fillon a balayé la menace : "Je pense que c’est du bluff!" Quand le Président et le Premier ministre se montrent aussi formels, il faut comprendre que tout sera fait pour que les élus de droite, et ceux qu’ils influencent, s’abstiennent de signer en faveur de la candidate du FN. Une position qui ne fait pas l’unanimité parmi les ministres et les parlementaires, qui redoutent déjà la multiplication de triangulaires meurtrières aux législatives en juin.

Le compte à rebours est lancé au FN

L’absence d’un courant politique comme le FN, qui pèse environ 20% dans les enquêtes sur les intentions de vote, déclencherait un gigantesque débat démocratique sur les règles de qualification à une élection présidentielle. Dans l’immédiat, Marine Le Pen va devoir cravacher pour arracher les 200 signatures. Très nerveuse, elle a sans doute surestimé la dédiabolisation du FN auprès des maires. Elle a appelé à la rescousse une société de phoning et annulé tous ses déplacements. Le retrait ou non de Marine Le Pen dépendra aussi du verdict du Conseil constitutionnel. Les sages trancheront le 22 février la question de l’anonymat des parrainages.

À quarante jours du dépôt des signatures, le compte à rebours est lancé. L’absence de Marine Le Pen aurait des conséquences infiniment supérieures à celle de son père en 1981. À l’époque, il avait voté Jeanne d’Arc. Sa fille prévient qu’elle fera tout pour faire battre Sarkozy.

Source le JDD 5 février 2012

Blog de Stéphane RAVIER pour Marseille

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