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Vienne la nuit


Vienne la nuit que je m'embarque,
Loin des murs que fait ma prison
Elle suffit pour qu'ils s'écartent,
Je retrouve mes horizons.
Que m'importe si l'on me parque
La Nuit abat toutes cloisons.

Avec la nuit je me promène
Sous le soleil des jours anciens.
Je ne vois plus ce qui m'enchaîne,
Le sommeil brise le destin :
Voici la mer, voici la Seine,
Voici les fraîches joues des miens.

Comme dans les camps d'Allemagne,
Chaque nuit, ô Nuit, tu reviens
Me rendre tout ce qu'on éloigne.
Je ferme les yeux sous tes mains,
Je m'embarque, tu m'accompagnes,
Me caresses jusqu'au matin.

O Nuit, ô seul trésor pareil
Pour l'homme libre ou le proscrit,
Je t'ai donc retrouvée, merveille,
Après trois ans te revoici !
Je me rends à ton cher soleil,
Enlève-moi comme jadis.

Sur la paille où sont les soldats,
Tu m'apportais les mêmes songes
Qu'aux heureux dont je n'étais pas.
Aujourd'hui, vers toi je replonge,
O secourable, ô toujours là,
O Nuit qui n'as pas de mensonges.

24 octobre 1944.

Robert Brasillach - Poèmes de Fresnes

Commentaires

  • Magnifique poème. L’assassinat de Brasillach : une tâche indélébile à la charge de De Gaulle.

  • @ abad: le monstre, qui a trahi le Maréchal Pétain, qui a trahi l'Algérie française, ne l'a pas gracié, malgré les interventions de Colette et de Mauriac.

    Quelles heures les plus sombres, peut-on dire !

    Mais les Poèmes de Fresnes sont là, pleins de vie, de jeunesse et d'espérance! Immortels!

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