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Abattage rituel: pas de débat à l'Assemblée sur la traçabilité !

Alors que Nicolas Sarkozy s’est prononcé aujourd’hui lors d’un meeting à Bordeaux en faveur d’un étiquetage précisant les méthodes d’abattage…

Pour la seconde fois en moins d'un an et demi, les députés UMP ont dû renoncer à débattre de l'étiquetage des viandes abattues en France. Cette fois, c'est une proposition de loi déposée le 21 février par Françoise Hostalier (UMP) qui a fait les frais des réticences du gouvernement : la députée du Nord a retiré son texte, jeudi 1er mars. Comme son collègue Nicolas Dhuicq en 2010, Mme Hostalier souhaitait que soit précisé sur les emballages si l'animal avait été tué "après étourdissement" ou "sans étourdissement", cette dernière pratique correspondant aux rites juif et musulman.

Au nom de la "souffrance animale, de la traçabilité, de l'hygiène et de la laïcité", Mme Hostalier voulait "mettre les choses au clair". "Il est normal que le consommateur sache ce qu'il achète et qu'il ait le choix", insiste la députée, qui souligne le développement de la viande halal, et sa présence dans la filière classique.

Cette préoccupation, récurrente chez un certain nombre de députés, a été reprise par Marine Le Pen le 19 février. "Alors que j'y travaille depuis plusieurs mois, la proposition de loi a été concomitante avec la polémique lancée par le Front national", regrette Mme Hostalier. L'UMP lui a fait comprendre qu'il ne fallait pas donner "l'impression d'embrayer sur le discours du FN". Une offensive du parti majoritaire aurait aussi pu brouiller le message du ministre de l'agriculture, Bruno Le Maire, qui vient de publier un décret destiné à limiter les abus de l'abattage rituel. Enfin, le calendrier électoral tuait dans l'oeuf toute discussion.

Ce mauvais timing ne suffit pas à expliquer que Mme Hostalier ait retiré son texte, comme l'avait fait avant elle M. Dhuicq. Le gouvernement ne tient pas à une discussion sur l'étiquetage et l'a fait savoir plusieurs fois, y compris au niveau européen. Le ministère de l'agriculture a récemment rappelé qu'il ne souhaitait pas "stigmatiser" les communautés concernées.

Interrogé par Mme Hostalier en février 2011, le secrétariat d'Etat au commerce répondait : "Le gouvernement français n'est pas favorable à la mention obligatoire de l'abattage sans étourdissement, (...) qui pourrait stigmatiser des pratiques ayant des fondements relatifs à la liberté religieuse et serait de nature à déstabiliser les marchés de la viande de manière durable."

"PRESSIONS DE L'INDUSTRIE"

Dans ce contexte, certains députés évoquent, sous couvert d'anonymat, les "pressions des religieux ou de l'industrie agroalimentaire". Mme Hostalier ne nie pas des pressions. "De peur d'être taxés de racisme ou de colonialisme, nous sommes idéologiquement paralysés", assure M. Dhuicq.

La communauté juive - davantage que la communauté musulmane, divisée sur ce sujet - ne cache pas son opposition à un étiquetage jugé "stigmatisant, restrictif et susceptible d'avoir des conséquences sur l'approvisionnement et le coût de la viande". Ses responsables s'efforcent à un "dialogue constructif" avec les députés, selon le conseiller du grand rabbinat de France, le rabbin Bruno Fiszon, qui conteste aussi la dénonciation de la "souffrance animale" accolée à l'abattage rituel.

S'ils sont réélus, M. Dhuicq et Mme Hostalier assurent qu'ils reviendront à la charge. "Aucun gouvernement n'échappera à cette problématique", prédit aussi Lionnel Luca, l'un des 38 signataires du texte de Mme Hostalier.

Stéphanie Le Bars

Le Monde - 03/03/12

 

Commentaires

  • "...susceptible d'avoir des conséquences sur l'approvisionnement et le coût de la viande."
    Voudraient-ils faire payer aux goyim le prix de leurs pratiques barbares ?

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