"Ouf ! Je vais pouvoir être candidate à la présidentielle !" Lundi soir, un peu avant 22 h 30, Marine Le Pen est à son domicile, à Saint-Cloud, quand elle apprend qu'elle a les 500 parrainages d'élus nécessaires pour briguer l'Élysée. Après avoir compté et recompté les formulaires au siège du parti à Nanterre, Michel Guiniot, responsable des parrainages, est arrivé tout feu tout flamme chez les Le Pen au parc de Montretout, à Saint-Cloud, pour annoncer la bonne nouvelle. Selon nos informations, le FN a déposé 515 formulaires de parrainage au Conseil constitutionnel. "Ma présence à l'élection présidentielle résulte d'un dur combat contre les pressions et que nous avons gagné. Je suis prête à me battre pour ma patrie", a déclaré solennellement Marine Le Pen mardi après-midi de son fief de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).
Au Front national, l'heure est au soulagement, mais surtout au redémarrage d'une campagne qui s'était mise en veilleuse. Depuis plusieurs semaines, faute d'argent (les banques refusaient d'accorder un prêt tant que Marine Le Pen n'avait pas les 500 signatures), le FN a dû réduire la voilure et annuler deux meetings. Les cadres frontistes étaient à temps plein mobilisés sur le terrain pour convaincre les maires. Quant à Marine Le Pen, elle passait dans les médias "pour parler des parrainages et lancer des SOS au lieu d'expliquer son programme", constatait à regret son entourage. Pour les stratèges frontistes, cette mise entre parenthèses de la campagne expliquerait le tassement de Marine Le Pen dans les sondages à environ 17 % d'intentions de vote au premier tour. "Cette séquence des parrainages a inquiété certains de nos électeurs qui se sont mis dans l'optique que Marine Le Pen ne serait pas candidate", explique un conseiller.
Nouvelles mesures-chocs
Marine Le Pen lance donc l'acte II de sa campagne. "On repart à zéro. On rentre dans une nouvelle séquence qui s'annonce très offensive", lance Bruno Bilde, directeur de la communication. Jean-Michel Dubois, trésorier de la campagne, a contacté dès mardi matin le banquier du parti pour obtenir un prêt. Maintenant que la candidate a ses parrainages, les banques devraient accepter de prêter de l'argent. Le FN mise sur un budget de 4 millions d'euros jusqu'au 22 avril, premier tour du scrutin. À raison d'un ou deux déplacements par semaine, Marine Le Pen promet d'occuper davantage le terrain. Jeudi, elle ira rencontrer des pêcheurs à Sète (Hérault) avant de tenir meeting à Palavas-les-Flots. La semaine prochaine, elle devrait visiter une ferme en Normandie. Son équipe de campagne planche aussi sur de nouvelles propositions-chocs à ajouter au programme présidentiel dévoilé en novembre dernier.
"Le Sarko-show bientôt fini !"
Enfin, le FN entend tirer à boulets rouges sur Nicolas Sarkozy, président sortant et de ce fait adversaire "numéro un". D'autant plus que le candidat UMP marche ostensiblement sur les plates-bandes du FN en proposant l'étiquetage de la viande selon la méthode d'abattage, la révision des accords de Schengen pour mieux lutter contre l'immigration illégale, l'élargissement de la notion de récidive ou encore de créer une carte Vitale biométrique pour mettre fin aux fraudes aux prestations sociales. "On va attaquer en martelant que voter Sarkozy est un vote inutile. Voter Marine Le Pen, c'est voter utile, car elle propose des solutions alternatives", explique un conseiller de la candidate. Pour porter son message, le FN compte sur l'égalité du temps de parole dans les médias, qui commence le mardi 20 mars. "Le Sarko-show est bientôt fini !" se réjouit-on dans les rangs frontistes. Et de croire plus fort que jamais à la présence de leur championne au premier tour de la présidentielle.
Le Point - 13/03/12