Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Dans un quartier d'Athènes, les néonazis prospèrent grâce à la crise

Le contexte économique exacerbe le racisme en Grèce. Dans un quartier de la capitale, un parti néonazi fait la loi et des étrangers sont tabassés. Reportage.

(D'Athènes) Je suis chez Christina Samartzi, une responsable de Médecins du Monde à Athènes, pour parler des milliers de cas de sous-nutrition récemment constatés chez les enfants grecs. Cela fera l'objet d'un autre article. Au fil de la conversation, elle me raconte qu'un de leurs traducteurs a été tabassé récemment :

« Il est afghan. On suppose que c'est L'Aube d'or. »


Le logo d'Aube d'or

L'Aube d'or (Chrysi Avyi) est un parti néonazi. A Athènes, les agressions d'immigrés sont de plus en plus nombreuses. Toutes sont attribuées à ce parti de jeunes braillards qui aiment tendre le bras et afficher leur logo pas très éloigné de la croix gammée.

Né dans les années 80, L'Aube d'or connaît une nouvelle jeunesse à la faveur de la crise économique.

C'est un peu plus loin, à Agios Panteleimonas, que les allumés de L'Aube d'or concentrent leur activité. Une place présentée comme dangereuse par les guides touristiques, tant les affrontements sont nombreux autour de l'église homonyme.

Le danger ne saute pas tout à fait aux yeux ce premier jeudi de mars. Il fait grand soleil, les enfants jouent dehors et les Albanais au chômage enchaînent les parties de dominos.

Nettoyer la Grèce


L'église d'Agios Panteleimonas (Zineb Dryef/Rue89)

Sur le parvis de la grande église, il faut baisser les yeux pour voir le grand message tagué au sol qui invite les étrangers à partir. Un tag antifasciste le recouvre, lequel est lui-même dissimulé par un autre, raciste ; enfin, tout cela est devenu illisible.

Le parc à proximité de l'église est désormais vide. Comme la place Attique, dans le quartier d'Omonia, il a été occupé par L'Aube d'or qui en a chassé, par la violence et les coups, tous les étrangers. Jusqu'à ce que le conseil municipal décide finalement la fermeture du parc.

Distrait par une pièce de monnaie qu'il s'emploie à chercher dans la grande église, le pope refuse de me parler. C'est pourtant ici que se sont déroulées certaines des plus violentes attaques de L'Aube d'or contre les immigrés. Des descentes de dizaines de jeunes dont l'objectif est de « nettoyer la Grèce de ses souillures ».

En septembre dernier, un demandeur d'asile afghan a été grièvement blessé après son agression par une quinzaine de personnes. En mai, ce sont treize migrants qui ont été battus par les extrémistes. Il serait malheureusement trop long de recenser tous ces « pogroms » – c'est ainsi que les Grecs désignent ces affrontements.

La police tolère les néonazis


Affiche de la station Kokkino (Zineb Dryef/Rue89)

Tolérés par la police, « ils agissent souvent comme les auxiliaires des CRS », explique Jason, journaliste à Kokkino, une radio de la gauche radicale qui suit attentivement ce mouvement.

Kostis Papaioannou, président du Comité national pour les droits humains, a lui relevé que la plupart des crimes et agressions de nature raciste ne font même pas l'objet d'enquêtes policières. Une attitude dénoncée par le HCR à Athènes.

Ce mouvement néonazi, même s'il reste marginal, progresse dans le centre d'Athènes. Plusieurs sondages créditent le mouvement de près de 2,5% d'intentions de vote aux législatives anticipées du mois d'avril.

En novembre 2010, Nikolaos Michaloliakos, de L'Aube d'or, a été élu au conseil municipal d'Athènes avec ce slogan : « Refaire d'Athènes une ville grecque » ; les électeurs d'Agios Panteleimonas lui ont été favorables.

Ils ont le soutien de la population dans ces quartiers populaires, surtout des jeunes, explique Jason :

« Leur progrès s'explique par la crise mais aussi par la participation du Laos [l'alerte populaire orthodoxe, parti d'extrême droite, ndlr] au gouvernement. Beaucoup de gens ont été déçus et s'en sont détournés.

Leur succès s'explique aussi par leurs liens avec la population. Ils fonctionnent par milices et ils créent des comités d'autodéfense. Dans le quartier d'Agios Panteleimonas, ils ont fait du porte-à-porte pour laisser un tract avec un numéro à joindre si les gens venaient à se sentir menacés par les immigrés. »


Dans une épicerie du quartier (Zineb Dryef/Rue89)

« Grâce à eux, il n'y a plus d'Asiatiques »

Les affirmations de Jason se vérifient au premier petit commerçant interrogé. Il est épicier dans le quartier d'Agios Panteleimonas depuis les années 80. Maintenant, il ferme à 21 heures parce qu'il a peur des attaques et parce qu'« aucun Aryen ne circule à la nuit tombée » :

« Les immigrés volent des petites choses. Par exemple, une combine courante, c'est de prendre un paquet de cigarettes, de demander le prix, d'en saisir un second et hop ! Ils partent en courant.

Ce sont des gens qui achetaient autrefois mais maintenant ils volent. Heureusement, je ne me suis jamais fait braquer. »


Tract de L'Aube d'or (Zineb Dryef/Rue89)

Il estime que son chiffre d'affaires a baissé de 70% ces deux dernières années. Il dit aussi que le quartier a été nettoyé :

« C'est grâce à Chrysi Avyi. Moi, je ne fais pas de politique et je n'ai pas d'avis sur le sujet mais grâce à eux, il n'y a plus d'Asiatiques [les Afghans et les Pakistanais, ndlr] dans le quartier. »

Dehors, on ne repère pas dans la journée de militants de L'Aube d'or. Mais de nombreuses affiches témoignent de leur récente présence dans le quartier :

  • « Je vote L'Aube d'or pour chasser la souillure de notre pays » ;
  • « La Grèce appartient aux Grecs » ;
  • « Une mosquée à Athènes ? Jamais. Et nulle part en Grèce. »

« Avant, on n'aimait pas trop les Albanais »

Dans ce qui subsiste de commerces grecs dans le quartier – d'après le petit commerçant, plus beaucoup mais il exagère – il y a ce minuscule café tenu par un Grec, « de la minorité grecque en Albanie ». Il y a là de très vieux messieurs, pas forcément très âgés, non, mais l'air vieux à leur manière d'être assis, chacun seul à une table, dos au mur. Ils boivent du café et de l'eau de vie que le patron leur sert régulièrement et généreusement. Il tolère les cigarettes, fume lui-même.


Dans le petit café (Zineb Dryef/Rue89)

Ce matin-là, ils ressassent. La beauté passée du quartier, la quasi bourgeoisie des habitants – la tante d'un des clients du bar a vendu autrefois cinq de ses magasins en province pour pouvoir s'installer dans l'un des immeubles aujourd'hui décrépis du quartiers –, son microclimat même.

Un homme prend la parole.

« La première vague d'immigrés, c'étaient les Albanais. On ne les aimait pas trop, on pensait qu'ils étaient dangereux mais ils n'ont pas défiguré le quartier. Ils travaillent bien.

Aujourd'hui, beaucoup d'Albanais, de Bulgares, de Roumains rentrent chez eux. Avec la crise, ils ont perdu leur travail mais ils ne veulent pas devenir des voleurs.

Les Afghans et les Pakis sont obligés de rester ici, alors ils sont prêts à tout pour survivre. Le problème, c'est qu'ils ne pourront pas vivre longtemps, ni très bien, uniquement du vol.

Les Albanais, eux, n'auraient jamais fait des choses humiliantes comme mendier ou essuyer les pare-brise contre de la monnaie, ils partent. »


Dans le petit café (Zineb Dryef/Rue89)

Les autres acquiescent. Ils semblent lui vouer quelque chose comme de l'admiration un peu révérencieuse. L'homme s'appelle Takis Mouzoukos. Il est le plus âgé de l'assemblée. Ingénieur civil à la retraite, il a eu cette idée baroque, il y a maintenant deux ans, de créer le premier cimetière d'animaux domestiques d'Athènes. Lui et son associé – un Albanais – ne souffrent pas de la crise, affirme-t-il.

« Ils sont dans une impasse »

Le patron me montre son gros cahier. La crise c'est ça, cette liste de noms et en face une somme, souvent élevée. Un de ses clients lui doit 250 euros mais il n'a pas le cœur à lui refuser des consommations :

« Avant la crise, ils venaient, ils me faisaient vivre, je ne vais pas les laisser tomber maintenant. »

Lui aussi a une dent contre les « Asiatiques » ; ils ne veulent pas s'intégrer. La preuve : jamais il n'en a vu un seul au café ! Pas une fois. Il les croise parfois dans la rue, rasant les murs. Il n'est pas rassuré :

« Ils sont dans une impasse parce qu'ils ont été dupés par les mafias et qu'ils se retrouvent maintenant coincés à Athènes sans travail, ni argent. Les hommes deviennent des bêtes féroces quand ils ont faim. »

C'est entendu, ces hommes-là n'aiment pas les « Asiatiques » mais à l'évocation de L'Aube d'or, ils s'agitent. Takis parle pour les autres :

« Bien sûr que je préférerais qu'ils rentrent chez eux mais je ne peux pas accepter qu'on les traite comme le fait L'Aube d'or !

Je suis choqué quand je vois ces jeunes, des jeunes du quartier parfois, qui tapent des hommes avec des battes de baseball. Je n'aime pas voir ça en Grèce.

Les Grecs sont eux aussi responsables. De riches propriétaires d'immeubles louent les sous-sols et entassent des dizaines d'immigrés à l'intérieur. Les endroits les plus dangereux maintenant, ce sont les halls d'immeubles. »

Il se demande si « tout ce bordel n'est pas organisé par des gens de l'immobilier » mais enfin, il ne faut pas s'inquiéter, « la Grèce s'est souvent retrouvée dans des situations impossibles mais l'espoir d'un Grec ne meurt jamais. A la vôtre ! »

Rue89

(Cliquez sur les photos)

Commentaires

  • Pauvre Grèce qui nous a donné notre civilisation ! Ce pays est mis en pièces par les mondialistes qui haïssent les Européens, les chrétiens et les patriotes et organisent leur substitution par les arabo-musulmans !

  • Zineb Dryef/Rue89 : ce n'est pas cette crétine anti Français qui peut juger de ce qui se passe en Grèce bien au contraire - les bolchos sont complices de la FED, du FMI et du lobby ;o)

  • @ téléphobe: article à lire entre les lignes, bien sûr...

  • une bonne partie de l,Europe occidentale est dans la M. . !!et ce n,est point fini !
    salutations.

  • Faut il préférer la situation ou c'est la racaille étrangère qui fait la loi dans nos rues?
    Sans doute selon tous les gauchistes.
    Ce qui le cas, partout en France, en toute impunité.
    Notre peuple a été désarmé.
    Déplacez vous dans certaines rues de Marseille (depuis la la Canebière, dans le quartier de Noailles), ou dans la rue de la République à Lyon : partout l'insécurité, omniprésente : on n'est plus chez nous.
    Partout, des racailles vous regardent, méprisantes et sûres d'elles : si vous soutenez ce regard, vous serez attaqué (jamais à un contre un évidemment .. les bandes restent ce qu'elles sont, constituées de lâches).
    Ces gens doivent partir.

Les commentaires sont fermés.