Publié le dimanche 22 avril 2012 à 23H17
Marine Le Pen réalise en Paca un score nettement supérieur à sa moyenne nationale. Une performance qui annonce des triangulaires explosives en juin prochain
En Paca, où Marine Le Pen a signé ce dimanche des scores nettement supérieurs à sa moyenne nationale.
Photo Thierry Garro
Mise à jour : 23H28
Dès sa première présidentielle, Marine Le Pen a enregistré dimanche un succès significatif en atteignant 18,48% (estimations à 23h28) , selon les estimations, établissant un record historique pour le Front national, ce qui lui donne une partie des clés du second tour. A près de 20%, "on frôle le tremblement de terre", souligne le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite et chercheur associé à l'Iris (Institut des relations internationales et stratégiques). Avec un tel chiffre, à peu près le double que lors de la déroute de 2007 (10,4%), "on est détenteur d'une force électorale qui est déterminante pour le second tour", ajoute M. Camus.
Pour autant, Marine Le Pen a d'ores et déjà fait savoir qu'elle ne donnerait pas de consigne de vote. Non qu'elle se désintéresse du futur président, mais parce qu'elle joue désormais la bataille d'après, celle des législatives du mois de juin. Tirés par la locomotive Marine, tout indique que les candidats du Front national seront en capacité de se maintenir lors du second tour de l'élection qui vise à renouveller l'Assemblée nationale. Il faut en effet obtenir 12,5% des inscrits, ce qui en fonction de la participation met la barre un peu en-dessous de 20%.
Pas de consigne de vote
Ce sera particulièrement vrai en Paca, où Marine Le Pen a signé ce dimanche des scores nettement supérieurs à sa moyenne nationale. Un succès en droite ligne des 22,87% obtenus ici lors des régionales 2010. C'est ainsi que dans les Bouches-du-Rhône, elle arrive en tête dans toutes les villes du pourtour de l'étang de Berre à l'exception de Vitrolles où avec 26,78% des voix, elle talonne Hollande (27.8%); Port-de-Bouc où c'est Jean-Luc Mélenchon qui est le premier, Saint-Mitre-les-Remparts qui a porté Nicolas Sarkozy en haut du podium et Berre où elle échoue d'un cheveu derrière Hollande avec 29,06%. A Martigues, la candidate FN obtient 24,41%. A Miramas, elle est à 31,16%. A Istres, elle est à 27,33%.
S'il est encore trop tôt pour connaître son score à Marseille, les premières estimations lui accordent 24% dans la cité phocéenne. En revanche, le dépouillement est terminé à Arles, où elle obtient 25%, un peu plus qu'à Aubagne (24,15%).
Dans de nombreuses communes de Vaucluse, Marine Le Pen est également arrivée en tête au 1er tour : Lourmarin avec 41,14% décroche la palme juste devant Bédarrides à 40,92% et Lagarde-d'Apt avec 40%. Suivent Monteux, ville socialiste, avec 34,81%, Bollène avec 32,99%, Entraigues, ville communiste, avec 31,38%, Cavaillon (UMP) avec le même score qu'Entraigues, Le Pontet (UMP) à 31,13%, Vedène à 30,91% et Caumont-sur-Durance à 31,25%. A Carpentras, où le FN a obtenu l'année dernière un conseiller général, elle est à 28,53%. A Orange, la ville que dirige l'ex-FN Jacques Bompard, elle est à 29,54%.
Les électeurs ont porté en tête Marine Le Pen dans la 3e circonscription de Vaucluse (Carpentras Sud, Pernes-les-Fontaines, Bédarrides), celle du président départemental de l'UMP, le député Jean-Michel Ferrand. La candidate du FN a réalisé 31,50% des suffrages, devant Nicolas Sarkozy (27,65%) et François Hollande (19,10%).
La tentation des alliances
L'ambition est donc de mise dans le camp frontiste. "Maintenant, face à un président sortant à la tête d'un parti considérablement affaibli, nous sommes désormais la seule et véritable opposition à la gauche ultralibérale, laxiste et libertaire", a-t-elle lancé dimanche soir à Paris devant ses partisans, dévoilant sa stratégie pour la suite: faire exploser l'UMP et rafler la mise à droite. "On est la nouvelle droite", a ajouté l'avocat Gilbert Collard, président de son comité de soutien. Jean-Marie Le Pen, lui, a clairement fixé l'objectif : "Nous aurons des élus".
Face à cette vague Marine, les députés UMP sortants résisteront-ils à la tentation des alliances ? Ce sera un des enjeux des premières semaines. L'histoire a montré que dans l'adversité, les barrières partisanes ne résistent pas toujours. Ce fut notamment le cas en Paca lors des régionales de 1986 ou dans d'autres régions en 1998.
La Provence