Par Karl de Meyer | 13/05 | 19:15
Angela Merkel vient d'encaisser un nouveau camouflet, hier : les sociaux-démocrates sont les grands gagnants des élections régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie, avec près de 39 % des voix. Avec leurs alliés Verts (12 %), ils sont en mesure de former une majorité confortable au parlement de Düsseldorf, avec 121 sièges sur 221, selon les premières estimations.
Hannelore Kraft, qui dirigeait depuis 2010 un gouvernement minoritaire fragile, et était tombée en début d'année sur des questions budgétaires, sort, finalement, renforcée de l'élection. Attaquée par ses adversaire sur sa propension à creuser le déficit d'un Land déjà fort endetté, elle a désormais les coudées franches.
Après le succès des socialistes en France, la potentielle formation d'une coalition dirigée par le SPD dans le Schleswig-Holstein, après le scrutin du 6 mai, les sociaux-démocrates ont donc le vent en poupe. Le résultat d'aujourd'hui a un retentissement particulièrement important, car il s'agit du Land le plus peuplé du pays et de l'un de ses coeurs industriels.
Par ailleurs, la région, traditionnellement de gauche, fait office de thermomètre politique national. C'est une défaite à Düsseldorf, en 2005, qui a conduit Gerhard Schröder à convoquer des législatives anticipées. Et permis, in fine, à Angela Merkel de devenir chancelière.
Désavoeu cinglant
Facteur aggravant pour cette dernière : la tête de liste CDU, Norbert Röttgen, qui n'a recueilli que 26 % des voix, a fait de la politique d'austérité de Berlin un des enjeux de la campagne. Voter pour lui, a-t-il laissé entendre la semaine dernière, c'est appuyer le dogme de discipline fiscal imposé par Angela Merkel à la zone euro et actuellement battu en brèche.
Le score catastrophique d'aujourd'hui sonne, a contrario, comme un désaveu cinglant. Exactement ce que redoutait l'état-major national de la CDU. Angela Merkel a donné une interview dans la presse régionale pour recadrer les enjeux et préciser que le scrutin « est important pour la Rhénanie du Nord-Westphalie, ni plus ni moins ».
Il n'en reste pas moins qu'à deux jours de la première visite officielle de François Hollande, l'élection de Düsseldorf renforce une opposition beaucoup plus en ligne avec les positions du nouveau président français. Le SPD a déjà menacé de ne pas ratifier le pacte fiscal européen, faute d'aménagement. Angela Merkel a besoin des deux tiers des voix du Bundestag et donc de l'opposition. Par ailleurs, l'opposition a bloqué vendredi deux textes importants au Bundesrat, chambre haute du parlement, pour faire la preuve de son pouvoir d'obstruction.
En plus de l'opposition, deux autres partis peuvent faire la fête, ce soir. Les libéraux ont recueilli plus de 8 % des voix, et semblent donc sortis du pire de leur crise d'identité. Les pirates, avec presque 8 % des voix, parviennent à rentrer dans leur quatrième parlement régional, confirmant la fragmentation du paysage politique.