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Chassé-croisé à Hénin-Beaumont

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Hier, et Jean-Luc Mélenchon ont réussi la prouesse de faire campagne pour les législatives sur le même sans jamais se croiser. Sur les 219 km2 et les 25 communes que compte cette 11e circonscription du Pas-de-Calais, les patrons du et du Front de gauche avaient choisi la même artère d’Hénin-Beaumont, hier matin, presque au même moment.

 


« J’ai oublié mon sèche-cheveux, je suis de très méchante humeur! » lâche Marine Le Pen, dès son arrivée à sa permanence. Les mèches inhabituellement ondulées, la patronne du FN fume une cigarette pour se détendre. On lui dit qu’elle pourrait croiser Mélenchon sur le marché. « Ah bon? feint-elle de s’étonner. Sa présence ne change rien à mon organisation. Et que croyez-vous qu’il va me faire? Me sauter à la gorge? Me mordre le mollet? »

Bien décidée à montrer qu’elle est ici chez elle, Le Pen s’engage au milieu des étals de la cité minière pendant plus d’une heure. « Je peux vous faire la bise? » lui demande un habitant, sous le charme. « Bravo! On est fier de vous », l’encense Freddy, plus loin.  Les rares attaques la laissent de marbre. A son passage, Tarek donne pourtant de la voix. « Melon marocain! Goûtez mes ananas d’Algérie ! » insiste le commerçant.

La candidate écologiste regrette « le marché people »

Plus loin, un stand du Front de gauche attend la candidate de pied ferme. Pas de clash pour autant, mais elle en profite pour clamer que « Mélenchon ne veut pas dévoiler sa déclaration d’impôts sur le revenu et celle de son patrimoine ». Mais son ennemi persifle en toute mauvaise foi, lorsqu’il évoque la « chambre de bonne » que louerait la frontiste à Hénin, alors qu’il s’agit d’un appartement.

A l’autre bout du marché, une petite troupe bardée de tracts à l’effigie de Jean-Luc Mélenchon s’impatiente. Le patron est en retard. Censé arriver à 10h15, après une visite d’usine, Mélenchon fait finalement son apparition à 10h48. L’eurodéputé a pris le temps de boire un café au local du PCF, à deux pas de là. Il entame sa tournée trois minutes pile poil après que sa rivale a quitté le marché. « Pas de volonté de l’éviter », jure pourtant son entourage.

Dans son uniforme de candidat (costume sombre et cravate rouge), Mélenchon s’extasie devant la troupe des Mélenchanteurs, la bande musicale dépêchée sur place pour assurer la claque. Affable, il s’approche d’un stand pour saluer les commerçants, qui l’accueillent chaleureusement. « Heureusement que t’es là », s’enflamme un chaland. « Touche-moi pas », assène un autre, refusant de lui serrer la main. Mélenchon lui empoigne le bras. « J’espère vous l’avoir refilée, la maladie du rouge », cingle le candidat. Son visage se ferme. « Y’en a qui sont contents, d’autres non. Elle et moi, on clive », minimise-t-il, avant de reprendre ses piques. « Je suis plus d’ici qu’elle! Tous les coins d’ici, je les ai appris dans des livres quand j’avais 20 ans! Le mouvement ouvrier est né ici », assure-t-il. Plus loin, une candidate écologiste observe la scène, esseulée. « Les habitants sont dépossédés de leur campagne, regrette Marine Tondelier. C’est devenu le marché people! »

 


Le Parisien

 

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