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Quand l'Allemagne nazie exterminait ses malades mentaux

 

Claude Quétel explique comment des scientifiques racistes de l'Allemagne nazie ont théorisé des idées conduisant à l'élimination des "vies sans valeurs" et des "esprits morts". Extraits de "Histoire de la folie" (2/2).

 Publié le 26 août 2012

  

Les historiens font commencer le XXe siècle après la Grande Guerre. En matière d’histoire de la psychiatrie, on peut se demander si ce n’est pas plutôt le lendemain de la Seconde Guerre mondiale qu’il faut choisir, lorsqu’on mesure à quel point le sort des malades mentaux pendant la guerre apparaît non comme le commencement d’une ère, mais comme la fin d’une autre. [...]

Quand Hitler arrive au pouvoir, l’eugénisme est admis à des degrés divers partout dans le monde occidental. Ce qui s’est appelé d’abord « l’eugénique » vise à améliorer et protéger la « race » (autre terme parfaitement accepté alors), de façon « positive » en favorisant la reproduction des plus aptes, mais aussi « négative » en « entravant la multiplication des inaptes ». Parmi ceux-ci, les arriérés et les malades mentaux. Les États-Unis donnent l’exemple en procédant à des stérilisations forcées, mais les barrières démocratiques, la jurisprudence, l’opinion publique en limitent beaucoup l’usage. [...]

Alexis Carrel publie en 1935 L’Homme, cet inconnu, vendu à 200 000 exemplaires à la fin de 1939. « Il y a encore le problème non résolu de la foule immense des déficients et des criminels. Le coût des prisons et des asiles d’aliénés, de la protection du public contre les bandits et les fous, est, comme nous le savons, devenu gigantesque. Un effort naïf est fait par les nations civilisées pour la conservation d’êtres inutiles et nuisibles. Les anormaux empêchent le développement des normaux. Pourquoi la société ne disposerait-elle pas des criminels et des aliénés d’une façon plus économique ? […] Un établissement euthanasique, pourvu de gaz appropriés, permettrait d’en disposer de façon humaine et économique. Le même traitement ne serait-il pas applicable aux fous qui ont commis des actes criminels ? »

L’Allemagne nazie, hantée par le spectre de « la mort de la race » (Volkstod), se lance dans une politique biomédicale qui commence par des stérilisations massives, à partir de véritables « tribunaux de santé ». 200 000 déficients mentaux et 150 000 aliénés ou épileptiques hospitalisés y sont promis, mais aussi des malformés physiques, voire des sourds ou des aveugles héréditaires. La nazification de la médecine, conjuguant enthousiasme eugénique et terreur à l’encontre de ceux et celles qui veulent garder leur poste, va permettre d’aller beaucoup plus loin, et de passer à « l’euthanasie », c’est-à-dire au meurtre médical direct. L’idée n’était pas nouvelle, puisqu’elle s’appuyait notamment sur un ouvrage de 1920, Die Freigabe der Vernichtung Lebensunwerten Lebens (« Le droit de supprimer la vie indigne de vivre »). Les deux auteurs étaient d’éminents universitaires, l’un juriste, l’autre psychiatre.

Au congrès du Parti en 1937, Hitler déclare : « La plus grande révolution réalisée en Allemagne a été la mise en œuvre d’initiatives systématiques visant à l’amélioration de la race et de la santé du peuple, jusqu’à la création de l’homme nouveau. » Il n’est cependant jamais parlé explicitement d’extermination des retardés et malades mentaux. Ni l’opinion publique, ni les médecins, ni les Églises ne sont prêts, même si les stérilisations ont été admises. À partir de 1933, toutefois, les crédits des hôpitaux psychiatriques sont radicalement diminués et leur situation devient rapidement critique. Médecins et infirmiers sont incités à ne plus soigner leurs patients. La population assiste à des projections « documentaires » où sont montrés des malades mentaux lourdement atteints. La propagande nazie entend ainsi démontrer l’inutilité de leur vie, tout comme elle leur reproche de vivre dans des « palais », comparés aux modestes logements des ouvriers qui, eux, travaillent. En même temps, les universitaires eugénistes (chaque université a sa chaire) répandent leurs sinistres thèses. Le professeur H. W. Krantz évoque la nécessité d’éliminer un million de « sujets inférieurs ».

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Extrait de "Histoire de la folie, de l'Antiquité à nos jours", les éditions Tallandier.

 

ATLANTICO

Commentaires

  • @Gaëlle,
    Rien à voir avec le sujet, mais je viens de recevoir cette information importante sur une décision du Conseil Constitutionnel passée inaperçue. Je ne l'ai lue nulle part.
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    Le Conseil constitutionnel a censuré la loi Gayssot
    Les gazettes nous ont donc expliqué que, le 28 février 2012, le Conseil constitutionnel avait déclaré non conforme à la Constitution la loi réprimant la contestation du génocide arménien et, en conséquence, la loi a été annulée. Le Conseil a fondé sa décision sur le principe constitutionnel de la liberté d’expression.
    S’il est vrai que la loi réprimant la contestation du génocide arménien est annulée, ce n’est là qu’une partie de la décision du Conseil et peut-être pas la plus importante... Mais ces mêmes gazettes ne nous ont guère éclairés sur ce point. Ces journalistes, qui se copient l’un l’autre, ne sont pas bien curieux ; ils n’ont sans doute pas lu intégralement la décision de la haute juridiction. Sinon ils se seraient aperçus qu’elle ne contient rien sur le génocide arménien en particulier ! Pas un mot ! Le nom "Arménie" et l’adjectif "arménien" ne s’y trouvent pas.
    Le terme "arménien" n’existe que dans l’intitulé de la loi d’origine parlementaire (mais inspirée par le gouvernement) sous cette forme :
    "Proposition de loi portant transposition du droit communautaire sur la lutte contre le racisme et réprimant la contestation de l’existence du génocide arménien."
    Mais le Conseil, en répondant à la requête des députés et sénateurs contestant la loi, laisse tomber, d’emblée, "arménien" :
    "Considérant que les députés et sénateurs requérants défèrent au Conseil constitutionnel la loi visant à réprimer la contestation de l'existence des génocides reconnus par la loi..."
    "Génocides" est donc au pluriel. Il continue de la même manière pour déclarer son inconstitutionnalité :
    "Considérant qu'une disposition législative ayant pour objet de "reconnaître" un crime de génocide ne saurait, en elle-même, être revêtue de la portée normative qui s'attache à la loi ; que, toutefois, l'article 1er de la loi déférée réprime la contestation ou la minimisation de l'existence d'un ou plusieurs crimes de génocide "reconnus comme tels par la loi française" ; qu'en réprimant ainsi la contestation de l'existence et de la qualification juridique de crimes qu'il aurait lui-même reconnus et qualifiés comme tels, le législateur a porté une atteinte inconstitutionnelle à l'exercice de la liberté d'expression et de communication ; que, dès lors, et sans qu'il soit besoin d'examiner les autres griefs, l'article 1er de la loi déférée doit être déclaré contraire à la Constitution ; que son article 2, qui n'en est pas séparable, doit être également déclaré contraire à la Constitution :
    "Article 1er.- La loi visant à réprimer la contestation de l'existence des génocides reconnus par la loi est contraire à la Constitution."
    Tandis que les parlementaires ne veulent considérer que le seul génocide arménien, le Conseil, lui, traite de tous les génocides reconnus par la loi.
    Or, dans nos lois, il n’y en a pas trente-six, il n’y a que celui des juifs.
    La haute juridiction ne pouvait guère faire autrement sinon elle aurait elle-même violé le principe constitutionnel d’égalité devant la loi en ne traitant pas de la même manière le génocide juif et celui des arméniens.
    Conclusion ? Vous l’avez deviné ! Désormais, toute poursuite pour négation du génocide des juifs, pour "négationnisme" ou "révisionnisme", au nom de la loi Gayssot de 1990, sera donc immanquablement annulée si le mis en examen dépose un recours en exception d’'inconstitutionnalité, comme la loi le permet désormais à tout justiciable.
    Le Conseil constitutionnel ne saurait évidemment se déjuger. Sa décision du 28 février 2012 a bel bien censuré également la loi Gayssot.
    Le plus étonnant, c’est que personne, apparemment, ne s’en soit ému ni même rendu compte, négligeant peut-être de se rendre sur le site du Conseil constitutionnel pour lire l’intégralité de sa décision...
    On trouvera cette décision du Conseil constitutionnel à l'adresse suivante :
    http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2012/2012-647-dc/decision-n-2012-647-dc-du-28-fevrier-2012.104949.html

  • et dans notre merveilleux monde d,aprés-guerre, les rues sont remplies de déquilibrés qui passent souvent à l,acte dans divers domaines pour le malheur de leurs victimes!
    mais nos honorables psy trouveront toujours une explication pour la compréhension de leurs gestes.
    salutations.

  • @ dirk: surtout ne vous fiez pas aux conclusions tirées de ce texte! Car les choses ne sont si simples. Voici ce que je viens de lire dans le JDD (politique) du 28 février 2012 sous le titre général "Génocides: la loi retoquée, Sarkozy veut un nouveau texte":

    "La loi sur le négationnisme menacée?

    Plus précisément, les membres du Conseil constitutionnel reproche à la loi de condamner la négation d'un crime reconnu uniquement par la loi française (dans ce cas, la loi de 2001). Alors que de nombreuses personnes estimaient qu'une censure des Sages menacerait la loi réprimant la négation de la Shoah, dite loi Gayssot de 1990, la formulation de la décision de mardi indique qu'il n'en est rien. La loi Gayssot interdit la négation des crimes reconnus par le verdict du Tribunal militaire international de Nuremberg (créé par les Etats-Unis, l'URSS, la France et le Royaume-Uni), et non pas reconnus par une loi. Selon la logique développée par les Sages, elle n'est en aucun cas menacée."
    Ce paragraphe est fondamental.
    Ce texte du CC induit en erreur. Car rien n'a changé en fait pour la loi Gayssot qui s'appuie sur Nuremberg.

    Le génocide arménien n'a pas été reconnu par le Tribunal de Nuremberg.

    D'autre part, des crimes, des massacres n'expriment pas la volonté d'exterminer un peuple en raison de sa race et de sa religion.

  • La vie des uns est donc supérieure à celle des autres , cela est inconstitutionnel.

  • D' accord pour l' extermination des grands criminels et la stérilisation des handicapés mentaux mais pas d' extermination de ces derniers : procédé eminement cruel !

  • Gaëlle,
    Je crois que vous avez raison. J'ai eu un son de cloche identique de la part d'un ami juriste. "Ils" ne sont pas assez fous pour laisser brader l'exception holocaustique qui leur assure une domination éternelle sur les peuples et les consciences !

  • Le genocide armenien et les crypto-
    http://www.dailymotion.com/video/xs3zqq_le-genocide-juif-des-chretiens-armeniens_webcam

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