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Roms chassés à Marseille: Gaudin accusé d' "antitsiganisme"

Le départ de familles roms d'un campement dans le nord de Marseille sous la pression de riverains hostiles à leur présence provoque un tollé. La voix des Roms s'en prend au maire de la ville.

La tension monte à Marseille, deux jours après le démentèlement d'un camp de Roms par des riverains jeudi soir . Et chacun d'y aller de sa version. "Il n'y a pas eu de chasse aux Roms", assure une source policière, qui précise que dimanche, des Roms s'étaient installés sur le terrain d'un chantier en construction de la cité des Créneaux (15e arrondissement). Selon la préfecture, la police est appelée sur les lieux par un habitant et un membre de la communauté rom, pour un différend opposant une trentaine de riverains aux occupants du campement, comprenant une quarantaine d'adultes et une quinzaine d'enfants. Quand la police arrive, il n'y a pas d'affrontements, seulement des invectives des jeunes du quartier et les Roms demandent spontanément à quitter les lieux, "ce qui se passe sans incident jusqu'à 19H50" selon la police, qui juge la situation normale et repart.

Vers 22H00, le poste de commandement de la Sûreté départementale est prévenu d'un incendie. Un équipage se rend sur place et constate qu'une surface "d'environ 5 m2" sur le terrain abandonné "présente les traces d'un incendie" avec une carcasse de réfrigérateur et divers encombrants brûlés, selon la préfecture. L'origine du feu fait l'objet d'une enquête judiciaire, selon le parquet. Aucune interpellation n'a eu lieu, en l'absence de violences physiques. En fin d'après-midi, réagissant à l'évacuation, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a appelé dans un communiqué les "responsables politiques locaux et nationaux" à "n'instrumentaliser aucune situation". Selon le ministre, "il appartient à chacun, et en premier lieu aux responsables politiques locaux et nationaux, de n'instrumentaliser aucune situation".

Gaudin et les "milices"

La sénatrice socialiste Samia Ghali, maire des 15e et 16e arrondissements qui avait créé la polémique fin août en prônant un recours à l'armée dans les cités de Marseille pour lutter contre la criminalité, a précisé qu'elle avait reçu, jeudi matin, la visite d'habitantes du quartier "excédées" par la présence des Roms, qu'elles accusaient de cambriolages et de "tout salir". Interrogée à propos du geste prêté aux riverains, Mme Ghali a répondu: "Je ne le condamne pas, je ne le cautionne pas, mais je le comprends, quand les pouvoirs publics n'interviennent plus".

Le sénateur-maire (UMP) de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a estimé vendredi que les "propos insensés" de l'élue fin août avaient fait que "les gens se croient eux-mêmes autorisés à régler les problèmes". "On ne peut pas laisser se constituer des milices et laisser les gens régler les problèmes d'ordre public, même si on peut comprendre que l'exaspération est totale", a ajouté M. Gaudin. Il a précisé avoir "réussi, sans faire de bruit", à réduire le nombre de campements de Roms de 60 à 25. Le propriétaire du terrain occupé --le bailleur social de la cité-- avait porté plainte jeudi pour des dégradations. "Cette affaire fait suite à des faits récurrents d'agression ou d'opposition entre les riverains et les occupants de campements illicites depuis cet été", a souligné la préfecture.

"Un antitsiganisme partagé"

Le président de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) des Bouches-du-Rhône, Bernard Eynaud, a répondu qu'"on peut craindre le pire" de l'attitude de la population envers les Roms, réclamant "une vraie mise en oeuvre" de la circulaire interministérielle du 26 août. Celle-ci prévoit, au-delà d'un délai de flagrance de 48 heures, un dispositif de concertation destiné à accompagner les Roms dans l'attente d'une décision judiciaire sur leurs campements. "Au lendemain de la réhabilitation par un leader de l'UMP de la notion détestable de racisme anti-blanc, des habitants du nord de Marseille ont cru devoir passer aux travaux pratiques directs", a déploré la LDH. "Dans un climat de violence et de stigmatisation envers une population, climat aggravé par une politique qui ne met en œuvre que la fermeté, tout laisse à craindre que cette initiative ne restera pas à un acte isolé", s'inquiète pour sa part le Collectif Romeurope. Pour la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), "seuls la prise en compte de l'aspect social de la question et le respect de la loi permettront un apaisement des tensions".

Samedi, l'association La voix des Roms a accusé Marseille Jean-Claude Gaudin et l'élue socialiste des quartiers nord Samia Ghali de partager le même "antitsiganisme". "A l'unisson, vous dites comprendre l'exaspération de ceux qui ont chassé les Roms. Vous voilà dans un antitsiganisme partagé qui dépasse les frontières, déjà floues et parfois superflues de vos partis respectifs", écrit l'association dans une lettre ouverte adressée au cours de la nuit de vendredi à samedi à Jean-Claude Gaudin et Samia Ghali. La voix des Roms accuse les deux élus d'"utiliser la même méthode politicienne de basse échelle et populiste". "Vous ne mesurez pas la gravité de vos propos", ajoute-t-elle.

TF1 News -  29/09/12

 

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