Posté par Jacques Frère le 7 novembre 2012
Obama a donc été réélu sans trop de difficultés cette nuit (heure de Paris), mais de justesse, face à un adversaire coriace qui ne lui a rien épargné. Pourtant, son bilan est loin d’être positif. L’historien des Etats-Unis André Kaspi notait dernièrement combien était grande la désillusion d’une « obamania » qui aura fait long feu. En somme, il n’y a qu’en Europe, et plus précisément en France, que le premier président « de couleur » de l’hyperpuissance US fait encore rêver… Il est le premier chef d’État US depuis Franklin Delano Roosevelt à être réélu avec un taux de chômage aussi élevé : 7,9 % en octobre. Seul Ronald Reagan, réélu en 1984 avec 7,4 % de chômage, avait réussi une pareille prouesse. Cette profonde fragilisation de la société américaine aura potentiellement été la clé de l’échec d’un Mitt Romney qui s’est marqué bien trop à droite lors de cette campagne, comme son entourage immédiat semble l’analyser au soir de sa défaite.
Car il est évident que le bilan de Barack Obama est globalement négatif, en dépit d’un hallucinant prix Nobel de la paix en 2009, sans doute afin de prévenir les très nombreuses agressions aux conséquences déplorables sur l’ensemble du globe dont le chef de la Maison Blanche est directement responsable, hier la Libye, demain peut-être la Syrie. Il y a quatre ans, Obama promettait la paix, il nous a servi la guerre. Hier l’Afrique-du-Nord (qui concerne directement la France) était encore partiellement stable, aujourd’hui, après le Printemps arabe largement instrumentalisé par les USA, des régimes autoritaires laïcs ont été remplacés par une somalisation qui préfigure l’avènement de dictatures islamistes inquiétantes. En Tunisie et en Egypte, les salafistes disputent le pouvoir aux Frères musulmans, en Libye le chaos prédomine partout et c’est le règne des bandes jihadistes surarmées, le Sahel est totalement déstabilisé et même le Maroc craint pour son avenir face à la poussée islamiste dans les urnes.
Si Mitt Romney avait été élu, la déstabilisation mondiale aurait été mille fois supérieure à ce qu’elle est avec Obama, c’est une évidence. Rappelons-nous que l’ancien adversaire de Barack Obama à la précédente présidentielle US, le très conservateur sénateur John McCain, s’était précipité courant 2011 à Benghazi soutenir les jihadistes qui affrontaient les troupes de Muammar Kadhafi en plein guerre civile. En août 2008, quand Moscou était militairement intervenu contre les forces armées du dictateur géorgien Saakachvili qui voulait mater le petit peuple ossète, le même John McCain prônait une intervention armée contre la Fédération de Russie qui aurait immanquablement dégénérée en guerre mondiale. Romney est de la même veine : encore plus proche des milieux ultraconservateurs de la droite israélienne que ne l’est Obama, comme le relève le géopolitologue néoconservateur Daniel Pipes dans sa chronique du 4 septembre de la National Review, « les attitudes envers Israël servent de test préliminaire pour les points de vue sur d’autres questions relatives au Moyen-Orient : si je connais vos opinions sur Israël, j’ai déjà une idée de votre façon de penser sur des sujets tels que la politique énergétique, l’islamisme, les guerres en Irak et en Afghanistan, l’AKP qui dirige la Turquie, l’accumulation du nucléaire iranien, l’intervention en Libye, la présidence de Mohamed Morsi en Egypte, et la guerre civile syrienne ». Et d’ajouter : « Je prédis également que Romney, s’il est élu, sera à la tête du gouvernement le plus chaudement partisan jamais connu d’Israël, surpassant de loin les deux gouvernements de Bill Clinton ou de George W. Bush ». De fait, et son entourage n’en a pas fait mystère, Romney aurait très certainement engagé son pays et ses alliés occidentaux dans un affrontement contre l’Iran aux conséquences incalculables. Déjà, lors de sa campagne, Mitt Romney avait appelé à armer les insurgés syriens, y compris les bandes islamistes. Reste à savoir si ce genre de mesure plaiderait en faveur d’une réelle sécurisation d’Israël, les groupes jihadistes et leurs riches mécènes du golfe Persique comme le Qatar étant tous très hostiles à l’Etat hébreu…
Des perspectives géostratégiques qui ne semblent donc pas avoir convaincu l’électeur américain moyen, plus préoccupé par une situation économique mondiale inquiétante car directement responsable de son plus proche quotidien.
Sur le plan intérieur, cette réélection est sans doute due en partie au positionnement de Mitt Romney concernant le social. La réforme du système de protection sociale fut vraisemblablement la meilleure disposition du premier mandat de Barack Obama envers l’Amérique des plus humbles, des exclus du rêve que l’hyperpuissance aime à évoquer dans sa propagande. La Cour suprême a validé de justesse cette nouvelle loi en juin dernier. En permettant à chacun d’avoir une protection et des soins abordables, Obama a doté son pays d’un équivalent à notre sécurité sociale, mettant ainsi partiellement fin à un système inégalitaire et totalement injuste dans lequel près de 20 % de la population de la première puissance politique, économique, financière et militaire du monde n’avait aucune couverture sociale. Ces dispositions furent, et sont encore, combattues avec vigueur par tous ceux qui soutinrent Mitt Romney, et ses proches ne cachaient pas qu’une fois élu, la nouvelle administration ferait en sorte de revenir largement sur cette avancée sociale. C’est cela qui a sans doute fait peur à toute une partie de l’électorat, des plus modestes aux classes moyennes fragilisées par la crise. Toute politique se juge à ses résultats !
A la différence de 2008, Obama a ne pourra pas compter sur une majorité au Congrès : la Chambre des représentants, reconquise en 2010 par les républicains, reste aux mains des conservateurs. L’Amérique continuera donc à « veiller » sur le monde comme un prédateur sur sa proie. Il n’y a rien à attendre de la réélection de Barack Obama, ni pour le peuple américain fragilisé par les conséquences d’une crise globale systémique dont ses dirigeant sont grandement responsables, ni pour nous, peuple français, dont le gouvernement en place (comme son prédécesseur), vassalisé aux options géopolitiques d’outre-atlantique, restera le fidèle serviteur d’une politique qui ne sert pas nos intérêts.
NPI
Commentaires
Obama ou Romney , quelle importance !!c,est la méme piéce de monnaie , coté pile et coté face!!
pour nous européens seul compte nos intérets !
quant on voit la téte réjouie des journaleux ainsi que certains citoyens (es) Français , à désespérer!!
salutations.
Y aura-t-il à nouveau un "incident" au moment où B.H.O devra prêter serment sur la Bible ? Comme il y a quatre ans ?
Chère tania, il ne peut pas refaire deux fois le même coup! Maisl il trouvera sans doute autre chose... plus discret...
Amitiés!
que s était il passé il y a 4 ans svp , moi qui aime la Bible j aimerais étre mis au courant , merci ; gauthier michel
Il n'a pas prêté serment sur la Bible, comme il se doit. Il a commis un lapsus, oublié une phrase, ce n'était pas valide donc.