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Échec à la diversité : le nouvel archevêque de Cantorbéry est un Anglais de (vieille) souche

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Justin Welby, le nouvel archevêque de Cantorbéry. Crédit photo : DR

10/11/2012 — 14h00
CANTORBERY (NOVOpress) — « L’Église anglicane est avant tout une organisation sociale et non religieuse. Les évêques doivent donc être le genre de personnes qui s’expriment correctement et qui savent quels couverts utiliser ». Certains membres de la commission chargée de désigner le nouvel archevêque de Cantorbéry se sont-ils souvenus de ces propos cyniques de Sir Humphrey, dans la fameuse série de la BBC, Yes, prime minister ?

 

En mars 2012, sitôt que l’actuel et désastreux archevêque, Rowan Williams, eut annoncé qu’il quitterait ses fonctions à la fin de l’année, une puissante campagne avait été lancée en faveur de l’archevêque d’York, et numéro deux de la hiérarchie anglicane, John Sentamu. Sentamu, répétait à l’envi la presse supposément bien informée, « est le favori pour devenir le premier Noir archevêque de Cantorbéry ». L’Obama ecclésiastique : la comparaison était insistante et fréquente.

Sentamu, un avocat ougandais opposant au régime du maréchal-président Idi Amin Dada, s’est réfugié en Grande-Bretagne en 1974. Entré ensuite dans les ordres, il a été curé dans la banlieue de Londres, évêque de Stepney, archevêque d’York depuis 2005. Son intronisation à York Minister avait été fort colorée, avec des danseurs africains torses nus, parés de plumes rouges et blanches : le nouvel archevêque rythmait leurs mouvements en jouant du tam-tam sous la voûte gothique.

Sentamu, figure omniprésente de l’antiracisme médiatique, raconte volontiers les histoires, vraies ou inventées, du racisme dont il aurait été victime, en particulier de la part de la police. Ses ennemis dans l’Église anglicane lui reprochent à mi-voix son goût de la publicité, son ambition, son manque de diplomatie, sa légèreté intellectuelle. En avril, un de ses collaborateurs, le Révérend Arun Arora, avait dénoncé une campagne souterraine pour l’empêcher d’être promu à Cantorbéry : « C’est le racisme brutal qui remue toujours sous la surface dans notre société, et qui se découvre chaque fois qu’un homme noir est sur le point de briser les chaînes de l’histoire ».

Sentamu avait vivement critiqué le projet de mariage gay du gouvernement Cameron : selon lui, une telle redéfinition du mariage est le propre des « dictateurs ». Ces déclarations lui avaient, paraît-il, valu de recevoir « des courriels racistes ». En revanche, elles lui avaient assuré le soutien de nombreux députés de l’aile droite du parti conservateur, qui avaient publiquement appelé Cameron à nommer à Cantorbéry ce courageux défenseur des « valeurs traditionnelles ».

Aussi irrésistible qu’Obama pour les antiracistes patentés, flattant les champions des « valeurs chrétiennes», Sentamu offrait en outre à l’Église anglicane la perspective de remplir ses temples vides grâce aux nouveaux fidèles issus de l’immigration : rêve séduisant, et grande tentation, pour toutes les Églises européennes. « Nous avons perdu des Noirs qui étaient anglicans et qui rejoignent à présent des églises pentecôtistes. C’est une énorme perte », avait-il déclaré, en promettant, bien sûr, d’y porter remède par sa seule présence. Tout cela donnait l’impression d’une combinaison irrésistible.

Le nouvel archevêque de Cantorbéry sera pourtant un fils de la vieille Angleterre. Justin Welby, 56 ans, actuel évêque de Durham, a fait ses études à Eton et à Trinity College, Cambridge. Il est issu par sa mère d’une grande dynastie intellectuelle et politique du XIXème siècle, les Butler, intimement liés à l’histoire de l’Empire (tant qu’il y en eut un), du parti conservateur et de l’université de Cambridge. Son arrière-grand-père, Sir Montagu Butler, fut gouverneur des provinces centrales de l’Inde et master de Pembroke College. La génération suivante compte l’homme politique « Rab » Butler, vice-premier ministre, qui termina sa carrière comme master de Trinity College. La grand-mère du nouvel archevêque, Iris Butler Portal (selon les meilleurs usages, elle épousa l’aide de camp de son père), publia une biographie de référence du marquis Wellesley, frère aîné de Wellington, ainsi que La femme du vice-roi : lettres des Indes d’Alice, comtesse de Reading, 1921-25. Sa mère, Jane Portal, fut secrétaire particulière de Winston Churchill entre 1949 et 1955.

Il est difficile de ne pas voir là une illustration supplémentaire de l’évolution à laquelle la BBC avait consacré l’année dernière un documentaire assez intéressant, Posh and Posher. En Grande-Bretagne comme en France, la méritocratie ayant disparu en même temps que s’effondrait le niveau des écoles de l’État, la classe dirigeante se recrute dans un milieu social toujours plus restreint, le seul qui puisse assurer à ses enfants une éducation sélective, coûteuse et protégée. David Cameron, lui aussi, a fait ses études à Eton. Stephen Glover écrit dans le Daily Mail que ce sera « la première fois depuis le XVIIIème siècle qu’il y aura en même temps un Premier ministre et un archevêque de Cantorbéry anciens d’Eton ». En réalité, il faut seulement remonter à 1859, au temps de l’archevêque John Bird Sumner et du comte Derby, mais il est vrai qu’on n’avait pas vu pareille conjonction depuis l’entrée de la Grande-Bretagne dans l’âge démocratique.

Il serait bien sûr simpliste de réduire Justin Welby à son milieu d’origine – qui, dans le contexte actuel, surtout face à Sentamu, a dû plutôt peser contre sa nomination. Il a eu un parcours très peu classique : une carrière dans l’industrie pétrolière, une vocation tardive à la suite d’une crise personnelle, une expérience épiscopale très limitée – il était évêque de Durham depuis juste un an. L’Église anglicane compte sur lui pour retrouver un peu de vigueur et de souffle, après une décennie de déclin et de déchirements sous la conduite de l’intellectuel brillant et impuissant qu’était Rowan Williams.

Quel archevêque fera-t-il ? Comme à peu près tous les ecclésiastiques anglicans qui croient encore en Dieu, il appartient à l’aile évangélique de l’Église. C’est un partisan enthousiaste du sacerdoce et de l’épiscopat des femmes, et un adversaire modéré du mariage homosexuel. Tout cela était prévisible.

Ce qui est plus original, c’est sa critique des abus du système bancaire, dont il parle avec compétence, de par son expérience du monde des affaires, mais aussi dans une perspective proprement religieuse, ce qui n’est pas courant chez les évêques – anglicans comme catholiques. Dans un entretien au Guardian, Justin Welby a cité l’encylique Rerum Novarum de Léon XIII comme « la plus forte influence sur sa pensée éthique ». Et il n’a pas hésité à employer le terme traditionnel d’usure pour dénoncer les prêteurs à court terme qui sévissent en profitant de la crise.

Les attaques de Justin Welby contre les banques lui ont valu d’être épinglé par le Révérend Dr Peter Mullen, le blogueur du Daily Telegraph, comme « juste un autre bureaucrate de gauche ». On ne suivra pas le Révérend Peter sur ce point. Il nous inquiète davantage quand il relève les sympathies du nouvel archevêque pour les groupes de prière pentecôtistes, où les participants tombent par terre en recevant le Saint-Esprit. Justin Welby est décrit par d’autres comme « un partisan déterminé de styles liturgiques plus modernes ».

Le vrai succès populaire que fut le mariage du prince William et de Kate Middleton a montré que l’Église établie, par ses cérémonies et par son inépuisable répertoire choral, restait une référence identitaire essentielle pour le peuple anglais, même incroyant. Dans son beau livre, England : An Elegy, le philosophe Roger Scruton a montré que l’anglicanisme traditionnel, à la fois religion, morale et histoire nationales, était « l’enchantement de la terre anglaise ». On espère que Justin Welby en a conscience, d’autant plus qu’il pourrait bien lui revenir, compte tenu de l’âge de l’actuelle souveraine, de présider au couronnement du prochain roi d’Angleterre. La cathédrale de Cantorbéry a échappé, pour cette fois, aux danses tribales africaines : espérons que ce n’est pas pour retentir de battements des mains et de hurlements charismatiques.

Flavien Blanchon pour Novopress France

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Commentaires

  • Ni l'un, ni l 'autre, tous les deux c'est du n'importe quoi , pantins des mondialistes.

  • Cette nomination est un épiphénomène qui n'aura sans doute aucune suite. Il n'y a plus rien à attendre de ces Eglises profondément pénétrées par les idées maçonniques, et qui participent à la décadence générale. J'ai lu que 10% des curés en France étaient déjà africains...et ce n'est qu'un début ! Que viennent-ils faire dans nos vieilles églises romanes et nos cathédrales gothiques ? C'est parfaitement incongru. Quelle erreur avons nous faite de vouloir les évangéliser ! A chaque peuple ou race son système religieux !
    "Toute vraie religion ne peut naître que de l'enracinement". C'est de Jean Mabire, et ce sera de plus en plus vrai !

  • mais il est bien tard , docteur ! car les mondialistes avancent leurs pions de plus en plus loin et dans toutes les sphéres!!
    salutations.

  • Tres bon commentaire Dirk!

  • Les mondialistes peuvent avancer où ils veulent, répandre crétinisme, terreur et abjection, ils seront toujours vaincus par la loi de la vie qui pour subsister et s'élever exige qu'il y ait des différences , des degrés , et donc des groupes d'hommes qui se rassemblent entre eux par affinités , des frontières, des luttes , des religions différentes, des cultures différentes.
    Il n'aura pas de Jérusalem , capitale du monde , pauvres tarés.

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