Prix Nobel de médecine en 1912, le Dr Carrel ne fut pas seulement un biologiste inventif et un virtuose de la chirurgie, c’était un esprit d’une hauteur exceptionnelle. Loin de s’enfermer dans sa discipline, il s’intéressait à tout ce qui se rapporte aux mystères de la vie humaine envisagée sous ses aspects physiologiques, intellectuels et moraux afin d’améliorer la société moderne.
C’était un esprit très ouvert et jamais dogmatique, qui s’exprimait avec une grande clarté. On trouve chez lui une foule d’observations précieuses pour se reconstruire ou éduquer les enfants. Celle-ci, par exemple sur les bienfaits de l’adaptation à des conditions de vie contrastées : « L’homme atteint son plus haut développement quand il est exposé aux intempéries, quand il est privé de sommeil et qu’il dort longuement, quand sa nourriture est tantôt abondante, tantôt rare, quand il conquiert par un effort son abri et ses aliments. Il faut aussi qu’il exerce ses muscles, qu’il se fatigue et qu’il se repose, qu’il combatte, qu’il souffre, que parfois il soit heureux, qu’il aime et qu’il haïsse, que sa volonté alternativement se tende et se relâche, qu’il lutte contre ses semblables et contre lui-même. Il est fait pour ce mode d’existence, comme l’estomac pour digérer les aliments. C’est dans les conditions où les processus adaptatifs s’exercent de façon intense qu’il devient le plus viril. On sait combien sont solides physiquement et moralement ceux qui, dès l’enfance, ont été soumis à une discipline intelligente, qui ont enduré quelques privations et se sont accommodés à des conditions adverses » (p. 282).
Le Dr Carrel était un homme de son temps, un homme des années 1930, hanté, entre autres par les effets de la Première Guerre mondiale et de la grande crise économique consécutive au krach de 1929. Il avait une perception forte d’une dégénérescence des peuples blancs qui avaient été, depuis quatre siècles, les bâtisseurs d’un nouveau type de société associé au progrès des sciences et des techniques. C’était un volontariste, comme on l’était en son temps (avant les désastres de la Seconde Guerre mondiale). Il croyait fermement à la possibilité d’endiguer la déchéance qu’il voyait poindre. Pour cela, il pensait nécessaire de mettre ses conclusions à la disposition des réformateurs politiques en vue de décisions salvatrices. Cette ambition élevée était aux antipodes de l’individualisme forcené, des promesses de jouissance liée à la consommation de biens inutiles et du verbiage compassionnel qui dominent notre époque. Mais ces dérives décadentes actuelles n’auront qu’un temps, alors que les enseignements de Carrel ont une valeur éternelle.
La foi qui l’habitait lors de la publication de L’Homme cet inconnu (plusieurs millions d’exemplaires vendus dans le monde entier) est résumé à la fin du livre en une page toujours actuelle. Après avoir rappelé le rôle des ordres monastiques et des ordres de chevalerie durant les périodes sombres du haut Moyen Âge, il enchaîne (p. 348) : « Il n’y aurait pas besoin d’un groupe dissident très nombreux pour changer profondément la société moderne. C’est une donnée ancienne de l’observation que la discipline donne aux hommes une grande force. Une minorité ascétique et mystique acquerrait rapidement un pouvoir irrésistible sur la majorité jouisseuse et aveulie. Elle serait capable, par la persuasion ou peut-être par la force, de lui imposer d’autres formes de vie. Aucun des dogmes de la société moderne n’est inébranlable. Ni les usines gigantesques, ni les offices buildings qui montent jusqu’au ciel, ni les grandes villes meurtrières, ni la morale industrielle, ni la mystique de la production ne sont nécessaires à notre progrès. D’autres modes d’existence et de civilisation sont possibles. La culture sans le confort, la beauté sans le luxe, la machine sans la servitude de l’usine, la science sans le culte de la matière permettraient aux hommes de se développer indéfiniment, en gardant leur intelligence, leur sens moral et leur virilité... » Virilité pour les hommes et aptitudes à l’amour, à l’énergie, au dévouement et à l’éducation des enfants chez les femmes, parmi bien d’autres qualités.
Dominique Venner
(1) Dr Alexis Carrel, L’Homme cet inconnu, Plon. D’occasion sur différents sites en ligne.[Note de Novopress : l'édition de 1999 est également disponible neuve.]
Source : le site internet de Dominique Venner.
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Commentaires
L'homme cet inconnu" ne lui etait pas inconnu..
Quelle bonne philosophie!
Carrel, l'un des cerveaux les plus brillants du siècle dernier est resté un inconnu pour la masse des Français. Il était ami de Lindbergh, prônait l'euthanasie et "la biocratie plutôt que la démocratie", joua un rôle important - et d'avant-garde - sous l'Occupation avec sa Fondation pour l'étude des problèmes humains ..autant de choses insupportables pour les esprits égalitaristes qui font la pluie et le beau temps dans les Ministères et les salles de rédaction. Dominique VENNER a sélectionné des passages de choix de son ouvrage principal, que j'ai découvert via le GRECE à la fin des années 70. L'avenir passera peut-être bien par un retour de l'esprit de la Chevalerie ! En tout cas, par une restauration des valeurs de virilité pour les hommes et de féminité pour les femmes !
Nous n'en prenons pas le chemin !!!
C'était un homme extraordinaire, un grand savant, un esprit d'une rare intelligence de tout.
Il faut lire aussi le voyage à Lourdes où il rapporte fidèlement un miracle auquel il a assisté et qui l'a bouleversé.
Dire que haineusement on a débaptisé les rues qui portaient son nom!
Prix Nobel de médecine en 1912!
Aï aï aï... si la virilité est fonction de la taille des testicules... alors je me pose de sérieuses questions sur l'état de la mienne quand je revois la taille de ceux du coq que mon gendre m'a offert à Noël.
Quelle paire mes aïeux! quelle paire!!
Ça m'a surpris.
@Dirk
Il est nécessaire de rappeler qu'il était prix Nobel de médecine, qu'il inventa l'eau de dakin avec un Anglais, qu'il perfectionna la chirurgie en allant tout bêtement prendre des leçons de couture chez une...couturière, qu'il conserva un organe ( un coeur je crois) d'un animal durant pas mal de temps.
Mais le plus important, c'est sa conversion à Lourdes face à la guérison d'une jeune fille atteinte de péritonite tuberculeuse.
Elle lui a demandé de l'accompagner, il avoue ne pas en avoir envie car dit-il à un confrère : "Elle va crever en route", il ira cependant. Pourtant, alors que son ventre est très gonflé par la maladie, plein de parties dures, soudain , pendant la bénédiction du Saint-Sacrement, Carrel remarque qu'il se déprime et devient normal.
Ramenée à l'infirmerie, il ausculte la jeune fille très maigre qui lui dit :" Je crois que je suis guérie ", il n' y a plus de traces de la maladie.
Il cachera le nom de la jeune personne (secret médical) sous le nom de Marie Ferrand, lui, il signera Lerrac ( verlan avant l'heure). Elle se nomme en réalité Marie Baillie. Elle est devenue religieuse ( si mes souvenirs sont bons).
@ turigol: il a vu, en médecin, le miracle se produire sous ses yeux. On ne peut pas invoquer ici des troubles nerveux ou psychosomatiques pour expliquer cette guérison quasi soudaine. Cette jeune femme était à l'agonie.
Le récit de Carrel, que j'ai lu, est absolument bouleversant.
La liqueur de Dakin, toujiours utilisée de nos jours, a sauvé des des centaines de milliers de blessés de la gangrène pendant la Grande guerre.
Carrel et Dakin ( qui était juif) ont mis au point ce puissant désinfectant des plaies béantes, ainsi que la posologie et les méthodes d'application, à suivre strictement pour obtenir une cicatrisation progressive des plaies, sans brûler les chairs, la liqueur de dakin étant à base d'eau de Javel.