Copie d’écran ci-dessus : l’annonce par Radio Vatican.
11/02/2013 – 15h40
ROME (NOVOPress) – Coïncidence symbolique ? C’est au cours du consistoire pour la canonisation d’Antonio Primaldo et ses compagnons martyrs (les 800 martyrs d’Otrante), massacrés par les Turcs le 14 août 1480 pour avoir refusé de se convertir à l’Islam, que le pape Benoît XVI, en fin de matinée, a annoncé qu’il quitterait le trône pontifical le 28 février. Il avait été élu au Souverain Pontificat le 19 avril 2005.
Le Saint-Père, qui s’exprimait en latin, a déclaré aux cardinaux : « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. Je suis bien conscient que ce ministère, de par son essence spirituelle, doit être accompli non seulement par les œuvres et par la parole, mais aussi, et pas moins, par la souffrance et par la prière. Cependant, dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié. »
Au cours d’une conférence de presse, le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, a apporté plusieurs précisions. Il a notamment indiqué que Benoît XVI ne participerait pas au conclave qui serait réuni pour élire son successeur, au mois de mars, mais qu’il se retirerait dans la résidence d’été des papes, à Castel Gandolfo. Il s’installera ensuite dans l’enceinte du Vatican, dans l’ancien couvent des religieuses, pour y finir ses jours dans la prière et la méditation.
À cette décision qui a fait l’effet d’un coup de tonnerre, il n’y a qu’un véritable précédent, celui de saint Célestin V, qui renonça à la tiare en décembre 1294, après quelques mois de pontificat. Les exemples antérieurs sont obscurs et celui, plus récent, de Grégoire XII, en 1415, se situe dans le contexte très particulier du Grand Schisme d’Occident : on notera en outre que le nouveau pape, Martin V, ne fut élu qu’après la mort de Grégoire, en 1417.
La validité de l’abdication de Célestin V ayant été mise en doute, les théologiens de la fin du XIIIe siècle et du début du XIVe siècle, en particulier Pierre de Jean Olivi et Gilles de Rome, publièrent les premiers traités de renuntiatione Papae (sur la renonciation du Pape), qui posèrent les principes encore admis aujourd’hui. Le pape, écrit Augustinus Triumphus (Augustin d’Ancône), dans sa Summa de potestate Ecclesiae, « n’a pas de supérieur parmi les hommes. C’est pourquoi, de même qu’en donnant son consentement à l’élection qui a été faite de lui, il la confirme, puisqu’il a immédiatement toute la juridiction papale, de même, le fait de renoncer à sa juridiction revient à la déposer. […] De même que le pape se confirme lui-même en consentant à son élection, de même il se dépose lui-même en renonçant à sa juridiction. »
Les journalistes qui se hâtent d’annoncer dans la décision de Benoît XVI une « ouverture à plus de démocratie » dans l’Église, une « modernisation » ou un « redimensionnement » de la figure du pape, affichent donc, une fois de plus, leur crasse inculture théologique.
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