A l’initiative de la ministre de la Justice, magistrats et experts ont travaillé pendant trois mois pour tenter de prévenir la récidive. Le résultat de cette « conférence de consensus » a été remis hier soir au Premier ministre sous la forme d’une série de recommandations. Christiane Taubira nous présente en exclusivité les grandes pistes de travail issues de cette concertation.
En quoi cette conférence diffère- t-elle des précédentes approches sur la récidive?
CHRISTIANE TAUBIRA. C’est une démarche inédite dans le monde de la justice. La récidive est un sujet difficile sur lequel il était nécessaire de s’entendre sur les évaluations, les expériences existantes. Avec pour objectif de ne pas seulement lutter contre celle-ci, mais aussi de la prévenir. Je prétends qu’il est possible, sur un objectif aussi ambitieux, de réunir des personnalités publiques et politiques de sensibilités différentes qui travaillent en toute indépendance. Nous l’avons fait. C’était un pari risqué, mais indispensable pour mieux protéger les Français : une personne qui récidive, c’est une nouvelle victime.
Quelles recommandations sont les plus significatives?
La création d’une peine de probation. Elle permettrait au juge de prononcer un certain nombre de contraintes lourdes en lieu et place d’une peine d’incarcération. La personne condamnée pourrait par exemple avoir pour obligation d’indemniser la victime pour qu’elle prenne conscience de la gravité de son acte et de la nécessité de réparer le préjudice. Le juge pourrait également exiger une formation, la recherche d’un emploi, ou limiter la liberté d’aller et venir. Ces contraintes peuvent déjà être prononcées, mais elles constituent une alternative à l’incarcération, et en cas de manquement, la personne condamnée risque l’emprisonnement. Si une telle proposition était retenue, il s’agirait d’une peine en soi.
La prison n’a donc aucun effet dissuasif selon vous?
La prison est nécessaire, mais elle ne peut pas être la seule peine de référence, justement parce qu’elle est créatrice de récidive. La grande ruse a consisté à faire croire qu’une fois en prison, la société était débarrassée pour toujours d’un délinquant ou d’un criminel. C’est oublier qu’un jour ou l’autre, il sortira. Je travaille sur le long terme, pour que la réinsertion devienne une priorité, car elle seule permet de prévenir la récidive.
Une des préconisations est la fin des peines de prison automatiques pour les récidivistes, les peines planchers…
Ce dispositif concerne principalement les atteintes aux biens et frappe généralement des personnes marginalisées. Les peines prononcées sont souvent courtes, empêchant un véritable travail de réinsertion. C’est un cocktail idéal pour créer de la récidive. Par ailleurs, les juges n’ont pas besoin d’un tel dispositif pour prononcer un emprisonnement si nécessaire. Je préfère que l’on se concentre sur le fait que la peine, quelle qu’elle soit, soit exécutée dans des délais rapides pour être la plus efficace possible.
Le rapport recommande également la fin des sorties de prison sans accompagnement…
Il faut en finir avec ces sorties « sèches ». Les délinquants incarcérés sont totalement désocialisés à leur libération. La plupart du temps, ils n’ont pas de logement, pas d’emploi et ne savent pas comment effectuer les démarches pour se réinsérer. Le jury propose qu’un aménagement de peine soit prononcé d’office peu avant la fin de l’incarcération, sauf cas exceptionnels. Cet accompagnement, qui s’appliquera pour tous les délinquants emprisonnés, est très utile pour réinsérer le détenu. Ce n’est pas pour autant une dispense de peine : s’il ne respecte pas les obligations de cette libération conditionnelle, il pourra de nouveau être incarcéré.
Certaines infractions pourraient-elles ne plus être punies de prison?
Les gouvernements précédents ont rendu passibles de prison certains délits qui relevaient de la contravention. C’est le cas de certains délits routiers : ils représentent 42% des jugements prononcés par nos tribunaux correctionnels ! Il ne s’agit pas de dépénaliser tous ces délits, mais certains pourraient faire l’objet d’un traitement différent, comme la médiation. Une réflexion doit être menée, en tenant compte de la gravité des faits.
Et le suivi des délinquants sexuels ?
Les cas difficiles sont rares, même s’ils sont insupportables. Ces personnes sont souvent malades. Je préfère que l’on améliore l’efficacité de mesures déjà existantes, comme le suivi sociojudiciaire ou la surveillance de sûreté — qui comprennent des obligations de soins —, à la prison à vie que constitue la rétention de sûreté.
Fixerez-vous des objectifs en termes de baisse de la récidive?
Le courage politique nous le dicte. Je veux pouvoir mesurer les résultats de ce que nous déciderons de mettre en place. J’utiliserai les recommandations du jury de consensus comme base d’une large concertation avec les syndicats, institutions et personnalités publiques concernés par cette question, dont découlera un projet de loi que j’espère présenter avant la fin du semestre.
Que répondez-vous aux critiques de l’UMP qui évoque une « culture de l’excuse » et une « impunité institutionnalisée » ?
Je note que de nombreuses personnalités UMP, dont des maires et des sénateurs, ont participé à cette conférence de consensus. Je m’en félicite. Certains de ceux qui critiquent sont un peu dans le radotage. Ces slogans ne sont plus de mise. Mais je ferai avec : le débat et la controverse ne me dérangent pas.
Le Parisien - 22/02/13
Commentaires
Quelle exemplarité ces socialistes vertueux ....
TAUBIRA EPINGLÉE !!!!!!
Alors qu'elle était députée (de 1998 à 2011), Mme TAUBIRA a occupé pendant 13 ans un appartement HLM de l'Opac de Paris (de 80 m2 ) situé près de la Gare de Lyon (Paris 12ème) pour un loyer de 986 EUR/mois cc, alors que ces revenus annuels dépassaient les 300.000 EUR !!!!!
C'est pas beau ça !? Tout est dit !!! Voilà ce qu'est le « SOCIALISME » des pauvres qui se gavent et qui font la leçon d'exemplarité aux autres !!!!!! Mais tout fini par se savoir !!! Le passé remonte tôt ou tard !!!!
Interrogé le 11/12/2012 par le journal LE POINT, Mme Taubira a refusé de s'exprimer sur le sujet ! Ben voyons ....
On en attendait pas tant de cette brillante personne toujours en verve, élevée au rang de Ministre de la Justice par Hollandissime ..
Tout ceci vous semble-t-il juste ? Elle va nous faire le coup de la relaxe compassionnelle ....!
(pour infos)
Taubira a raison : il ne faut pas les garder en prison, si l’on veut qu’ils récidivent !
D’ailleurs les statistiques sont formelles : 100% des récidivistes sont sortis de prison !
Pour avoir des récidivistes à réinsérer, il faut évidemment vite faire sortir de prisons les délinquants - ou ne pas les y mettre du tout!
Elle ne va pas réinsérer des pédophiles dans des centres de vacancs ou des "maternelles" ? Mais alors il y a discrimation, etc...
les récidivistes des victimes !! et les victimes des récidivistes
surement des coupables !! plus de limite dans l,absurde!!
ceux qui critiquent ses prises de position sont des radoteurs pour le moment ensuite ils auront surement le statut de Fachos!!
quant à son logement , évidemment le bon peuple ne doit rien dire , sinon il fera parti des radoteurs!!
salutations.