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Une claque à l'italienne, par Bruno Gollnish

 

italie bisMalgré la chute de Mario Monti, ancien de Goldman Sachs et ex président du Conseil européen, il est permis de faire la fine bouche devant le résultat des élections italiennes, un bras d’honneur certes, de nos voisins transalpins à la politique d’austérité imposée et voulue par Bruxelles. C’est la coalition de centre-gauche de Pier Luigi Bersani qui est arrivée en tête à l’Assemblée obtenant ainsi une majorité automatique, devant celle dite de centre-droit du revenant Silvio Berlusconi, dans laquelle il y a vraiment à boire et à manger. Surprise de ce scrutin, (l’ampleur de) la percée du Movimento 5 Stelle de l’ex comique Beppe Grillo, surnommé encore chez nous le « Coluche italien », populiste europhobe décomplexé et anti Système qui a obtenu 25% des suffrages ! Un « assemblage » là aussi de bric et de broc dont il est permis de douter de l’efficacité et de la solidité… Dans un système transalpin où il faut également obtenir la majorité au Sénat pour gouverner (les sénateurs sont élus à la proportionnelle) les choses se compliquent car aucune des forces en présence ne représentent la majorité et les alliances à trouver ne sont pas évidentes. Les observateurs ne croient pas en effet en la seule à peu près imaginable, entre le centre gauche de Bersani (environ 30%) et le centre droit de Silvio Berlusconi (environ 30%)…

La claque infligée à Mario Monti et cette situation de blocage ont entraîné les commentaires catastrophistes habituels de nos faiseurs d’opinion et une chute des marchés boursiers. Les spécialistes expliquent que Rome ne pourra plus solliciter le secours de la Banque Centrale Européenne (BCE) et que c’est par conséquent l’avenir de la zone Euro qui, une nouvelle fois, les Français et les Européens ont désormais l’habitude de ce genre d’annonce, va se jouer dans les prochaines semaines.

Au sein du gouvernement socialiste, deux réactions traduisent assez bien la duplicité d’une gauche qui a fait le choix de la loi du marché euromondialiste plutôt que celui du peuple et de la défense des intérêts nationaux. Pierre Moscovici, le ministre des Finances, aux penchants (économiques) strauss-kahniens a ainsi déclaré hier que les résultats des urnes en Italie « créent des difficultés » mais, et c’est bien le principal n’est-ce pas, ne « remettent pas en cause les avancées de la zone euro » (sic).

De son côté, l’«internationaliste » Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, s’est quasiment félicité du verdict de cette élection : « les Italiens ont dit qu’ils n’étaient pas d’accord avec la politique imposée par les marchés. Les peuples ne sont pas prêts à passer sous la table », a-t-il insisté. Il fallait oser le dire de la part d’un homme qui passe sous la table depuis qu’il est dans le gouvernement Ayrault. Fort de sa réputation d’adversaire de l’ultra libéralisme européiste, M. Montebourg ne sert qu’à cautionner par sa seule présence la soumission de ce gouvernement de gauche à l’idéologie bruxelloise.

Bien sûr l’enseignement majeur de ce scrutin est l’ampleur du revers infligé à cette figure de l’euromondialisme qu’est Mario Monti, qui a obtenu lundi environ 10% des suffrages. Il fut nommé en novembre 2011, par le président de la République italienne, Giorgio Napolitano, au poste de président du Conseil des ministres, sur les avis pressants de la Commission européenne, d’Angela Merkel , de la BCE, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Commission européenne.

M. Monti, malgré l’opposition de la Ligue du Nord, avait obtenu un vaste blanc-seing du Parlement italien. Il avait immédiatement formé un gouvernement technocratique et mis en œuvre les mauvaises potions des eurolâtres. Comme François Hollande, M Monti avait donc été missionné pour mener, comme l’a noté Nicolas Dupont-Aignan, « une politique d’austérité, de déflation et de chômage de masse », tandis qu’il réalisait 80 milliards d’euros de coupes dans le budget de l’Etat, et allongeait l’âge du départ à la retraite à 70 ans.

Ce traitement de choc a eu comme effet d’entraîner la récession en 2012 et en 2013 (-2,3% du PIB prévus)…sans produire de résultats positifs; il s’est révélé bien évidemment incapable de faire revenir la croissance et l’emploi, et la dette de l’Italie avoisine toujours les 2000 milliards d’euros…

Au delà même de ce bilan calamiteux, et pour ne rien arranger de son point de vue, la campagne électorale de Mario Monti, sa première à l’’âge de 69 ans, fut à son image très terne, sans éclat, malgré le renfort, qui en dit long sur les intérêts en jeu, d’un conseiller spécial de Barack Obama, le célèbre faiseur de rois, David Axelrod. Cela ne fonctionne pas à tous les coups… L’alliance de M. Monti avec deux ex alliés de Berlusconi, Pier Ferdinando Casini (UDC) et le parti FLI (Futuro e Libertà) de Gianfranco Fini -celui là même que des bonnes âmes citent en exemple d’une évolution politique que devrait suivre le Front National !- n’a pas non plus séduit les foules.

Bruno Gollnisch se félicite de ce sursaut, même brouillon et politiquement confus, du peuple italien tel qu’il s’est manifesté lors de ces élections. Dans l’hémicycle du Parlement européen il y a quelques mois, le député FN et président de l’AEMN , s’adressant à M. Monti, avait dénoncé le plan de rigueur de ce dernier, «apte à satisfaire toutes les exigences de (son) compatriote et ancien collègue de Goldman Sachs, M. Draghi, aujourd’hui président de la Banque centrale européenne; un plan de libéralisation, une réforme en profondeur du marché du travail, rebaptisé plan de croissance et qui, pour le moment, est surtout un plan de régression sociale.»

Il notait aussi que la seule légitimité de Mario Monti tenait à son« (adoubement) par ces cercles un peu occultes et mondialistes que sont la commission trilatérale, le groupe de Bilderberg. C’est un peu juste comme légitimité démocratique, même si vous bénéficiez d’une majorité parlementaire.» Une opinion partagée à l’évidence par le peuple italien et une majorité croissante des électeurs français et des pays de l’UE.

 

 

Commentaires

  • Une heureuse nouvelle parmi bien d'autres .
    Le candidat officiel du Vatican et de Wall Street figure bon dernier .
    Il est vrai que le Vatican et Wall Street soutiennent également le communiste - reconverti en démocrate avancé - qui figure en tête du classement . Sage précaution : il faut toujours avoir deux fers au feu . Staline et Pie XII , même combat . Qui en a jamais douté ?.
    La bonne nouvelle , c'est que le peuple manifeste , enfin , de l'humeur . Des trublions apparaissent .
    Vous allez assister au renforcement de la démocratie avec la déchéance du peuple souverain .
    Un éternel mineur qui dérange un jeu où tout se passe bien ! Cela ne saurait durer ...

  • de toute maniére les populaces resteront les seuls cocues et perdantes des élections!!!!
    salutations.

  • @albert
    Le nouveau livre de Philippe Chenaux apporte des éléments intéressants sur la position de Pie XII face au communisme.

    Philippe Chenaux est un historien éminent et reconnu de l’Eglise catholique en général, et du pontificat de Pie XII en particulier, pape auquel il consacra une biographie de référence (Pie XII, diplomate et pasteur, Cerf, 2003).

    Son nouveau livre, L’Eglise catholique et le communisme en Europe (1917-1989), écrit à partir de sources solides et variées, tant archivistiques que littéraires, éclaire les relations compliquées que l’Eglise entretint avec ce phénomène mondial et puissant que fut le communisme. Et bien évidemment Pie XII y joue un rôle central, de la nonciature de Munich jusqu’au trône de Saint-Pierre.

    Les détracteurs de Pie XII lui reprochent un anticommunisme viscéral, qui l’aurait aveuglé sur la réalité de la menace du national-socialisme et de l’Allemagne hitlérienne. Cette thèse, portée depuis les années 1960 par Saül Friedlander, est fortement remise en cause par le livre de Philippe Chenaux qui apporte une masse d’informations sur la position du pape Pacelli face au communisme.

    L’anticommunisme, profond, réfléchi, intransigeant de Mgr Pacelli est absolument incontestable. Le rejet que lui inspire cette idéologique est sans appel. Depuis l’affaire de la violation de la nonciature de Munich par des bandes bolcheviques jusqu’au décret du Saint-Office de 1949 qui interdit toute collaboration avec les communistes sous peine d’excommunication, une véritable constante anime Pie XII. Pourtant, la répulsion que lui inspire le communisme cohabite avec les exigences de la diplomatie vaticane dont il est un des meilleurs éléments. En effet, elle ne l’a pas empêché, dans les années 1920, de négocier en vain avec le pouvoir bolchevique un concordat (p.43-50). Notons au passage que ces discussions, comme la perspective d’un concordat unissant le Vatican à l’URSS, ne provoquent aucune polémique et que personne ne les reproche ni à Pie XI ni au nonce Pacelli.
    Depuis Vatican 2 il y a eu l'accord de Metz, hélas.

  • Merci à Bruno Gollnish de nous éclairer sur les résultats électoraux en Italie. Attendons de voir ce qui va se passer : ce sera intéressant !

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