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L'humeur de Jacques Aboucaya

 "RINGARD"

 

L'élection du Pape a fourni aux media l'occasion de se surpasser. Dans la vulgarité satisfaite. L'ignorance crasse. La démagogie. Certes, un présentateur ne saurait être omniscient. L'école de journalisme n'est pas une faculté de théologie, ni de droit canon. Pas davantage ne saurait-on exiger d'un  agnostique qu'il ait des lueurs sur la liturgie et sur son sens. J'en conviens. Du moins est-on en droit d'attendre qu'à une ignorance légitime ne se substitue une suffisance sarcastique.

 

C'est pourtant ce à quoi les auditeurs et téléspectateurs ont eu droit ces jours derniers. Dès le début du conclave, tel animateur de débats (ah, les débats ! Furieusement tendance ! "Téléphonez, donnez-nous votre avis , surtout si vous ne connaissez rien à la chose"), tel animateur, donc, se demandait sur une radio s'il n'était pas "ringard", à notre époque, d'enfermer les cardinaux pour les faire voter à huis clos. Si, à l'époque des tweets et des SMS, il était séant de scruter la couleur d'une fumée. Affligeant.

 

"Ringard"... Eût-il dit "désuet", peut-être lui aurait-on pardonné - à condition de témoigner d'une mansuétude à toute épreuve. Mais enfin, "ringard" ! Comme si le critère de la nouveauté valait en la matière. Comme s'il n'eût pas été plus intelligent, et plus utile, de renseigner l'auditeur sur la symbolique d'un rite plus que millénaire, sur l'importance spirituelle de ce qui se jouait entre les murs de la Sixtine.

 

Encore ne suis-je pas sûr que ledit journaliste, s'il avait dû écrire son papier, n'aurait pas orthographié la chapelle "Sixteen", à l'évidence moins ringard. Parenthèse : c'est le même qui, tous les matins, dans une émission où s'entrecroisent, sur tous les sujets, les avis péremptoires, parle du "pays d'Hollande", ignorant superbement que le français dispose d'un H aspiré, et que si on dit l'herbe, on ne doit pas dire l'hache ou l'hampe, mais bien la hache ou la hampe.

 

Revenons à notre conclave. A la télévision, cette fois, une péronnelle nous assure, et à plusieurs reprises, que nous sommes en attente de la fameuse formule "habemuM Papam". Ce n'est pas un lapsus occasionnel. Elle y met toute sa conviction. On ne lui reprochera pas de ne pas pratiquer couramment la langue de Virgile. Tout de même... Est-il si compliqué de lire sur un prompteur "habemus Papam" ? Où donc se cache la conscience professionnelle dont on  nous rebat les oreilles ?

 

Les "spécialistes" n'ont pas été en reste. On leur doit des sommets de verbiage. Supputations énoncées comme des vérités intangibles démenties par les faits dans l'heure qui suivait, ragots d'arrière-boutique. Plus abject, sitôt l'élection de François, les insinuations sur ses prétendues compromissions avec la junte de Videla. On nous a déjà fait le coup avec Pie XII. Avec Jean-Paul II. Avec Benoît XVI. Sans doute ce qu'on appelle le comique de répétition - sauf que l'indécence finit par ne plus faire rire.

J.A.

Commentaires

  • Merci à Aboucaya pour son magnifique billet d’humeur !
    Si ce n’était pas une impudence de ma part, et bien que je me sente incapable d’écrire un tel texte, j’aimerais ajouter que je le signe des deux mains.

  • ILS n'ont meme pas ete fichu de trouver une interprete convenable!
    Celle ci etait hesitante et heurtee, tres desagreable a ecouter!

  • Cher abad, il n'y aurait aucune impudence de votre part!

    Moi aussi, son article m'enchante!

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