Monsieur Le Président, ce samedi 12 avril la loi sur l’adoption et le mariage homosexuels est passée à une majorité de deux voix en raison de la complicité d’un certain nombre de sénateurs de vos rangs.
Evidemment pour dissimuler cette déloyauté, votre groupe au Sénat s’est bien gardé de demander un vote par scrutin électronique, néanmoins la publication des intentions de vote révèle que plusieurs d’entre eux se sont lâchement abstenus ou ont clairement voté « pour ».
Bien que votre mouvement nous ait habitués aux paradoxes et aux grands écarts entre le faire et le dire, permettez-moi de m’offusquer particulièrement de cette situation. Voilà plusieurs semaines que votre parti s’empare à bras le corps de l’opposition sur le mariage et l’adoption homosexuels : grandes déclarations, tête de cortège et discours enflammés lors de la « manif pour tous », obstruction législative à l’assemblée. Bref, ce débat semblait, à juste titre, vous tenir à cœur et faire l’objet d’une attention particulière de votre part. De ce fait, quelle attitude comptez-vous adopter à l’égard de vos élus ?
En effet, ce projet de loi ,des mots mêmes de la garde des sceaux, engendre un véritable bouleversement de civilisation en déconnectant la filiation des lois naturelles de la biologie, en privant sciemment un orphelin des référents père et mère, en faisant de l’amour le seul critère du mariage, ouvrant la voie, demain, à la reconnaissance d’autres formes d’unions voulues par d’autres minorités. Les droits de l’enfant sont ainsi bafoués pour répondre au désir égoïste de parenté d’adultes qui eux, ont eu la chance de n’être privés ni d’un père ni d’une mère.
Dans cette société de l’individualisme, de la jouissance immédiate, du droit à tout va sans contrepartie du devoir, il est important de rappeler que l’homme ne peut s’émanciper de tous les cadres et en particulier de celui de la loi naturelle sans risquer toutes les dérives qui font que la nation passe de la civilisation à la décadence.
Tout en plaidant pour la liberté de chacun de vivre sa sexualité comme il l’entend et pour la tolérance de la société qu’implique l’exercice de cette liberté, je me dresse avec mon mouvement contre l’adoption de cette loi et soutient l’engagement de Marine Le Pen d’abroger cette loi une fois au pouvoir.
M. Le Président, si votre positionnement est sincère et ne relève pas uniquement d’une manœuvre électoraliste, si ces dernières semaines ne traduisent pas seulement la tentative désespérée de ranimer un clivage UMP/PS dépassé, si les droits de l’enfant et l’institution du mariage vous tiennent à cœur alors vous demanderez logiquement la démission des sénateurs concernés ou du moins, leur retirerez votre soutien aux prochaines élections. En ces temps de trouble et d’amoralité généralisée, j’ose espérer que vous ferez preuve de cohérence éthique.
Marion Maréchal-le Pen, Député de Vaucluse