Directeur de la rédaction du Figaro magazine, Guillaume Roquette dans son éditorial sur France Inter ce matin, pointait l’échec retentissant, quasi historique, de la mobilisation syndicale de ce 1er mai, placée notamment sous le signe de la lutte contre le Mouvement national par le nouveau patron de la CGT. 100 000 manifestants répartis dans 328 cortèges dans toute la France, soit moins de 300 manifestants par défilé (« une salle de cinéma »). Une mobilisation trois fois plus faible que le chiffre officiel de la participation à la moins étoffée des manifestations nationales contre le « mariage pour tous »… M. Roquette notait encore que les vrais « dirigeants syndicaux » étaient maintenant Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, tous deux contempteurs de la « mondialisation ».
Mais avec beaucoup plus de cohérence, affirme-t-il, pour la présidente du FN, puisque le Mouvement national dénonce, contrairement au Front de Gauche, deux des manifestations contemporaines les plus problématiques de cette mondialisation en France, à savoir « l’immigration et l’euro ».
Précisons cependant à Guillaume Roquette comme à ses confrères, adeptes trop souvent du raccourci facile, que le FN n’est pas un adversaire de la mondialisation, phénomène aussi vieux que celui des premiers commerçants phéniciens, ce qui serait un non sens, aussi stupide que de s’opposer au fait qu’il fasse jour à midi.
Non, le FN est entré en résistance contre le mondialisme, ce qui n’est pas la même chose, contre cette idéologie qui refuse de minorer et de combattre les effets pervers de ladite mondialisation, au nom de la volonté de faire table rase des Etats nations, des frontières, des protections nationales, des peuples enracinés.
S’arrêtant sur le discours frontiste de ces derniers mois et l’allocution de Marine, un article publié hier sur le site du quotidien Les Echos, indique que « La tonalité dominante du FN a bougé ». « Elle était identitaire et centrée sur l’immigration. Elle est désormais sociale et souverainiste. Elle s’adresse aux petits et rassure par la nation. »
C’est là de notre point de vue une analyse partiale, tronquée puisque la préoccupation identitaire n’est pas antinomique, bien au contraire avec les préoccupations souverainiste et sociale. La cohérence du FN, pointée plus haut par Guillaume Roquette commande en effet de « penser globalement national » dans l’établissement du diagnostic pour guérir la France des maux qui l’assaillent.
Si le spécialiste es « extrême droite », Jean-Yves Camus a repris une formule popularisée en son temps par le candidat Jean-Marie Le Pen se l’appliquant à lui-même, en affirmant que la présidente du FN avait tenu hier « un discours de troisième voie », le politologue Sylvain Crépon, interrogé hier sur RFI, notait ainsi que la problématique de l’immigration restait bien une thématique centrale du FN.
Il est à cet égard révélateur, et Les Echos comme d’autres médias l’ont relevé que, tout au long du défilé frontiste de ce 1er mai, « où se côtoyaient trois générations, avec Jean-Marie Le Pen, sa fille Marine Le Pen et (le député) du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen, très applaudie, des slogans tels que Bleu blanc rouge, la France aux Français, On est chez nous ou France Marine Liberté étaient repris avec ferveur. »
D’ailleurs Bruno Gollnisch le rappelait hier au micro de France 24, la raison de l’audience grandissante de Marine Le Pen et du ralliement croissant au programme national, populaire et social du FN est simple : « Nous avons posé les bons diagnostics concernant l’euro, le chômage, l’immigration. Les Français se rendent compte aujourd’hui que nous avons aussi les bonnes solutions ».
Vice-président du FN en charge de la stratégie et de la communication, Florian Philippot n’a pas dit autre chose au journaliste de l’agence Reuters : « Nous sommes plus entendus, plus écoutés que jamais par les Français. » « Les sondages l’ont montré, Marine Le Pen arrive en tête chez les salariés et les ouvriers, parce qu’ils ont compris qu’avec nos propositions nous sommes les seuls à même de les sortir de la nasse économique et sociale dans laquelle nous sommes ».
Dans son discours très pugnace prononcé hier, c’est bien sous le signe de la résistance à la dissolution de la France, par le haut dans l’euromondialisme, par le bas dans l’immigration de peuplement, que Marine a mis en perspective le combat du FN. Et de citer l’écrivain et authentique résistant et patriote Maurice Druon, «l’unité se dissout quand la grandeur s’efface»
Une unité dont doit, dont sait aussi faire preuve le Front National dans son entreprise de conquête du pouvoir. La grande famille frontiste n’est pas une maison divisée contre elle-même. Au FN, les talents ne s’opposent pas, mais ils s’accumulent car ils sont tous nécessaires, au service d’un dessein politique « qui dépasse de loin nos petites personnes » comme l’a souvent souligné Bruno Gollnisch.
Contrairement à ce que sous-entend un article mis en ligne sur le site de l’hebdomadaire Marianne, Marine n’a pas besoin de « l’applaudimètre » entendu devant la tribune Place de l’Opéra , pour « savoir quels sentiments de gratitude ils (les frontistes, NDLR) portaient à Jean-Marie Le Pen en le saluant au son de merci Jean-Marie , quel respect ils portaient à Bruno Gollnisch (…) en l’acclamant. »
Relevons enfin que si quelques médias on cru relever une mobilisation plus faible des militants et sympathisants nationaux dans la rue cette année, Le Point indique justement qu’il était « difficile de faire aussi bien en pleines vacances scolaires et en cette année sans élection », qu’au lendemain du premier tour de la présidentielle 2012.
Sans même parler du fait que BFM-TV retransmettait en temps réel l’allocution de Marine, en démultipliant l’audience, tandis que des milliers d’électeurs frontistes ont été abreuvés de manifestations ces derniers temps avec leur forte participation aux manifs contre le mariage et l’adoption par les couples homosexuels.