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Ces Français derniers défenseurs du bunker de Hitler

 

Laurent Brayard, Rédaction en ligne
8.05.2013, 19:01, heure de Moscou
 
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© Flickr.com/Ghirigori Baumann/cc-by-nc-sa 3.0

Alors qu’on fête en France l’anniversaire de la victoire de 1945 sur l’Allemagne nazie, l’événement fait toujours et avec raison la part belle à ces héros français qui combattirent de toutes leurs forces la tyrannie et l’occupation nazie. Mais cette histoire de héros ne serait pas complète sans une part d’ombre, les antihéros, des hommes qui choisirent l’autre camp, qui choisirent la collaboration et l’Allemagne d’Hitler plutôt que la France Libre de De Gaulle. Ils furent parmi les derniers défenseurs de Hitler dans son bunker de Berlin. Retour sur une page moins glorieuse et sombre de la France.

La 33ème division de grenadiers SS dite Charlemagne restera à jamais une tâche sur le drapeau français. Ils furent plus de 7 000 à porter l’uniforme de l’armée internationale SS créée par Himmler, la Waffen SS. Fondée en 1943, l’unité était elle-même une émanation d’une autre unité française de la Waffen, la Sturmbrigade SS Frankreich (Brigade d’assaut SS France). Une autre unité française, toujours sous uniforme allemand mais de la Wehrmacht, la LVF (Légion des Volontaires français contre le Bolchevisme) avait été recrutée dès 1941 dans les milieux collaborationnistes français et envoyée se faire massacrer en URSS. C’est elle qui avait ouvert le bal des unités françaises servant l’Allemagne nationale-socialiste.

Composée de tous les Français qui étaient entrés dans les rangs allemands, que ce soit des rescapés justement de la LVF ou de la Frankreich, elle fut renforcée à sa création par des volontaires de la Kriegsmarine et de nombreux anciens miliciens après la libération de la France entre juin et décembre 1944. Comme les autres unités françaises, elle fut envoyée sur le front de l’Est où elle s'engagea à la fin du mois de février 1945. Cette drôle d’unité française sera des derniers combats de l’apocalypse de ce Reich qui aurait dû durer mille ans. Ironie cruelle et totalement dérisoire que ces quelques milliers d’hommes jetés dans une bataille perdue d’avance pour une cause qui sera condamnée au tribunal de Nuremberg par l’Humanité toute entière.

Pour l’heure, ils combattirent en Poméranie et se firent hacher sur place sans grands résultats mais s’accrochèrent au terrain. Ils finirent par être encerclés par les troupes soviétiques mais un bataillon ou ce qu’il en restait, un peu plus de 300 hommes, soit un effectif d’environ une compagnie et demi, réussit à se frayer un chemin et à s’échapper du piège. Désormais baptisé « bataillon Charlemagne » il se trouva sous les ordres d’Henri Fenet de sinistre mémoire. L’homme originaire de l’Ain et du village de Ceyzériat (1919-2002) était passé par Saint-Cyr et avait reçu une Croix de guerre durant la campagne désastreuse de 1940. Très engagé dans la collaboration, il avait rejoint la milice dès l’automne 1942 et fut désigné pour devenir l’un des chefs de la future division Charlemagne.

Avec lui, les survivants de la Charlemagne firent retraite sur Berlin où ils eurent le triste privilège d’être les derniers défenseurs du bunker du Führer. Intégré dans les restes de la division Nordland, une unité normalement constituée des volontaires de la Waffen des pays scandinaves, c’était de fait à la fin de la guerre une unité internationale comprenant des Norvégiens, des Danois, des Suédois, des Finlandais, des Estoniens, des Hongrois, des Roumains, des Néerlandais, des Espagnols, des Suisses, des Allemands, des Français et même quelques Britanniques. Ils défendirent avec acharnement les ruines de Berlin avec l’énergie inutile du désespoir. Selon les témoignages, les hommes de la Charlemagne détruisirent plus de 70 chars soviétiques dans de violents combats de rue qui eurent lieu dans les derniers jours du mois d’avril et jusqu’à la capitulation de Berlin, le 2 mai 1945.

Ceux qui ne furent pas tués ou fusillés par les Soviétiques furent traduits lorsque cela fut possible devant les tribunaux. L’un d’eux, dont les romans sont toujours recherchés, était Marc Augier, dit Saint-Loup (1908-1990). Il écrivit beaucoup sur l’histoire et la destinée de ceux qui avaient choisi la collaboration et l’Allemagne plutôt que la France, du moins la France de la démocratie et de la République. Henri Fenet survécut à la fournaise de Berlin, il fut décoré de la Croix de Fer, l’une des plus hautes décorations allemandes. Fait prisonnier par les Soviétiques, il fut libéré mais reconnu en France et condamné à 20 ans de travaux forcés pour trahison et port de l’uniforme de la Waffen SS. Etrangement, il fut relâché bien avant la fin de sa peine, en 1959. Jamais amendé et toujours farouchement attaché à la cause nazie, Henri Fenet devait défrayer la chronique en 1998 en pointant du doigt les résultats de la Seconde Guerre mondiale et en affirmant son antibolchevisme viscéral.

Certains Waffen SS français combattirent contre les Américains, notamment ceux du régiment Hersche, une colonne de marche qui après une course-poursuite en Thuringe, fut acculée à la reddition après des combats retardateurs. Des rescapés poursuivirent le combat en Autriche et dans le Tyrol et ne capitulèrent qu’au début de mai. Une poignée d’entre eux furent livrés à la 2e DB du général Leclerc et interrogés par ses soins. Ils furent exécutés sans autre forme de procès à Bad Reichenhall dans une clairière et laissés sans sépulture avant que les Américains ne les enterrent. Une polémique qui ressurgit régulièrement met en cause le héros du serment de Koufra avant de retomber dans les limbes où elle devrait rester. Marc Augier, qui avait été condamné à mort par contumace en 1948, fut finalement lui aussi gracié dès 1953, et Fenet en 1959.

Cette histoire rappelle que durant de longues décennies, la France n’a pas voulu se regarder dans le miroir. Paul Touvier le célèbre milicien, fut lui aussi gracié en 1971 avant d'être enfin rattrapé par la justice qui prononça d’abord de manière incroyable un non-lieu en 1992 avant de le condamner à la réclusion à perpétuité en 1994, un peu plus de deux ans avant sa mort… Maurice Papon sera le dernier des collaborateurs condamné par la justice française pour crimes contre l’humanité en 1998… et libéré pour raisons de santé en 2002 avant de décéder en 2007 à un âge canonique. Une autre personne, compagnon et ami de François Mitterrand qui fut probablement le Français ayant le plus de responsabilités dans les crimes contre l’humanité, ne devait jamais être jugé : René Bousquet fut assassiné en 1993, et l’un des responsables directs de la fameuse Rafle du Vel’ d’Hiv échappa ainsi au déshonneur d’un procès.

Les joies de la victoire et de l’armistice du 8 mai 1945 ne doivent pas faire oublier aux Français qu’il y eut aussi « ceux-là », les fameux Hérétiques de Saint-Loup. La France ne doit jamais les honorer mais elle ne doit pas oublier qu'en son sein, il y eut l’infamie. Il n’y avait pas beaucoup de Jean Moulin en 1940… Le premier fusillé à Paris fut Jacques Bonsergent, le 10 novembre 1940. Une station de métro honore aujourd’hui sa mémoire. En face, il est étonnant de voir combien les responsables ont été nombreux à mourir de leur belle mort dans un lit…/OS

Commentaires

  • j'apprécie beaucoup les 2 commentaires.

  • De vrais héros qui se sont battus pour l’honneur de … la vraie Europe !

  • Ils ont misé sur le mauvais cheval , c'est hors de doute .
    Cette seule raison suffirait à me les rendre sympathiques . Napoléon de retour de Russie ajoute une dimension nouvelle à son épopée . La défaite le grandit , elle ne lui nuit pas . Il n'est pas décent d'accabler un vaincu .

    Aujourd'hui certains parmi nous découvrent que la " Libération " , ce fut le coup de grâce administré aux hommes de notre race . Ils an avaient été prévenus mais ils étaient incapables de recevoir le message qui les concernait .Ils ne prêtait attention qu'aux discours des démagogues qui monopolisaient le pouvoir .
    Bercés par des utopies meurtrière - la démocratie , le socialisme et le communisme - ils ne décelaient plus ce qui était évident : le déclassement de l'Europe et l'homme blanc désormais hors d'état d'endiguer l'assaut des barbares . .
    L'héritage que nous léguerons à nos enfants est effrayant .Des orages d'une ampleur inouïe se profilent à l'horizon . Il nous faut retrouver le contact avec notre terre et nos frères de race .
    Est-ce encore possible ?

  • Saint Loup, mais aussi Jean Mabire ont décrit cette bataille de Berlin, dans laquelle les derniers SS notamment français firent preuve d'un courage défiant l'imagination. Je repense à mon vieil ami Francis qui s'était engagé dans la Charlemagne (Sturmbrigade Frankreich) avec son frère, aînés d'une famille du Nord de 10 enfants, et de ses souvenirs de combats sur le Front de l'Est puis en Poméranie. Son frère disparut dans ces combats désespérés et ne fut jamais retrouvé. Ils s'étaient engagés à la fin de la guerre, par anti bolchevisme, alors que les carottes étaient déjà cuites pour les Allemands et qu'ils le savaient ! Il avait été sous les ordres de Fenet, et je trouve abjects les qualificatifs utilisés par ce journaliste à propos de ce dernier. Je passe sur ses souvenirs de combat, les centaines de cadavres qu'il enjamba en reculant avec ses camarades devant les hordes russes et mongoles, sa prise par les Soviétiques, sa livraison aux Polonais puis la ruse avec laquelle il réussit à s'échapper, son retour en France, son engagement forcé pour l'Indochine... j'en aurai des pages à raconter. Le cadet de leur souci aurait été que la France actuelle les honorât !!! Ces soldats étaient des héros, des vrais (pas comme les pompiers de Boston !). Ils ne se sont jamais reniés, et en ce qui me concerne, des modèles indépassés.
    Ceci indépendamment du camp choisi...mais ceci est incompréhensible pour les pleutres contemporains !
    Merci Gaëlle d'avoir sorti ces soldats perdus de l'oubli !
    PS: J'oubliais : c'est grâce à leur résistance acharnée qu'ils retardèrent l'avancée de l'Armée Rouge, et l'empêchèrent peut-être d'arriver à Paris !

  • Merci à Tg Deshayes pour son commentaire; je souhaitais en laisser un aussi mais je refuse de m'inscrire à Fesse de Bouc et compagnie.
    Comme quoi même à la voix de la Russie il y a des journalopes ignorants des vérités de l'histoire qui se permettent de juger - ce crétin ne vois même pas ce que le monde est devenu ;o)

  • Gaëlle,
    En complément de mon post, un lien rendant justice à d'autres héros (des vrais), américains cette fois : Lindbergh et Patton...et des révélations sur l'assassinat de ce dernier par...devinez qui ?
    http://cristos.over-blog.com/article-36913164.html#tar2
    "Ils sont - vraiment - partout !"

  • Cher abad, le texte de ce journaliste Laurent Brayard pour La Voix de la Russie semble écrit sur mesures pour ses maîtres. Le déstalinisation des ex-soviéiques a-elle bien eu lieu?

    Ces Français se sont battus comme des lions, avec un immense courage. Ce sont les "hérétiques" ! - Je pense à la France des lâches, à ceux qui ont tondu des femmes en se proclamant "résistants"... Eux se battaient pour l'Europe contre le bolchevisme.

  • "et en affirmant son antibolchevisme viscéral." La victoire des alliés serait donc pour ce journaliste la victoire des bolchéviques...

  • @ Dirk: Marc Augier (Saint-Loup) était lui aussi dans l'enfer de Berlin en 45. Lisez, si ce n'est déjà fait:
    Götterdämmerung - Rencontre avec la bête, Art et histoire d'Europe 1944-1945
    Un témignage exceptionnel.

  • @ anonyme: les victoires de Staline, ce sont aussi celles du froid à - 40°, et celles des poux russes transmettant le typhus.
    Même chose pour la Grande armée de Napoléon. On a examiné des dépouilles de soldats trouvées en grand nombre dans des charniers.
    Les villages russes étaient extrêmement pauvres et sales. Les poux sautaient sur les soldats...
    Les soldats soviétiques qui sont arrivés à Berlin, beaucoup de Mongols parmi eux, étaient couverts de vermine, mais eux étaient comme "mithridatisés" depuis des siècles...

  • Je ne relis qu'imparfaitement mes textes avant leur impression ; aussi sont-ils émaillés de fautes d'orthographe qui me dérangent .
    Si vous m'y autorisez j'ajouterai que les soldats soviétiques étaient étonnés de découvrir un monde prospère dont ils n'avaient nulle idée . Des trains entiers d'objets pillés dans de riches demeures de Pologne , de Prusse orientale puis des divers territoires " libérés " partaient à destination des puissants de l'Empire .
    Plusieurs de mes collègues soviétiques de Pékin ou de Pyongyang avaient participé à la fête . Ils ne regrettaient rien , signe de santé .( tous étaient des racistes fanatiques ; je n'ose rapporter leurs propos concernant les génies comme BHL )
    Si notre race survit elle le devra à ces peuples imparfaitement dégrossis .

  • @Gaëlle,
    Oui, j'ai beaucoup lu Saint Loup et depuis longtemps et notamment son poignant "Götterdämmerung". En plus du froid et des poux, il y avait surtout la boue, cette boue lourde et collante, destructrice des machines et des énergies. Staline avait décrit son régime comme "les Soviets plus l'électricité". Il n'y avait pas une seule route en dur à l'ouest de Moscou ! L'Allemagne à la même époque comptait déjà plus de 300 km d'autoroutes (la France n'atteindra ce chiffre que des décennies plus tard).
    Outre cet ami Francis dont je parlais plus haut, j'ai fréquenté d'autres anciens "Oostfronters" flamands, 'Combattants sur le Front de l'Est', dans des brigades de Waffen SS ou la Kriegsmarine. Aucun n'avait renié son engagement de jeunesse, ni ses idées !
    Je serais prêt à tenir le même discours avec des soldats de même valeur dans le camp ennemi...bien évidemment !

  • c,étaient vraiment les derniers lanquenets modernes !!
    combien de jeunes à notre époque seraient capable de se battre pareillement face à un tel rouleau compresseur que l,ex armée soviétique qu,elle était à cette époque !!!
    à la fin de la guerre , Céline avait dit: les carottes sont cuites , paroles prophétiques d,un visionnaire !!
    salutations.

  • Que de riches informations entre les articles (et les commentaires).

  • "Mein Ehre heisst Treue !"
    "Mon honneur s'appelle fidélité !"
    Serment SS...et devise des parachutistes français !

  • @dirk

    Nous voulons des témoignages, les leurs, par vos soins. Pouvez-vous les mettre en forme?
    Merci à vous tous, je débute depuis hier soir, Opération Barbarossa, de Paul CARELL, acheté aux puces, un €.

  • A mon sens le témoignage le plus vrai sur la guerre à l'Est a été écrit par un Alsacien
    Guy Sajer : Le soldat oublié .
    C'est un pavé , mais cela se dévore .
    Saint-Loup est très littéraire .
    Je n'entends rien à la littérature mais de toute ses écrits je chéris " Une moto pour Barbara " .
    Soyez un peu indulgents envers le Béotien que je suis resté !
    -n'oubliez pas le livre d'Otto Skorzeny dédié aux soldats russes et allemands .

  • @arauris,
    L'ami Francis est décédé, mais nous avions eu de longues conversations ensemble et de longs échanges épistolaires dans les années 80. Pour l'anecdote (mais la vie aventureuse est pleine d' "anecdotes" !) Il fut fait prisonnier par les Russes qui le livrèrent aux Polonais. Dans les transferts, il se fit passer auprès de ces derniers (qui n'ont pas vérifié son tatouage SS, ce qui le sauva, certains de ses camarades eurent moins de chance !) pour un travailleur français du STO. C'est comme ça qu'il fut transféré en France où il réussit quelque temps à se cacher chez des bonnes soeurs, avant de s'engager pour l'Indochine parce qu'il sut qu'on recrutait les gens comme lui.
    J'en ai connu d'autres...mais comment en parler ici ?
    J'ai retrouvé chez Mabire, Saint Loup, Guy Sajer (formidable !) bien des choses que m'a racontées Francis.
    NB : les "anciens" ont continué longtemps à se revoir régulièrement, mais ça c'est plus confidentiel.

  • Merci à vous!

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