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De la légitime défense à la justification de l'agression

Compte tenu de ce qui précède, on comprend que la famille du bijoutier ait été soulagée que leur parent n’ait pas été mis en détention provisoire. Mais, en pratique, l’assignation à résidence, humiliante, loin de sa boutique, doit gâcher la vie de cet homme et compromettre son commerce, sa tenue, voire sa revente. S’il est condamné – ce qui n’est pas absolument certain, les jurés d’assises n’ayant pas été formatés par l’Ecole nationale de la magistrature –, le bijoutier malchanceux devra payer des dommages et intérêts à la famille du voyou abattu. Aucun doute : la justice fera tout pour rendre moralement et matériellement le plus pénible possible la retraite de cet homme de 67 ans… Un accessit de la honte pour la famille de l’agresseur qui ose se produire devant les médias pour protester contre la non-incarcération de la seule vraie victime. Qui gagnera, le syndicat des bijoutiers ou le syndicat du crime ?

 

Il est clair que, derrière le procureur Bedos, la justice fera tout pour casser et ruiner le courageux petit commerçant de Nice. Il y a belle lurette que, sous l’influence d’une certaine vision du christianisme – celle récupérée par les droits de l’homme –, la légitime défense s’est fermée, en France, à la protection des biens au nom de la sauvegarde de la vie. Jadis, les juges français avaient une vision plus virile et discriminatoire de la légitime défense, comme l’illustre ce texte du XIXe siècle :

« Qu’on suppose un voleur, dérobant, dans le coffre-fort d’un négociant, les titres qui constituent la majeure partie de sa fortune … le mal sera irréparable, si le propriétaire ne parvient pas à blesser ou à tuer le voleur : il tire et tue ; n’en a-t-il pas le droit ? (…) aucun tribunal n’hésitera à déclarer que cet acte n’est pas imputable à son auteur, soit qu’il le considère comme justifié par la légitime défense, soit qu’on le considère plutôt comme imposé par une contrainte morale à laquelle l’agent n’a pu résister » (Précis de droit criminel, par R. Garraud, éditions L. Larose et Forcel, Paris, 1885 § 157).

D’ailleurs, dans les grands désordres historiques, ne trouve-t-on pas normal de faire tirer sur les pillards ? Les biens matériels ne sont donc pas si méprisables : tout le monde n’a pas une vocation de franciscain spirituel.

 

Pour les droits de l’homme, toute vie vaut en soi toute autre vie. Cette conception est pernicieuse :  en saine philosophie virile, la vie de l’agresseur et voleur dans le feu de l’action ne vaut pas tripette. Aussi doit-on espérer que les jurés de Nice sauront résister aux pressions morales des magistrats et admettront que le droit de suite exercé, dans le feu de l’action, par le bijoutier était justifié.

Rappelons que si les incriminations doivent être soumises à l’interprétation stricte des textes, tel n’est pas le cas pour les faits justificatifs exonératoires. N’est-il pas choquant, en effet, de permettre au voleur violent et brandissant une arme létale d’être considéré, dès qu’il tourne les talons avec son butin, comme immunisé contre sa victime ? Comme si les deux protagonistes jouaient à chat perché : « Menacé, volé, battu, tu ne peux plus rien me faire maintenant, je suis perché ! Bisque-bisque rage ! » Absurde et odieux.

 Eric Delcroix
17/09/2013

 (*) Le Théâtre de Satan, éditions de l’Aencre, 2002 et 2010.

Correspondance Polémia – 17/09/2013

Commentaires

  • J'espère que Me Delcroix sera choisi par le bijoutier pour sa défense ! Ce serait le match du bon vieux sens largement partagé par des millions de citoyens contre l'idéologie soixantehuitarde qui mène ce pays et le conduit vers le précipice dans tous les domaines!

  • Il est devenu interdit, légalement, de défendre son bien.

    La Loi ne tient pas non plus compte du traumatisme et de la violence causée à la victime du vol, comme facteur de droit à la légitime défense.
    C'est la part du lion que la justice a offert depuis des décenniest aux racailles qui vivent et agressent donc en toute impunité.

    http://www.lepoint.fr/societe/cambriole-54-fois-il-a-tire-a-la-53e-17-09-2013-1731692_23.php

    Nous allons changer cela. Et remettre la loi à l'endroit.

  • Normalement, les voleurs se cachent pour voler nos biens. Ils essayent de faire ça en douce, quand on n'est pas là et qu'on ne peut pas leur résister par la violence. C'est une bonne façon de préserver leur vie.

    Mais si un voleur passe à l'acte de façon frontale, en notre présence, quand on est armé et prêt à tirer, alors on est en situation de légitime défense, quoi qu'en disent les tribunaux. Si le voleur a utilisé la moindre violence pour nous arracher nos biens, on a d'autant plus le droit de tirer. Il lui suffit de renoncer à son projet, et il ne lui arrivera rien. Si c'est un gosse qui vole une pomme à l'étalage, on lui tape sur les doigts, en sachant qu'il ne peut pas riposter de façon violente. Mais si un adulte a la force physique de nous arracher nos biens, et s'il veut s'enfuir AVEC NOS BIENS, c'est normal de tirer. Ce n'est pas comme s'il s'enfuyait en ayant abandonné le butin. C'est à lui de calculer que sa vie vaut plus que notre argenterie, et de lâcher son butin, ce n'est pas à nous de renoncer à tirer. Si on avait un autre moyen de l'arrêter, il faudrait évidemment l'utiliser.

    Si les tribunaux disent qu'on n'a pas le droit de tirer dans cette situation, alors quoi qu'ils en disent, ça revient à dire que le voleur à le droit de prendre notre bien. D'ailleurs, dans le cas de la bijouterie de Nice, l'agresseur était un récidiviste.

    C'est le même principe que pour les viols. Le meurtre est pire que le viol, mais on reconnaît quand même le droit à une femme d'utiliser une arme à feu pour se protéger d'un viol. C'est le principe de légitime défense, et c'est ce qui permet à la société de continuer à tourner.

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