Sur l’antenne de RTL, le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre, professeur associé à Sciences-Po, connu pour son franc parler –voir notre blog- a vivement critiqué les dernières orientations budgétaires impactant très fortement notre Défense nationale. Une paupérisation de notre outil militaire qui acte une volonté politique de faire de la France une puissance de seconde zone. Une France toujours plus inféodée à l’Otan et tributaire de l’Empire pour assurer sa sécurité, de moins en moins à même défendre nos intérêts, notamment dans sa capacité de projection en dehors de nos frontières.
Nous le rapportions en 2010, citant le site Secret défense, le général Desportes « s’était vu barrer la route à la direction de l’IHEDN et à une quatrième étoile ». En effet, « il avait déjà été soupçonné d’être l’un des membres du groupe Surcouf, qui avait, en 2008, publié une violente charge contre le Livre blanc de la Défense ». « Livre blanc » dont les orientations délétères entamées largement sous Sarkozy, avaient été dénoncées alors par Bruno Gollnisch, car finalisant la volonté d’amoindrir dramatiquement notre outil militaire, désormais simple force d’appoint aux opérations du Nouvel ordre mondial.
Marine Le Pen était la seule candidate lors de la dernière présidentielle à vouloir enrayer cette évolution très inquiétante. Elle propose notamment de porter à au moins 2% du PIB l’effort consenti à notre défense nationale, assurance-vie du peuple français plus que jamais indispensable en ces temps troublés. On sait ce qu’il advient des peuples qui confient à d’autres le soin de leur protection…
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian détaillera aujourd’hui les restructurations des armées. Il évoquera certainement les suppressions de régiments et d’unités pour 2014, « prévues dans le cadre de la Loi de programmation militaire (LPM), » lesquelles « provoquent déjà la colère d’élus des territoires concernés et d’officiers » rapporte Le Parisien.
« Présentée début août, la LPM prévoit notamment 23 500 suppressions de postes supplémentaires à la défense durant la période 2014-2019. Sur les 23.500, 9000 doivent l’être au sein des forces opérationnelles et 14 500 dans le soutien et l’environnement des armées. Une baisse des effectifs qui s’ajoute aux 54 000 postes déjà supprimés dans le cadre de la précédente LPM (2008-2013). »
Cette grogne de la grande muette est-il encore écrit, s’est « exprimé notamment dans un Manifeste pour la sauvegarde de nos armées diffusé par un cercle de réflexion baptisé les sentinelles, regroupant des officiers et d’anciens officiers, qui dénoncent anonymement une entreprise de démolition des armées.»
La défiance de l’Etat socialiste vis-à-vis des militaires est aussi au cœur des récriminations légitimes des personnels des armées. Notamment avec « le projet de réforme de l’organisation du ministère. Elle retire notamment à l’état-major la gestion des personnels, pour la confier à la direction des ressources humaines du ministère. »
«En clair, les généraux ou amiraux seraient des techniciens du combat, peu aptes à gérer des hommes, des finances, des relations internationales, voire des services logistiques», écrivait mi-septembre dans Le Figaro le général Henri Bentégeat. L’ancien chef d’état-major des armées mettait notamment en garde contre un système où les militaires sont tenus en suspicion».
Dans un entretien accordé au quotidien La Croix le 1e mai dernier, le général Desportes relevait avec justesse que « c’est déjà une défense minimale que le président de la République conduit à la relégation. Le Livre blanc de 2008 avait fait passer notre format à envoyer dans les opérations conventionnelles majeures de 50 000 à 30 000 hommes et de 100 à 70 avions de combat. Nous avions alors atteint véritablement un seuil. Et voilà que nous passons maintenant en dessous de ce seuil, avec un format de 15 000 hommes et 45 avions de combat. »
Or, « il était nécessaire de rétablir une autonomie de transports stratégiques (avions gros porteurs, navires de projection) qui manque aujourd’hui cruellement à l’armée française. Cela n’est pas prévu. Nous ne pourrons conduire nos opérations que si les Américains les soutiennent. La France avait la première défense européenne, elle avait cet avantage de pouvoir intervenir dans les crises en son nom et au nom de l’Europe. Elle rentre dans le rang. »
Le général Desportes concluait son propos en affirmant que la sécurité de la France et des Français ne saurait se réduire à la seule dissuasion nucléaire. Menace nucléaire, iranienne celle-là, qui est au cœur des préoccupations du premier ministre israélien. Mardi soir, à la tribune de l’ONU, Benjamin Netanyahu a évoqué la possibilité d’une action militaire unilatérale contre l’Iran. Une déclaration qui matérialiserait l’inquiétude de Tel-Aviv devant le timide réchauffement des relations entre Washington et Téhéran –le dialogue direct renoué, une première depuis près d’un quart de siècle, entre Barack Obama et Hassan Rohani .
Pour autant , signe de la valse hésitation du président américain, celui-ci, après avoir déclaré la semaine dernière être prêt à donner une chance à la diplomatie pour sortir de l’impasse actuelle sur le dossier nucléaire iranien, a rappelé lundi en recevant M. Netanyahu à la Maison-Blanche que Washington « ne (renonçait) à aucune possibilité, dont l’option militaire ».
Mardi, le Premier ministre de l’Etat hébreu a donc martelé que «Si Israël doit agir seul, alors Israël agira seul», que son pays «n’acceptera jamais de voir des armes nucléaires entre les mains d’un régime voyou qui, plusieurs fois, a promis de nous rayer de la carte».« Pourquoi un pays doté d’un programme nucléaire civil développe-t-il des missiles balistiques intercontinentaux, dont la seule fonction est de transporter des ogives nucléaires?». Aussi a-t-il exigé, relève Le Figaro, « l’arrêt des centrifugeuses, l’évacuation vers l’étranger des stocks d’uranium enrichis et le démantèlement du programme iranien (…). »
Mais Israël, qui faut il le rappeler est le seul pays de la région à posséder l’arme nucléaire, a-t-il les moyens de mettre ses menaces à exécution ? « Le drame de Netanyahu, c’est qu’il menace l’Iran avec un revolver vide, décrypte Yossi Melman, spécialiste des questions de défense pour l’hebdomadaire Sof HaShavua. Le site d’enrichissement de Fordow, dont l’existence a longtemps été tenue secrète, est enterré à 70 mètres de profondeur, hors d’atteinte des armes israéliennes. »
Dans les faits affirme-t-il, « seuls les États-Unis disposent de bombes assez lourdes pour frapper ces installations, ainsi que de bombardiers capables de les transporter. Israël peut tout au plus retarder d’un an ou deux le programme iranien et ce, au prix d’un isolement diplomatique qui promet d’être durable».
En mars de l’année dernière, Pierre Beylau dans Le Point, soulignait les graves conséquences d’une attaque militaire israélienne sur l’Iran pour l’empêcher de mener à bien son programme nucléaire.
« Un bombardement de l’Iran déclencherait une onde de choc incontrôlable : probable blocage du détroit d’Ormuz (avec envolée des cours du brut), embrasement des fronts Hezbollah libanais et Hamas palestinien. Une telle initiative, de l’avis des experts, ne résoudrait rien. Elle ne ferait, au mieux, que retarder le programme iranien. Tout en confortant Téhéran dans l’idée que seule la détention de l’arme nucléaire permettrait de sanctuariser le territoire iranien. C’était déja l’idée du Shah. »
La crainte de cette « sanctuarisation » de l’Iran est bien pour beaucoup d’observateurs la vraie raison des propos belliqueux de (certains) dirigeants israéliens.
Certes, nous pouvons comprendre les craintes du peuple israélien au regard des déclarations (homériques) du prédécesseur de M. Rohani, Mahmoud Ahmadinejad. Si seuls les Etats-Unis l’ont utilisée, par deux fois contre les civils japonais en 1945, l’arme nucléaire est par définition une arme de dissuasion, c’est-à-dire de non-emploi du fait de la réponse militaire de même nature qu’elle déclencherait en retour du pays agressé qui la posséderait.
Une réalité, note Bruno Gollnisch, qu’intègre bien évidemment le général Desportes cité plus haut, lorsqu’il réclame pour notre pays un outil militaire cohérent et efficient pour sa sécurité, qui ne repose pas uniquement sur l’atome…Pas de pays libre sans défense nationale digne de ce nom.
Commentaires
Nous avons l'arme atomique ( de qualité supérieure aux autres), mais notre défense n'est pas à faire avec l'extérieur ( pour le moment) mais d'urgence à l'intérieur, et l'intérieur c'est partout aujourd'hui.
Ce qu'il faut d'urgence, c'est faire comme la Suisse, chaque homme a son flingue à portée de main et de munitions, prêt à nettoyer le territoire, le reste n'est qu'illusions.