Interview de l'ex-secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme puis aux Sports de Nicolas Sarkozy.
Après la tragédie de Lampedusa, que peut-on faire ?
Rama Yade : J'ai été très touchée par le Pape, qui a parlé de honte. Il a raison. Il ne s'agit pas seulement de politique migratoire. C'est une tragédie humaine. On peut mettre tous les barbelés, toutes les frontières que l'on veut, face au désir de fuir la pauvreté, rien, rien, n'empêchera de prendre un bateau, y compris dans les circonstances les plus dangereuses, pour atteindre ce que l'on considère comme la terre promise. Ce qu'on peut faire ? Prendre le problème à la source. Réactiver de manière, cette fois plus dynamique, la politique de coopération avec les pays d'où sont originaires ces migrants. Comme Barack Obama l'a fait entre les États-Unis et le Mexique. Et pour ça, l'Union européenne doit être en première ligne.
On en parle depuis 20, 30 ans, et l'Europe ne le fait pas !
R.Y. : Les élections européennes donneront peut-être l'occasion de réclamer, voire même d'exiger une implication plus forte de Bruxelles. Il existe plein de conférences, de conseils, de commissions qui traitent de la coopération. Mais il faut sortir des bavardages. Il y a urgence à agir. L'Afrique est devenue aujourd'hui une terre d'opportunité économique, mais pas pour tous les Africains. Se pose la question du partage des fruits de la croissance en Afrique. L'Union européenne, l'Union africaine et les pays d'origine des immigrants doivent se mettre autour d'une table et prendre des engagements précis avec un calendrier précis.
Votre livre, vous dites l'avoir écrit pour donner aux jeunes l'envie de faire de la politique. Or, on y découvre un monde fait de tactiques, d'ambitions individuelles, de luttes d'influence...
R.Y. : Dans la vie, dans les entreprises, dans les familles aussi, c'est compliqué. Mais au-delà, il y a la passion de l'engagement politique, du service de l'État, de l'engagement pour la France. Et ça c'est inestimable !
En 2011, vous quittez l'UMP pour le parti radical afin de suivre Jean-Louis Borloo. Mais vos amis réfléchissent, et restent à l'UMP. Ça ne vous a pas dégoûté ?
R.Y. : C'était normal. Je les comprenais. On leur demandait de prendre un risque énorme. D'ailleurs, ils ont tous fini par quitter l'UMP, à l'occasion du congrès qui a suivi. Nous avons été en mesure de construire un parti politique nouveau, l'UDI, qui rassemble toutes les formations centristes, et peut être demain le MoDem de François Bayrou, s'il tourne définitivement le dos à la gauche. C'est une condition indispensable. Nous condamnons la politique de François Hollande. Il est important que François Bayrou soit très clair là-dessus. J'ai le sentiment qu'il est de bonne volonté.
Vous-même, vous semblez avoir été dirigée par l'ambition. J'ai été frappé par ce que vous écrivez quelques semaines seulement après avoir été nommée secrétaire nationale de l'UMP en 2007 : "Je suis prise entre mes convictions profondes et ma loyauté à l'égard de Nicolas Sarkozy." Mais vous avez continué à ses côtés !
R.Y. : Je n'avais pas aimé les mots utilisés pour parler de la politique d'immigration. Quand on se contente de parler en employant desmots qui blessent certaines populations, ça ne sert à rien. On perd sur les deux tableaux, aussi bien auprès des personnes d'origine immigrée, que des Français qui attendent une politique de fermeté. Par contre, se montrer ferme tout en respectant les gens, ça ne me choque pas. Au contraire, surtout en période de crise économique. Même si, en tant qu'immigrée naturalisée, j'ai de l'empathie pour ces populations, je suis une responsable politique et je sais ce que la France est capable de supporter ou pas. Alors, oui, plusieurs fois j'ai été prise entre ma loyauté envers Nicolas Sarkozy et mes convictions. Mais je ne suis pas restée enfermée dans ce dilemme. J'ai fait des propositions au futur président.
Devenue secrétaire d'État aux droits de l'Homme, vous vous opposez très vigoureusement à la visite de Kadhafi à Paris, écrivant que "la France n'est pas un paillasson sur lequel un dictateur peut venir s'essuyer les pieds". Mais vous restez !
R.Y. : Oui, pour continuer à me battre. C'est tellement facile de partir. D'un claquement de doigt, d'un claquement de porte. Moi, je voulais poursuivre le combat politique. C'est ce qui m'a permis ensuite, de défendre les victimes de l'Arche de Zoé, avec une certaine efficacité. De participer aux négociations pour la libération d'Ingrid Bettencourt. Je raconte mes rencontres avec Chavez, puis avec le président colombien Uribe, pour les sensibiliser à ce cas. Je raconte aussi comment j'ai pu obtenir à l'Onu l'adoption de la Charte appelant à la dépénalisation universelle de l'homosexualité. Et également mon combat pour les femmes au niveau de l'Union européenne. Si j'étais partie, je n'aurais pas pu le faire.
À propos de votre sortie sur Kadhafi, Nicolas Sarkozy est furieux. Mais il ne vous vire pas. François Hollande n'est pas le seul à ne pas agir comme un patron !
R.Y. : J'avais 30 ans. Sans grande expérience politique derrière moi. Je remplissais ma mission de secrétaire d'État aux droits de l'Homme dans le contexte de real politique qui avait cours à l'époque. Comme le disait un ancien président américain : "On fait campagne en vers et on gouverne en prose." Il y a des réalités à prendre en compte dans l'exercice du pouvoir. Mais moi, j'étais en charge des droits de l'Homme dans le pays des droits de l'Homme. Les peuples opprimés, les journalistes emprisonnés, les gays discriminés, les femmes violentées du monde entier attendaient quelque chose de ce modeste ministère. Il était de mon devoir, impératif, de répondre à cette immense attente. Je me trouvais en porte à faux. Je raconte dans mon livre comment j'ai vécu cette affaire Kadhafi, minute par minute. D'une certaine manière, Nicolas Sarkozy a fini par comprendre.
Vous refusez d'être remarquée parce que vous êtes noire. Et pourtant, sans ambiguïté, Nicolas Sarkozy vous choisit pour cela. Il vous explique qu'il conçoit la France avec des "gens différents". Il affirme que vous serez avec Condi Rice, les deux femmes noires de la scène mondiale. Il ne parle que de ça...
R.Y. : Oui, mais ça va un moment, ça (Rire)...
Même Mandela. Lorsqu'il vient à Paris, Nicolas Sarkozy lui précise que vous êtes française. Il répond : "La France a bien changé !"
R.Y. : (Rire) Je ne nie pas être noire. C'est une évidence. Ni un handicap, ni un avantage. Mais maintenant que tout le monde l'a compris, on peut peut-être passer à autre chose...
Beaucoup pensent que ce genre de nomination assure la promotion de l'intégration. Vous avez été dans le gouvernement avec Rachida Dati, Fadela Amara. Que reste-t-il de cette époque au regard de l'intégration ?
R.Y. : Je regrette profondément que sous la gauche, on ne parle plus de ces sujets. C'est comme dans les années 90. Parce que le FN est haut dans les sondages, on prie ces gens de ne plus se montrer. Je trouve incroyable la démission collective devant le FN. Il n'y a pas de fatalité à ce que Marine Le Pen gagne toutes les élections dans les deux années qui viennent.
Vous écrivez que Nicolas Sarkozy reviendra peut-être, mais à la condition de se renouveler "hors du chemin furieux de ce populisme chrétien que certains voudraient lui faire emprunter". Le Nicolas Sarkozy du 2e tour de la présidentielle n'était pas le vrai Nicolas Sarkozy ?
R.Y. : Il y a un décalage profond entre le Nicolas Sarkozy de 2007 et celui de 2012. La crise est passée par là, avec le repli identitaire, et le dévoiement par l'extrême droite de notions aussi généreuses que la nation, la laïcité ou l'école. Mais s'il veut revenir, Nicolas Sarkozy doit renouer avec ce génie qui l'amène à rompre avec cette bien-pensance de Buisson ou Zemmour, qui domine médiatiquement depuis quelques années. Ça lui permettrait de s'inscrire dans une forme de modernité, pour récréer de l'optimisme, redonner confiance..
Vous le décrivez pendant son discours devant les parlementaires américains en novembre 2007, "tiraillé entre son peuple qui ne veut pas de soumission à l'Amérique et son admiration personnelle pour ce pays". Et vous ajoutez : "Ce tiraillement est attendrissant, c'est sa marque de fabrique, qui le rend différent des autres. Il y a la réalité et lui, qui essaie de la faire plier par sa volonté personnelle. Il est comme ça en tout". Vous l'admirez ?
R.Y. : Oui, l'admiration personnelle est une constante dans ma relation avec lui. Ce qui nous a séparé est politique. J'ai aussi écrit ce livre pour cela, pour raconter comment je suis passé de l'UMP à l'UDI. À un moment donné, ce n'est pas moi qui suis partie. J'ai été écartée parce que je ne correspondais plus à la politique telle qu'elle s'écrivait. Ça remonte au discours de Grenoble, avec cette proposition de la déchéance de la nationalité pour les naturalisés comme moi. En la découvrant, j'ai eu le réflexe, que je qualifierais de pathétique, de vérifier sur ma carte d'identité que j'étais bien naturalisée depuis plus de 10 ans. Que dès lors, je ne risquais pas de tomber sur le coup de la déchéance en cas d'accident avec un policier ou un gendarme. Pour moi, ça a été un choc, une souffrance intérieure. Au Parlement, les centristes sont revenus sur cette mesure. Je me suis trouvée en accord avec eux.
Vous dites avoir créé l'UDI avec Jean-Louis Borloo, pour faire barrage au Front national. Vous croyez que votre parti, avec ses petits bras, va réussir à faire barrage à Marine Le Pen. Elle est désormais en 3e position dans les sondages derrière Manuel Valls et Nicolas Sarkozy dans le classement des politiques que les Français souhaitent voir jouer un rôle à l'avenir !
R.Y. : Si la gauche et la droite qui se sont succédées au pouvoir n'y sont pas arrivées, ça veut dire que ça va prendre du temps. Il faudra porter un projet politique et, surtout mettre en concordance nos paroles avec nos actes. Les Français n'en peuvent plus des promesses non tenues. Le FN prospère là-dessus. Marine Le Pen ne progresse pas par son talent, elle prospère sur nos impuissances.
Notamment en direction des jeunes, dites-vous...
R.Y. : C'est l'autre clé du succès du Front national : sa capacité, au moins en apparence, à renouveler ses représentants. Marine Le Pen, elle-même, en tant que jeune femme, mère de famille, offre ce visage du renouvellement même si, par le fait qu'elle est la fille de son père, elle ne renouvelle rien du tout. Dans les élections, le FN présente des jeunes candidats. Nous à chaque fois, on réinvestit les mêmes. Or les Français ont besoin d'air frais, de renouveau. Poser la question de la jeunesse en France, c'est poser la question de l'avenir de notre nation. Donc, la question du logement, de l'emploi, de l'école, du déficit public, du financement des retraites. C'est dans ce sens que nous devons changer, plutôt que de nous contenter de condamner moralement le Front national. D'autre part, il faut être forts sur nos convictions. Plus personne n'ose dire que le Front national n'est pas un parti républicain !
En quoi il n'est pas républicain ?
R.Y. : Quand on met au coeur de son programme la préférence nationale, on n'est pas républicain. Et personne n'ose le dire ! Marine le Pen profite de ces hésitations pour prétendre qu'elle n'est pas d'extrême droite. Mais les racines du FN sont d'extrême droite. Il faut le dire. Sans hésitation.
Vous voulez la réunion du centre avec Jean-Louis Borloo et François Bayrou. Le candidat à la présidentielle de 2017 sera évidemment François Bayrou. Parce que Jean-Louis Borloo vous a fait le coup en 2012. Après avoir dit qu'il se présenterait, il a renoncé...
R.Y. : On ne peut jamais jurer de rien. J'ai écrit mon livre avant que le rapprochement Borloo Bayrou ait été entrepris. Quelques amis m'ont dit "Mais, ça n'arrivera jamais." Eh bien, c'est arrivé ! J'espère que ça va durer. Pour être crédible, il faut effectivement un candidat à la présidentielle. On a le temps de voir qui émergera d'ici 2017... Je suis favorable à des primaires au centre.
Peu de temps après vous avoir nommée Secrétaire nationale de l'UMP, Nicolas Sarkozy vous présente à un ami en lui disant : "Elle est excellente et elle possède le plus sale caractère de la République." Vous avez changé ?
R.Y. : (Rire) Il a dit ça parce que j'exprimais mes désaccords malgré toute l'admiration que j'ai pour lui. J'ai des convictions chevillées au corps. Mitterrand disait : "Quand on croit à quelque chose de juste, on garde la nuque raide." Plutôt qu'un sale caractère, j'ai la nuque raide.
Olivier Mazerolle
LA PROVENCE - 06/10/13
Commentaires
Eh bien si ! on est républicain seulement si on à coeur les intérêts de la Nation !
C'est la Yade, épouse d'un "élu", qui n'est pas républicaine en contestant ce fait.
Rama Yade, née Mame Ramatoulaye Yade le 13 décembre 1976 à Dakar (Sénégal).
La famille quitte le Sénégal pour la France en 1987, elle a alors 11 ans.
D'origine léboue et à l'origine de confession musulmane...
En 2005, elle épouse l'historien Joseph Zimet, fils du chanteur yiddish Ben Zime
Cette femme n'est pas Française.
La politique intérieure de la France ne la concerne en rien, outre son passé pistonnée (par noyautage communautariste) politique par des instances étrangères à notre pays.
J'espère qu'on pourra bientôt l'inviter à rentrer dans son pays : le Sénégal.
Dorénavant, TOUS les discours des politiciens de l'UMPS et assimilés tourneront autour de la lutte contre le FN dont la montée est irrésistible ! C'est la panique et la fébrilité !
Les Français n'en ont rien à f.. de ces anathèmes éculés sur l' "extrême droite" ou le FN "non républicain" ! Le mot "républicain" est devenu le cache-sexe de la décadence en cours : pourriture morale, démission généralisée devant l'UE, l'axe Washington-Tel Aviv, le Qatar, promotion du remplacement de peuple et de l'immigration-islamisation galopante du pays, incompétence économique, dictature de la pensée unique dans les médias, etc...etc...
On en a tellement rien à f.., qu'on n'a même pas envie de crier "A bas la République !". ON S'EN FOUT !...et on continue de ne plus rien lâcher !
Et Qu’est Ramapithèque ?
Une immigrée. Elle n'est plus rien et elle continue à pérorer!
Le ramage de la Rama, on s'en tape, cette étrangère n' a plus qu'à foutre le camp de chez nous et retourner dans son gourbi.
Dirk a raison, la république, on s'en fiche , mais préparons nous à agir drastiquement, et à chasser toute l'immigration pourrie, hors de France, y compris les hyper pourris de la répugnante.
elle veut se refaire une place au soleil sous une autre étiquette politique , et évidemment en pratiquant la formule anti FN. .!!!
ses leçons de républicanisme , elle peut les garder et les réserver à son électorat centriste et consorts . .!!
salutations.
Le FN prend tout naturellement la place que les autres partis lui laissent en ne voulant pas écouter le peuple qui travaille, qui peine, qui souffre, qui a peur... quand son pays est abandonné aux voyous qui le dévastent (mafias, criminels de toute espèce mais aussi quelques politiques, certains patrons etc dont le seul objectif est de rester en place le plus longtemps possible). Et certains sont prêts à jouer la politique du pire, dont nous ne sommes pas très loin, pour mettre leur espoir dans le FN; d'ailleurs, de quoi parlent les autres hormis se bagarrer pour des questions de candidature ? Alors reste un grand coup de balai, ça ferait sans doute de la casse mais ça nous apporterait un peu d'air frais !