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Bernard Lugan : « J’entends l’alouette chanter... »

vendredi 18 octobre 2013

 

Bernard Lugan est un historien spécialiste de l’Afrique.
En 2003, Bernard Lugan était expert au Tribunal pénal international pour le Rwanda.
Il est l’auteur de nombreuses publications, notamment Huguenots et français : ils ont fait l’Afrique du sud (couronné par le Prix Louis Marin de l’Académie française en 1989), Histoire de l’Afrique, des origines à nos jours (2009), Décolonisez l’Afrique  ! (2011) et, plus récemment, Les guerres d’Afrique, des origines à nos jours (2013).
Il dirige la revue et la gazette-en-ligne l’Afrique Réelle.

Corsaire : Bernard Lugan, bonjour, et merci beaucoup de prendre le temps de répondre à nos questions. Commençons notre entretien par un fait brulant d’actualité.
Quelle analyse faites-vous de l’actualité migratoire à Lampedusa ? Quelles en sont les causes profondes ?
Plus largement, de quelles options disposent les nations européennes - et notamment la France - pour éviter le scénario catastrophique du Camp des Saints ?

Bernard Lugan : Le drame de Lampedusa est une conséquence directe du renversement du colonel Kadhafi devenu un partenaire, pour ne pas dire un allié, dans deux combats essentiels : la lutte contre le fondamentalisme islamiste qu’il avait entrepris d’éradiquer en Libye et la lutte contre l’immigration clandestine transitant par la Libye. Aujourd’hui, les islamistes ont pris le contrôle du trafic transsaharien, dont celui des migrants.
Le drame de Lampedusa nous plonge directement dans le « Camp des Saints » de Jean Raspail. Ce livre prophétique, puisqu’il date de 1973, décrit l’implosion des sociétés occidentales sous le débarquement de milliers de clandestins arrivés sur des navires-poubelle. Clandestins devant lesquels toutes les institutions s’effondrent en raison de l’ethno-masochisme des « élites » européennes déboussolées par un sentimentalisme qui a pris le pas sur la raison et même sur les instincts vitaux. Relisez le « Camp des Saints », tous les personnages du livre revivent actuellement devant nous dans les médias, à commencer par ces clercs pour lesquels, plus le prochain est lointain et plus il semble devoir être aimé… aux dépens des siens.

Corsaire : Les révolutions arabes ne sont pas la victoire démocratique que les media européens espéraient. Les pays du Maghreb ou l’Egypte sont-ils faits pour le modèle démocratique que l’Occident rêve de leur imposer ? Quelle est l’alternative réaliste, dans ces pays, à la politique islamiste ?

Bernard Lugan : De l’Egypte au Mali et à la Libye, nous assistons actuellement à la fin du règne des principes philosophiques occidentaux qui, depuis plusieurs décennies, tuent l’Afrique à petit feu. En Libye, au nom des « droits de l’homme », nous avons chassé un dictateur, avec pour résultat l’anarchie et comme solution nous proposons la démocratie alors que le pays est construit sur une base tribale… Au sud du Sahara, nos « élites » ne veulent toujours pas admettre que le nœud du problème est ethnique comme je l’ai montré dans mes livres et là encore ils n’ont qu’un remède à proposer : la démocratie individuelle alors que toutes les définitions sociologiques sont communautaires.

Corsaire : Vous mettez toujours en avant la notion de différence que vous opposez à l’universalisme. Pouvez-vous expliquer ?

Bernard Lugan : Deux remarques : primo je raisonne en anthropologue, secundo, pour l’ethno-différentialiste que je suis, « différent » n’implique pas de notion de hiérarchie.
Cessons de nous voiler la face en feignant de croire que les Africains sont des Européens pauvres à la peau noire et qu’il suffirait de noyer l’Afrique sud saharienne sous les aides, pour qu’elle finisse, un jour, par ressembler à l’Europe.
Pour les élites dirigeantes françaises nourries à la mamelle des révolutions du XVIII° siècle, l’homme est le même partout sous des cieux différents, d’où l’idée française d’assimilation par la culture et par l’adhésion aux principes hérités de la révolution de 1789. Bien différente fut l’approche britannique. Jamais, en effet on ne vit les instituteurs de Sa Gracieuse Majesté tenter d’apprendre aux petits Haoussa qu’ils descendaient de « Guillaume Le Conquérant », alors que leurs homologues français faisaient sérieusement et avec devoir, réciter aux enfants algériens le célèbre « Nos ancêtres les Gaulois ».
Qu’on le veuille ou non, les Africains sont « autres » comme l’écrivait le Maréchal Hubert Lyautey. Sa phrase exacte était même plus forte. Dite dans le contexte d’impérialisme triomphant et de supériorité coloniale des « années 1920 », elle n’en a que plus de portée :

« Les Africains ne sont pas inférieurs, ils sont autres. »

Léon Blum, secrétaire général de la SFIO (Section française de l’internationale ouvrière), autrement dit, le Parti socialiste français et Président du Conseil du gouvernement de « Front populaire » en 1936, déclarait quant à lui le 9 juillet 1925 à la Chambre des Députés :

« Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture. »

Tout est dit dans ces deux phrases. D’un côté, Léon Blum, grand homme politique de gauche, socialiste « humaniste », universaliste, imprégné de la culture révolutionnaire française, pétri des idéaux de « 1789 », se croit investi de la mission de les imposer aux autres dans la totale ignorance de ce qu’ils sont et le plus profond mépris de ce qu’ils pensent.
De l’autre, un officier monarchiste servant la France et non la République- la différence est de taille-, et qui, de par son éducation et ses expériences de terrain, refuse l’universalisme niveleur et se fait le défenseur des cultures et des civilisations de ceux qu’il colonise. Son œuvre marocaine est là pour l’attester.

Corsaire : Compte tenu de l’identité spécifique de notre Patrie, est-il possible d’assimiler un grand nombre de populations d’origine extra-européenne sur notre territoire ?

Bernard Lugan : L’unité de la nation française se délite chaque jour un peu plus, l’accélération des phénomènes communautaires démontrant que la France est devenue une juxtaposition de groupes différents du point de vue racial, ethnique, linguistique, religieux, philosophique, politique etc. Ce n’est pas l’Afrique qui suit notre « modèle » mais la France qui se tribalise. Ce qui avait été réalisé quand les immigrants étaient des Européens issus de la même matrice ethno-civilisationnelle, est impossible aujourd’hui, d’où l’utopie de l’assimilation et de l’intégration. Tout cela finira forcément très mal car l’évolution actuelle va contre le principe existentiel de base qui est « un peuple, une terre ».

Corsaire : Outre vos activités professionnelles et universitaires, vous avez, dans votre jeunesse, milité dans les rangs d’Action française. Le combat monarchiste a-t-il encore une place aujourd’hui ? Ou faut-il que les patriotes se battent en priorité pour la sauvegarde de notre souveraineté, de notre identité et de nos traditions, plutôt que de lutter pour une idée royale que d’aucuns jugent idéaliste ?

Bernard Lugan : La « République » est à bout de souffle et elle meurt sous nos yeux. Je n’en porterai pas le deuil… mais le problème est qu’elle entraîne la France avec elle.
Nous vivons une révolution dont nous n’avons pas fini de mesurer les effets et dont le résultat est que, dans les années à venir, l’expression politique va devenir ethnique, comme en Afrique. Les « primaires socialistes » de Marseille l’ont d’ailleurs préfiguré. De grands bouleversements s’annoncent et les vieilles idéologies révolutionnaires triomphantes depuis les deux conflits mondiaux comme l’a magnifiquement expliqué Dominique Venner dans son livre intitulé « Le siècle de 1914 » vont être balayées. Les temps ne sont donc plus aux discussions byzantines sur le « sexe des anges », sur le « drapeau blanc » ou sur tout autre sujet pouvant nous diviser, mais au nécessaire rassemblement avant le combat de survie qui nous attend. Chez les Gaulois, quand un danger mortel menaçait et qu’il fallait oublier les querelles subalternes pour réaliser l’union, des envoyés allaient de village en village arborant la représentation d’une alouette, ce qui signifiait que la mobilisation générale était demandée. Or, en ce moment, j’entends l’alouette chanter…

 

Le Rouge & le Noir

Commentaires

  • Bernard Lugan fait partie du petit nombre de savants qui voient clair même dans la tempête, ses analyses sont d'un maitre historien digne de la plus grande confiance.
    Un Chef naturel, pas besoin d'élections.

  • C'est la France d'autrefois:
    http://www.cosmovisions.com/art-Chant-Alouette-Breton.htm
    Est-ce qu'il est encore temps de la sauver?
    Il n'y a que Marine Le Pen qui puisse le faire.. Les autres ont tout gache.

  • Nelly, je suis sûre maintenant qu'il n'y a plus que Marine qui puisse sauver notre malheureux pays. C'est pourquoi je la soutiens à fond sur ce blog. Car il y a urgence.
    Il me semble que les peuples européens commencent à comprendre qu'ON veut les détruire. Regardez les élections en Norvège, quelle victoire! Pourquoi n'en serait-il pas de même en France?
    Il faut écouter le chant de l'alouette!

  • Lugan est une référence en matière de racialisme (ou d'anthropologie !) , et la mienne depuis longtemps. Plus d'une fois il s'est montré prémonitoire sur cette question incontournable pour la compréhension des problématiques africaines. Désormais, ses analyses s'adressent à la France et à l'Europe.
    La mobilisation générale doit devenir une priorité nationale, nous sommes en guerre ! Et même si Marine ne satisfait pas les fantasmes des "purs et durs" (et impuissants congénitaux), il n'y a qu'elle pour l'instant, et il faut effectivement la soutenir sans états d'âmes !

  • Quelle conclusion.
    Un combat pour la survie, la représentation de l'indispensable rassemblement au travers de la belle image d'une coutume gauloise.
    Cet historien sait que le sang coulera à flots, demain.
    Espérons que le sang de ceux qui sont déjà tombés pour leur pays de tout temps, ne sera pas définitivement offensé par une défaite de notre résistance demain. Sinon, c'est qu'il n'y a pas de morale au travers du Temps et que tout est permis.

    Comment ne pas se ranger sous la bannière de Marine ou des nationalistes plus largement, dans les conditions de dégénérescence de la France et de l'Europe? Il faut être fou, mourant, idiot, servile, une composante de ces tares, ou les pires traîtres qu'aient connu les nations d'Europe de toutes leurs époques.
    Nous mourons un jour en sachant que nous aurons vécu l'époque la plus perverse et honteuse de toute l'Histoire des pays civilisés, en sachant que nous mènerons le dernier combat des pays pour leur survie. Ce sera terrible.

    Il faudra que les traîtres et idéologues de ces pratiques d'invasions payent pour cela. Au moins autant que ce que nous en payerons. Trouvons un moyen d'arriver au moins à cet objectif.

  • Quelle lucidité et quelle clairvoyance dans cette analyse ! Lugan n’est pas qu’un grand historien, mais c’est aussi un très fin analyste politique.
    Oui, d’accord avec Gaëlle : il n’y a que Marine pour nous sauver !

  • Il y a encore en France des hommes et des femmes d'une grande intelligence! Mais ils ne sont pas, hélas, au gouvernement ni même à l'Assemblée. Encore un effort! On commence à tenir le bon bout, ne le lâchons pas!

  • Dirk: il faut en effet soutenir Marine de toutes nos forces, , car le combat est très dur pour elle, c'est une femme (et une mère de trois enfants) qui met tout son être et toute son âme dans la bataille, avec un courage admirable. Elle est parfaitement lucide quant à l'état de notre malheureux pays et elle le sauvera. C'est notre valeureuse Jeanne d'Arc! Une vraie femme de France! Nous devons l'aider et nous devons l'aimer. Et haïr ceux qui lui font du mal. Marine est notre dernière chance, envoyée à nous par la Providence. La France ne peut pas mourir.

  • On peut signaler au passage que le mot "alouette" est précisément l un de nos rares mots d origine gauloise (alaude/a comme repris en latin), l origine étant attestée par les historiens Pline, Suétone et Cicéron.
    Il est pourtant à craindre que les veaux épais ne percoivent pas le chant délicat de ce passereau et persistent dans leur vote UMPS ...

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