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Y’a des choses qui me tracassent. Mais ils sortent d’où, ces Erythréens ?

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17 octobre 2013

                        

Bien sûr, ils sortent d’Erythrée. Enfin on suppose. Mais encore ? A Lampedusa, c’est maintenant plein d’Erythréens. Comme ils ont échappé à la mort, il ne faut pas trop les bousculer. N’empêche que leur histoire, c’est comme leurs bateaux : elle ne tient pas debout.

Il y a une chose qui me tracasse. Et pas depuis la semaine dernière. A chaque fois qu’un rafiot accoste sur les côtes européennes, bondé de migrants soi-disant miséreux, fuyant qui la pauvreté, qui la guerre, qui la famine, qui sa belle-mère, on nous raconte que ces gens-là nous sont arrivés grâce aux passeurs, lesquels se sont bien sûr faits payer, et pas avec des grains de mil. On nous dit aussi, sans que nul ne s’interroge, qu’il y a un tarif plancher qui est de 1000 euros.

 

On ne sait pas trop si c’est 1000 euros par tête de pipe ou par famille, encore qu’il semble peu probable que le tarif soit uniforme selon que le passager prenne une place sur le bateau ou une demi-douzaine.

Les derniers arrivants provenaient d’Erythrée. « De l’Ethiopie, nous sommes allés au Soudan, puis en Libye. Et nous sommes arrivés ici », déclarait l’un de ces migrants en anglais compréhensible devant les caméras, sa petite mine trouvant ainsi sa justification. C’est vrai que ça fait de la route. Et des sous. En Erythrée, le revenu moyen est de 560 dollars par an. Le calcul est en dollars parce que c’est la Banque mondiale, installée à Washington, qui le livre. En monnaie bien de chez nous, ça donne 412 euros. Par an. Soit 34 euros par mois. Je divise juste par douze parce qu’il paraît que là-bas, il n’y a pas de treizième mois.

Mais comment font-ils pour économiser autant ?

Ainsi donc, pour venir en Europe – seul –, un Erythréen à l’agonie, n’ayant pas d’autre choix que de gagner l’Europe s’il veut survivre, est capable de débourser près de trente mois de revenus, soit deux ans et demi de gains qu’il a économisés mois après mois tout en faisant vivre – chichement, on s’en doute – sa famille ? On se fout de qui ? A titre de comparaison, c’est comme si un Français, pour passer à Londres, avait dû débourser 87000 euros, rien que pour le passeur! Pour arriver les poches vides, n’ayant même pas de quoi se payer un ticket de métro, ce qui après tout n’est pas farfelu puisque ce sont les hébergeurs qui payent tout.

En Erythrée – ou ailleurs, en Ethiopie, en Somalie, au Soudan, etc. –, le gus qui peut sortir une telle somme n’est pas un pauvre paysan – au fait, on regarde leurs mains? – dont la récolte a péri à cause du soleil caniculaire, vous ne savez pas ce que c’est mon pôv’ monsieur. Il ferait même plutôt partie des privilégiés d’une société très inégalitaire. Des privilégiés qui, en Erythrée, ne peuvent l’être que s’ils sont bien vus par le régime à parti unique de Issayas Afewerki, un « grand frère paranoïaque et terrifiant » comme le décrivait « Le Monde » il y a quelques jours, « gardien d’un Etat mi-caserne mi-prison » et dernier maoïste en fonction sur la planète!

Autant dire que pour gagner un peu de sous, il vaut mieux être dans ses petits papiers et que la spéculation boursière – sait-on jamais, l’Erythréen pourrait jouer en bourse pour se payer le voyage – n’est pas la spécialité locale. L’esclavage est plus courant. Le pillage aussi. L’Erythrée est un pays en guerre perpétuelle, réelle ou larvée, contre l’Ethiopie. Ça entretient le moral des troupes et la solde des combattants, ceux de l’armée ou ceux des milices. L’autre moyen de faire fortune est d’être malhonnête (non, ce n’est pas pareil). Par le marché noir, les accointances avec les mafias, tout ce qui prolifère habituellement sous une dictature.

T’as survécu tu peux rester…

La question du financement de la traversée des déserts puis de la Méditerranée n’étant pas résolue, il y a une deuxième chose qui me tracasse. Toute bête. Pourquoi ces échappés du naufrage, une fois arrivés sur nos côtes, ne sont-ils pas renvoyés d’où ils viennent, vu qu’on sait très bien d’où ils arrivent puisqu’ils se disent eux-mêmes Erythréens ? Un avion cargo, qui leur paraîtra le summum du luxe après ce qu’ils ont vécu et hop! direction Asmala et son aéroport. Ben non, allez savoir pourquoi, on se les garde. A croire que c’est le cadeau bonus, mieux que les Jeux panafricains qui n’ont lieu que tous les quatre ans : quiconque a survécu au concours a gagné le droit de rester en Europe!

Au lieu de dire merci pour avoir été sauvés, les mecs, tranquilles, râlent…

J’ai vu un reportage épatant. Les mecs râlaient. Au lieu de dire merci pour être en vie, au lieu de faire profil bas pour avoir pris la mer sans savoir nager ou pour avoir entraîné toute leur petite famille dans une traversée hautement périlleuse, les mecs, tranquilles, râlaient. Il y avait celui qui engueulait une assistante sociale italienne parce qu’il n’avait pas de nouvelles de son fils, qui avait été sauvé mais se trouvait à Malte, séparé, rendez-vous compte, de son papa et de sa sœur, mais vivant, ohé, vivant mec! Et sauvé par qui, hein? Pas par son papa il me semble!

Il y avait celui qui râlait parce que, rendez-vous compte, il était en Europe, terre de liberté et toussa toussa, et il se trouvait dans un centre de rétention, où il n’avait strictement rien à battre qu’on le loge, qu’on le nourrisse, qu’on lui permette de téléphoner à sa famille restée au pays – tiens donc… et au fait, combien d’Erythréens ont le téléphone, hum? – sans même lui demander son passeport, et pour cause, non, il râlait parce qu’il voulait se promener et qu’on lui demandait, poliment, de bien vouloir attendre que certaines formalités soient achevées. Il y avait enfin ce lui qui, ayant des connaissances en Norvège et ayant vu à la télé ou sur une carte postale que là-bas, il y avait de belles maisons et toute sorte d’aides – si si, il l’a dit! –, voulait y partir pas plus tard que tout de suite…

Tout ça a fini par me rappeler une vieille histoire, du temps des cours de récréation. « Pince-mi et pince-moi sont dans un bateau. Pince-mi tombe à l’eau. Qui est-ce qui reste? » Il paraît que c’est la première fois qui fait mal. Il y a juste que ce n’est pas la première fois.

Marc Bertric

Article et image de l’hebdomadaire “Minute” du 16 octobre 2013, reproduit avec son aimable autorisation. Minute disponible en kiosque ou sur Internet.

   

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Commentaires

  • personnellement , et depuis fort longtemps , je me suis posé aussi la question , comment des (miséreux) peuvent-ils payer des sommes astronomiques à des passeurs ?? méme en comptant sur leur famille qui ne doit pas non plus rouler sur l,or . . !!
    et ensuite rester en europe sans de véritables ressources , rembourser leur débiteur , mystére . .!!
    à moins qu,il sont aidés par des officines mondialistes , ce qui facilite le plan du grand remplacement . .!!
    quant à leurs revendications sur place , rien d,étonnant , en europe , vous étes un étranger :gueulez , menacez , vous ne risquez rien et en plus on vous déroule le tapis rouge pour satisfaire vos besoins , pas d,inquiétude le citoyen-lambda passera à la caisse , car c,est son devoir de charité universelle. . .!!
    salutations.

  • Tout fonctionne comme dans un grand orchestre, chacun joue sa partition et de façon parfaitement synchronisée, comme ici, les voyageurs, les bailleurs de fonds et les réceptionnistes font tranquillement ce qu'ON leur a dit de faire, qui sait si comme Judas il n'y a pas des poignées de deniers à circulation secrète, comme en pleine nuit, comme en pleine trahison.
    Maintenant , il nous faudrait un petit sous-marin, lui aussi très secret, nocturne pour s'occuper du nettoyage des côtes de l'Europe.
    Ce monde qui arrive , c'est pour notre malheur, nos malheurs et celui de nos enfants, la compassion devient alors un Crime ou une monumentale connerie ce qui revient quasiment au même.
    Le seul accueil véritable, est dans le sifflement des balles de mitrailleuses, il est déjà bien tard pour réagir, et surtout, méprisons totalement les lois européennes ou autres, participantes de notre destruction.

  • @ parvus: ce sont forcément des officines qui financent ces transferts de populations africaines vers l'Europe! La grande ruse est ensuite de nous culpabiliser. L'antipape y va de ses trémolos! Le tour est joué! Les imbéciles émus marchent à fond! Il y a perversion de la véritable charité chrétienne, que l'on voit par exemple à l'œuvre avec Solidarité Kosovo ou avec les petits frères des Pauvres qui s'occupent des personnes âgées et démunies, en France et maintenant en Europe dans quelques villes. Que de misères cachées à soulager chez nous!
    Un jour, nous saurons le nom de ces officines qui veulent l'invasion de l'Europe et en particulier de l'Italie et de la France, pays catholiques. D'autres personnes doivent y penser comme nous.

  • Ah, comme j'apprécie les convives de votre merveilleux site, Gaelle.
    J'adore tout ce qui s'écrit chez vous.
    Cela fait tellement de bien!

  • Merci, raul!

    Bon week-end!

  • Vouloir faire de ces Africains des Europeens est une absurdite..
    Bernard Lugan nous l'explique tres bien. Ils ne sont pas a leur place non plus a New York...:
    « L’individu n’existe pas en Afrique. L’Homme fait partie d’un lignage ; le culte des ancêtres fait que chaque africain est capable de réciter sa généalogie sur plusieurs générations », explique Bernard Lugan. Le cas des noirs américains des classes populaires baignant dans un environnement culturel mondialiste indique que cette voie ne saurait-être la bonne pour l’épanouissement du continent noir. Gavé de « malbouffe » issue des chaînes de fast-foods, de musiques RAP agressives et de films violents, le noir New-Yorkais est, aux yeux de Bernard Lugan, « un zombie déraciné, pas un Africain ».

    Pourquoi tout simplement ne pas les aider a rester chez eux? Au lieu de leur donner de faux espoirs...

  • Et la solidarité arabo-musulmane ?
    Après la tragédie du naufrage de Lampedusa, personne n'évoque la possibilité d’un « couloir humanitaire » orienté vers d'autres contrées que l'Europe, afin de trouver une solution adaptée aux réalités humaines et géographiques.
    Une multitude de réfugiés viennent d’Erythrée, de la côte de Somalie, en un mot, globalement de la corne de l’Afrique, d’autres viennent de Syrie. La plupart sont musulmans. Pour ceux qui viennent de la corne de l’Afrique il est à remarquer que la riche Arabie saoudite est dix fois plus proche de leurs lieux d’émigration que l’Europe. L’évidence d’un simple transfert par traversée de la Mer Rouge s’impose donc. D’autant qu’à l’est de l’Arabie, le richissime Qatar et autres émirats prospères pourraient tout de même en accueillir également un grand nombre.
    On pourrait donc très bien créer un premier « couloir » humanitaire consistant, sous la houlette du croissant rouge islamique, à regrouper les réfugiés à Djibouti pour les transférer à quelques kilomètres seulement, de l’autre côté du détroit de Bab al Mandab, au Yémen d’où ils pourraient être acheminés par tous moyens, en longeant la Mer Rouge côté Arabie vers les opulentes villes de Djedda, de la Mecque et de Médine où doit indubitablement s’exercer prioritairement la générosité de l’Oumma islamique. Par exemple, le seul argent arabe dépensé dans l’achat du P.S.G. et l’entretien de ses joueurs pourrait faire vivre des milliers de malheureux…
    Pour ce qui est des réfugiés syriens l’évidence s’impose d’une plus grande ouverture des frontières de la Turquie que ne déséquilibrerait pas une immigration quantitativement bien moindre que celle que l’Europe a accueillie au fil des années... Une évidence criante s’impose : le réfugié musulman a droit à la solidarité musulmane ! C’est un devoir pour « l’Oumma » que de accueillir les siens.
    Mais on sait que le véritable projet de l'Oumma est de s'étendre à toute l'Europe !

  • @ Dirk: ils n'ont de solidarité entre eux que CONTRE les Infidèles, semble-t-il.
    Dans ces pays riches qui pourraient facilement les accueillir, il y a une POLICE et une JUSTICE, auxquelles ces clandestins n'ont aucune envie de se frotter! On n'en veut pas là-bas! Les émirs de ces pays préfèrent importer de la main-d'œuvre du Népal!

    Mais en Europe, il y les "Remplacistes"!

  • Approche très intéressante : d'où sort le fric! De ceux qui en ont.

    Par ailleurs, là, j'ai l'impression qu'il y a une épidémie de naufrages.

  • Très bon article de Minute, qui pose de bonnes questions et dont on attend de nos grands esprits qui nous gouvernent qu’ils nous donnent des réponses sensées ! Mais, allez savoir pourquoi, ces grands esprits ne comprennent même pas ces questions !

  • Gaelle, absolument !! vous avez parfaitement résumé la situation. . .!!
    ce que ne dois pas comprendre nos idiots utiles de lycéens et consorts . . !!
    nous sommes dans de beaux draps avec de pareils enfumés . . !!!
    salutations.

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