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Finkielkraut : «Nous sommes engagés dans un mouvement de profanation intégrale»

Tribune
Publié le 14 Janvier 2014

 

 

Interview - écrivain, philosophe, essayiste, Alain Finkielkraut construit une œuvre autour de la transmission, la défense des humanités et la critique de la modernité. Le racisme, l'antisémitisme, l'antiracisme nourrissent depuis longtemps sa méditation sur l'identité. Sorti au mois d'octobre, son dernier ouvrage, L'Identité malheureuse (Stock), a été au cœur d'un âpre débat et connaît un important succès de librairie. Il réagit à l'affaire Dieudonné.

 

Le Figaro : Que révèle l'affaire Dieudonné de notre société et de notre pays?

 

Alain Finkielkraut : Je dirais pour commencer que nous devons au ministre de l'Intérieur la prise en compte par les grands médias de l'ampleur et de la gravité du phénomène. Dieudonné faisait, en toute quiétude, son show au Théâtre de la Main d'Or à Paris et ses tournées dans les grandes villes de province devant des salles bondées. Il a fallu que Manuel Valls demande aux préfets d'interdire ces spectacles pour que les journaux se saisissent du problème et pour qu'émerge sous nos yeux ébahis la génération Dieudonné. Une France multicolore cimentée non, comme on le dit, par le racisme, mais par la haine des juifs.

 

Son public assure qu'il s'en prend à tous.

 

Dieudonné ne choisit pas les juifs comme une cible parmi d'autres de son humour dévastateur. Les juifs sont son obsession et l'antijudaïsme sa philosophie. Il interprète l'histoire comme une confrontation planétaire entre deux subjectivités: les juifs et, non pas les Aryens, mais les peuples, tous les peuples. Il déclare que les juifs se sont enrichis grâce à la traite négrière, que plus récemment ils ont très vraisemblablement introduit le sida en Afrique. Il ne considère pas le sionisme comme un mouvement de libération nationale ni même comme une forme de colonialisme dont les Palestiniens auraient à souffrir. Le sionisme à ses yeux est une entreprise de domination du monde. S'affranchissant de toutes les données géographiques, il confère au sionisme les deux attributs de l'omniprésence et de l'omnipotence. Nous revenons, avec Dieudonné, à la thématique du Protocole des sages de Sion. Les one-man-show de Dieudonné sont structurés par l'antisémitisme. Au lendemain de l'initiative de Manuel Valls, il a dit ceci: «Les juifs et les nazis se sont fait la guerre. Qui a tort? Qui a raison? Moi, je suis neutre. Je ne sais pas lequel a volé l'autre, mais j'ai ma petite idée.» Éclats de rire dans la salle. Et on voudrait nous faire croire qu'il peut tout d'un coup se métamorphoser en Bourvil ou en Pierre Dac. Dieudonné peut prendre quelques petites précautions et mettre autant que possible «sioniste» à la place de «juif» dans ses sketchs, cela ne trompera personne… Lire la suite.

CRIF

Commentaires

  • Finkelkraut, tel qu’en lui-même…

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