L'ex-opposition, désormais aux manettes en Ukraine, traite déjà les dossiers chauds. Un mandat d'arrêt pour «meurtre de masse» de civils contre le président déchu Viktor Ianoukovitch, porté disparu depuis samedi, a été lancé par un ministre provisoire de l'Intérieur.
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Les rumeurs vont bon train. L'une d'elles insinue qu'il aurait embarqué à bord d'un navire militaire russe à Sébastopol, selon le «Spiegel» qui n'accrédite pas particulièrement cette thèse. Le Parlement devrait nommer mardi un Premier ministre et un gouvernement de transition, sur fond d'échanges diplomatiques avec les Occidentaux à Kiev.
Les Finances ont, pour leur part, annoncé que l'Ukraine, menacée par un défaut de paiement, pourrait avoir besoin de 35 milliards de dollars (environ 26,5 milliards d'euros) d'ici les deux prochaines années. De son côté, la Russie refuse de reconnaître la légitimité du nouveau pouvoir et en menace le pays de mesures de rétorsions économiques.
Face à Poutine, Hollande prône un «gouvernement de large rassemblement». Dans un entretien téléphonique, François Hollande a insisté lundi auprès du président russe Vladimir Poutine sur «la nécessité d'une transition pacifique» en Ukraine et «l'importance de veiller à l'unité et à l'intégrité territoriale du pays». Il a aussi souligné que «la formation attendue d'un gouvernement de large rassemblement doit permettre d'organiser l'élection présidentielle et d'engager les réformes indispensables» dans ce pays. «Tout doit être fait pour qu'une aide financière soit apportée dans cette période difficile à l'Ukraine pour accompagner la modernisation économique», a-t-il poursuivi. «L'Union européenne et la Russie doivent travailler ensemble en ce sens», a demandé François Hollande qui a convenu avec Vladimir Poutine de «poursuivre leur consultations».
Comme le lui avait proposé la chancelière Merkel, Ioulia Timochenko partira se faire soigner en Allemagne, a annoncé lundi son parti (le Parti de la Patrie) sur son site internet, deux jours après sa libération. Elle sera traitée au mois de mars, à l'hôpital de la Charité à Berlin, selon le «Spiegel». Egérie de la Révolution orange de 2004 et ex-Premier ministre, qui souffre de hernies discales, était apparue en fauteuil roulant après sa libération surprise samedi. Angela Merkel lui a demandé samedi d'œuvrer «pour la cohésion du pays y compris avec avec les habitants de l'Est ukrainien».
Ashton, arrivée à Kiev, précède l'Américain Burns et le Britannique Hague. La haute représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton a rencontré lundi dans l'après-midi le président par intérim Olexandre Tourtchinov et s'est rendue sur le Maïdan pour y déposer des fleurs à la mémoire des 82 tués lors des violences de la semaine dernière. Le numéro deux de la diplomatie américaine, William Burns, est attendu à Kiev mardi. Il sera accompagné de représentants du Trésor américain, lesquels «travailleront de concert avec des partenaires comme l'UE et le FMI pour discuter d'un soutien financier nécessaire» à l'Ukraine, selon le département d'Etat. La Maison Blanche s'est abstenue lundi de qualifier Olexandre Tourtchinov de président légitime a appelé à la formation d'un gouvernement de techniciens pour assurer l'intérim jusqu'à des élections. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, se rendra «sous peu» en Ukraine, un pays qui a un «besoin urgent d'une aide financière» pour éviter une possible faillite.
La perspective d'une pleine intégration de l'Ukraine à l'Union européenne n'est pas à l'ordre du jour, Bruxelles, se contentant de raviver, sous conditions, l'accord de commerce et d'investissement toujours sur la table, que le gouvernement ukrainien n'avait pas ratifié en novembre et qui entraîné la révolte que l'on sait. A peine le sentiment d'empathie pour les manifestants pro-européens ukrainiens passé, le réalisme a repris ses droits. Le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a ainsi résumé: «Une Ukraine en faillite serait un poids trop lourd, aussi bien pour son grand voisin de l'est (la Russie, ndlr) que pour l'UE». Si plusieurs Etats membres, surtout à l'est du continent - Pologne, Roumanie - sont favorables à l'intégration de l'Ukraine dans le giron européen, beaucoup d'autres dont la France, les Pays-Bas et l'Allemagne sont vent debout contre tout nouvel élargissement.
Le ministre grec des Affaires étrangères, Evangelos Venizelos, dont le pays préside actuellement l'Union européenne, s'est dit lundi favorable à l'organisation d'une conférence internationale : «Il faut éviter une guerre civile, il faut éviter l'effondrement financier et économique du pays, et il faut organiser une conférence internationale pour éviter la faillite de l'Ukraine».
Eviter la partition. A l'instar de l'Union européenne et des Etats-Unis, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé lundi à «préserver l'unité et l'intégrité territoriale» de l'Ukraine et a dépêché un de ses conseillers à Kiev. Les pays du groupe de Visegrad (République tchèque, Hongrie, Pologne et Slovaquie) sont «fortement attachés au maintien de la souveraineté, de l'indépendance, de l'unité et de l'intégrité territoriale» du pays, ont souligné leurs chefs de la diplomatie réunis à Budapest. La communauté internationale redoute que la crise des derniers mois n'ait encore creusé le fossé entre l'est du pays russophone et russophile, majoritaire, et l'ouest nationaliste et ukrainophone. Sur le terrain cependant, les régions plus proches de Moscou ne montrent pas de signes exprimant une volonté faire sécession. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a nommé un envoyé spécial pour l'Ukraine et proposé de créer un Groupe de contact international pour gérer cette «période de transition».
Moscou conteste la légitimité du nouveau pouvoir. La Russie a dénoncé aujourd'hui la tendance «dictatoriale et les méthodes terroristes» ainsi que les mesures «anti-russes» prises par Kiev en Ukraine. Pour Moscou, la légitimité des organes du nouveau pouvoir en Ukraine suscite «de sérieux doutes», a estimé le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev. «Si on considère que des gens qui se baladent dans Kiev en masques noirs et avec des kalachnikovs sont le gouvernement, alors il nous sera difficile de travailler avec un tel gouvernement», a-t-il ajouté, qualifiant d'«aberration», la reconnaissance du nouveau pouvoir par les Occidentaux. «Je ne sais pas quelle Constitution ils ont lue, mais il me semble que c'est une aberration de considérer comme légitime ce qui est en fait le résultat d'une révolte», a-t-il dit.
Pour Laurent Fabius, il n'y a «pas de temps à perdre» pour aider financièrement l'Ukraine car «il n'y a plus d'argent dans les caisses». A cet égard, «il y a ce qu'a promis la Russie, et il est souhaitable que nos partenaires et amis russes puissent continuer à apporter leur soutien» économique, a insisté le chef de la diplomatie française.
Les premières menaces de la Russie. Moscou augmentera les droits de douane sur les importations en provenance d'Ukraine si Kiev se rapproche de l'Union européenne, a prévenu le ministre russe de l'Economie dans un entretien paru lundi en Allemagne. «Nous disons à l'Ukraine : bien sûr vous avez le droit de choisir votre voie», a déclaré Alexeï Oulioukaev dans les colonnes du quotidien des affaires «Handelsblatt», au sujet de l'accord d'association envisagé par Kiev avec l'UE. «Mais dans ce cas nous nous verrons dans l'obligation d'augmenter les droits de douane à l'importation».
Le pays au bord du «précipice» financier. Le ministre des Finances par intérim Iouri Kolobov a annoncé que «l'aide macroéconomique dont a besoin l'Ukraine peut atteindre 35 milliards de dollars en 2014-2015». «Nous avons proposé à nos partenaires occidentaux d'organiser une grande conférence internationale de donateurs», a déclaré le ministre dans un communiqué. «Nous avons demandé à nos partenaires occidentaux (Pologne, Etats-Unis) l'octroi d'un crédit d'ici une semaine ou deux», a-t-il souligné sans préciser le montant du crédit demandé.
«L'Ukraine est en train de glisser dans le précipice, elle est au bord d'un défaut de paiement», avait prévenu dimanche le président par intérim Olexandre Tourtchinov, dénonçant la gestion de Ianoukovitch et de son Premier ministre, Mykola Azarov, qui, selon lui, ont «ruiné le pays». L'Union européenne se tient prête à aider l'Ukraine à honorer ses engagements financiers, sous forme de prêts «notamment via le Fonds monétaire international, et à négocier son tournant politique, a indiqué lundi le ministre britannique des Finances, George Osborne.
La traque du président déchu. Porté disparu depuis samedi, le président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch fait l'objet d'un mandat d'arrêt pour «meurtres de masse» de civils, a déclaré lundi le ministre de l'Intérieur par intérim Arsen Avakov sur son compte Facebook. «Une enquête criminelle a été ouverte pour meurtre de masse de civils à l'encontre de Ianoukovitch et de plusieurs autres fonctionnaires. Un mandat d'arrêt est lancé contre eux», a souligné le ministre. Des documents potentiellement explosifs détaillant un système de pots-de-vin organisé et une liste de journalistes à surveiller ont par ailleurs été découverts dans la très luxueuse résidence du chef de l'état déchu, dans la banlieue de Kiev.
Le Parisien - 25 02 14
Commentaires
Pour ces gens là, la partition était excellente lorsqu'il s'agissait de la Yougoslavie (ou de la province serbe du Kosovo), mais ne l'est pas pour des régions russe d'Ukraine !
Pourtant, certaines de ces régions russes furent arbitrairement attribuées à l'Ukraine à l'époque soviétique.
Au fait , si j' étais le Pout , je m' occuperais aussi de la France de Sarkhollande en faisant s' agiter la muzzerie de banlieue par les agents du FSB (KGB)!
Si c'était le cas , Ennemimollette aurait besoin d' une triple couche de langes pour adultes : idem pour le matamore Valls .