Les élections législatives et présidentielles en Ukraine sont fixées au 25 mai. Elles sont pour le moins douteuses parce que c’est le fait des hommes qui se sont installés au pouvoir à la suite d’un coup d’État armé. Par ailleurs, si l’on considère ces élections comme une chance d’établir la paix et la concorde sur le sol ukrainien, elles pourraient être justifiées du point de vue historique. En revanche, il n’est pas du tout évident de savoir qui accédera au pouvoir par les urnes. Tout porte à croire qu’on distribuera le même jeu pipé de politiciens dont la population ukrainienne est lasse parce qu’ils se sont avérés incapables de l’unir autour d’une idée raisonnable et non pas destructrice.
Les nationalistes Oleg Tiagnibok et Dmitri Yarosch ne constituent pas un terrain d’entente entre l’Ouest et la Sud-Est d’Ukraine et finiront plutôt par diviser le pays encore uni. Le premier ministre Arseni Iatseniouk, le leader du parti UDAR Vitali Klitchko et le président intérimaire Alexandre Tourtchinov n’ont pas l’étoffe d’hommes politiques sérieux et leur mission consiste à réaliser sur le terrain les idees conçus en Occident.
Sur cette toile de fond, Ioulia Timochenko avec sa fameuse fausse natte a l’air assez exotique de comédienne de province. Mais elle possède un avantage, c’est l’image de martyre, victime du « régime cruel et mensonger » de Viktor Ianoukovitch. Nous avons interrogé le politologue Vladimir Pantine sur ses chances réelles de remporter la présidentielle. Et voici sa réponse :
Elle a déjà perdu une partie de son électorat et on le voyait bien à la réaction de Maïdan à son intervention qui était tiède dans la majorité. En outre, elle a désormais des rivaux influents comme Vitali Klitchko. Les oligarques ukrainiens se livrent également une lutte d’influence qui ne fera que s’exacerber. Je dirai donc que les chances de Timochenko sont 50 sur 50. Cependant, les événements qui peuvent se produire à la veille des élections peuvent soit accroître sa popularité, soit la diminuer. D’ailleurs, du moment qu’elle est soutenue par les États-Unis, elle pourrait déployer des efforts pour gagner en popularité à la faveur notamment des slogans antirusses.
Certes, Timochenko sera également présente sur « le terrain nationaliste » en ôtant le pain à Tiagnibok et Iaroch. Elle pourrait également changer de ton en s’adressant aux régions du Sud-Est parce que l’ex-première ministre est connue pour sa souplesse face à certaines situations. Il se peut aussi qu’elle se soit entourée de bons spécialistes en communication. De toute façon, Timochenko a déjà déclaré qu’elle assumait l’entière responsabilité de la situation en Ukraine en créant ainsi l’image d’une mère de tout le peuple à la fois généreuse, charitable, forte et juste. Cette technologie politique simple mais sûre peut marcher en Ukraine dans son état « dissolu » actuel. Il importe surtout de ne pas exagérer comme c’est déjà arrivé début mars, quand Timochenko a envoyé une lettre au célèbre poète ukrainien Taras Chevtchenko, littéralement dans l’au-delà.
Bogdan Bezpalko, directeur adjoint du Centre d’études ukrainiennes et biélorusses de l’université de Moscou, estime que les chances de Timochenko dépendent directement de sa rhétorique et des démarches concrètes. Il y a cependant de nombreuses « contre-indications » et contradictions :
Qu’elle ait pris ses distances vis-à-vis des putschistes est un facteur à la fois négatif et positif. Il est positif qu’elle puisse déclarer n’avoir joué aucun rôle dans la prise du pouvoir. Mais il est négatif qu’elle n’ait pas pris part au renversement de son ennemi juré Ianoukovitch en étant un témoin passif des événements.
Le jeu des candidats au poste présidentiel n’incite pas à un optimisme particulier quant à la sortie de l’Ukraine d’une crise politique, économique et sociale profonde. Il n’y a pas de visages nouveaux, la thèse répétée comme une litanie par les leaders de Maïdan, mais aussi, et c’est le plus grave, il n’y a point de personne qui pourrait arrêter le démontage collectif de l’État ukrainien et fédérer les forces saines de la société. Cela signifie que Maïdan et l’exaltation générale iront toujours bon train. Quant aux semailles et au travail en général, il peut attendre sine die parce que faire la grève, c’est plus amusant que travailler.
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Commentaires
Ioulia Tymochenko est la fille de Vladimir Abramovitch Grigyan !
Natte blonde, certes, mais l'œil plus noir que la nuit !