par Marcin Goettig et Christian Lowe
VARSOVIE (Reuters) - Le succès du parti Jobbik le week-end dernier aux élections législatives hongroises en a fait la plus grande force d'extrême droite en Europe.
C'est aussi un modèle pour des mouvements aux idées similaires en Pologne, en Slovaquie, en Bulgarie, en Croatie et jusqu'en Grande-Bretagne, où le British National Party (BNP) entretient des relations étroites avec le parti de Gabor Vona.
Ces formations se retrouvent sur des thèmes communs: nationalisme, rejet de l'immigration, de la mondialisation et de la "toute-puissance des institutions financières", méfiance voire aversion envers les "technocrates" de l'Union européenne, révolte contre la "décadence morale" - notamment l'homosexualité.
Dans les pays de l'Est européen, autrefois communistes, une demi-douzaine de partis d'extrême droite entretiennent entre eux des liens plus ou moins étroits. Au centre de ce réseau, le Jobbik.
La formation nationaliste hongroise a recueilli le 6 avril 20,54% des voix aux élections législatives, près de 5 points de plus qu'en 2010.
Au nom de la solidarité régionale, il cherche à exporter son idéologie et ses méthodes à l'étranger, avant les élections européennes du mois prochain.
Mais ses positions radicales parfois teintées d'antisémitisme ont poussé plusieurs partis nationalistes d'Europe de l'Ouest à prendre leurs distances.
"DE L'ADRIATIQUE À LA BALTIQUE"
Dans un communiqué envoyé à Reuters, le Jobbik (Mouvement pour une meilleure Hongrie) dit son espoir de créer une alliance des peuples "de l'Adriatique à la Baltique", afin de tenir tête à l'"euro-atlantisme".
Plusieurs réunions ont rassemblé le Jobbik et le parti polonais Ruch Narodowy (Mouvement national) en vue des élections européennes du mois prochain. Une marche en novembre dernier à Varsovie a entraîné des affrontements avec la police mais le Jobbik assure être hostile à la violence.
Des contacts existent aussi avec des partis nationalistes en Slovaquie, en Croatie et en Bulgarie.
A l'Ouest, le BNP de Nick Griffin revendique des relations étroites avec la formation hongroise.
Le Jobbik dispose d'un budget annuel de 1,7 million d'euros, provenant principalement des dotations publiques versées aux partis représentés au Parlement. Cela lui permet de financer ses permanents et ses campagnes.
"Ce que le Jobbik a réussi en Hongrie, pourquoi est-ce que ça n'arriverait pas ailleurs avec les partis qui partagent les mêmes valeurs que lui ?", demande l'un de ses dirigeants, Marton Gyongyosi.
"CONTRE LES DIKTATS DE BRUXELLES"
Ces partis ne cachent pas leur méfiance envers les immigrés et les Roms.
En Slovaquie, Hromoslav Skrabak, dirigeant du Slovenska Pospolitost, prône une politique de ségrégation et des méthodes "humaines" en vue de réduire la fertilité des Roms.
Il précise que son groupe entretient des contacts avec des partis d'extrême droite en Biélorussie, en Bulgarie, en République tchèque, en Hongrie, en Pologne, en Roumanie et en Serbie afin de combattre les "diktats de Bruxelles".
En Croatie, Frano Cirko, membre du Pur Parti croate du droit, se félicite de la coopération avec les partis frères des pays étrangers afin de lutter contre le "capitalisme néo-libéral" qui menace selon lui les valeurs traditionnelles de l'Europe et son héritage.
En Bulgarie, Angel Djambazki, numéro eux du VMRO, salue également l'"étroite coopération" avec le Jobbik et un groupe croate qui a permis à son mouvement d'étendre son influence.
En Europe occidentale, à part en Grande-Bretagne avec le BNP, le Jobbik réussit moins à attirer la sympathie des groupes d'extrême droite, notamment en raison de ses déclarations parfois teintées d'antisémitisme.
Aux Pays-Bas, le Parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders, farouchement pro-israélien, et en France le Front national, soucieux de "dédiabolisation", gardent leurs distances avec la formation hongroise. En Grèce, le parti Aube dorée affirme ne pas avoir de contacts avec le Jobbik, ce que confirme ce dernier.
(Avec Marton Dunai à Budapest, Renee Maltezou à Athènes, Tsvetelia Tsolova et Angel Krasimirov à Sofia, Robert Muller à Prague, Zoran Radosavljevic et Igor Ilic à Zagreb; Guy Kerivel pour le service français)
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Commentaires
Il semble bien que la plupart des partis patriotiques européens aient en ce moment le vent en poupe : c’est heureux. Et ils doivent s’unir à Bruxelles pour s’opposer de leur poids aux projets mortifères de l’UE. Si l’on ne veut pas disparaître dans peu de temps, il faut absolument barrer la route aux mondialistes et aux cosmopolites.