Modi et le nouvel empire des Indes
Jean Bonnevey
le 18/05/2014
L’occident, fasciné par l’image de Gandhi et le mythe du libérateur anti-colonialiste non violent d’une Inde opprimée par les Anglais, a toujours cultivé le culte d’une dynastie démocratique et laïque, celle des Nehru Gandhi. Au delà des clichés de la récupération politique, des scandales et des échecs, la dernière élection marque objectivement la fin d’une mainmise d’un clan sur le deuxième pays le plus peuplé du monde. C’est la sanction d’années de ralentissement économique, d’effacement politique, de retard vis-à-vis de la Chine et d’humiliations face au Pakistan et au terrorisme musulman.
L’Inde signe une volonté de retour en force qui va changer l’équilibre du sous-continent indien, de l’Asie et du monde. La plus grande démocratie du monde est également le plus grand pays païen de la planète, la seule grande puissance nucléaire non monothéiste, comme on l’oublie trop souvent. « Le Congrès a réalisé une mauvaise performance, nous devons beaucoup réfléchir sur cette défaite cuisante. En tant que vice-président du parti, je me tiens responsable », a dit Rahul Gandhi aux journalistes réunis dans la capitale indienne. Agé de 43 ans et héritier de la famille Nehru-Gandhi, Rahul Gandhi est le fils de l'ancien Premier ministre Rajiv Gandhi et de l'actuelle présidente du Congrès Sonia Gandhi. En tant que candidat du parti à la Primature, il a affronté Narendra Modi, candidat du principal parti d'opposition, le Parti Bharatiya Janata(BJP), aux élections générales. Félicitant le BJP pour sa victoire écrasante, Sonia Gandhi, idole déboulonnée, a dit que « gagner et perdre font partie de la démocratie, nous respectons le verdict » . Cependant, elle a ajouté que « nous espérons également que le nouveau gouvernement ne va pas compromettre l'unité du pays » .
Le nouveau pouvoir indien est démocratique, mais sous surveillance des Usa car nationaliste. Mais les indiens n’en ont que faire. L’immense victoire du parti nationaliste hindou de Narendra Modi lors des législatives en Inde s'est jouée, comme prévu, sur des questions de politique intérieure et notamment celle de la relance d'une économie en berne. Mais ce succès pourrait aussi aboutir à replacer le pays sur la scène internationale. Le Bharatiya Janata Party (BJP) et le futur chef du gouvernement vont d'abord concentrer leurs efforts sur une nécessaire relance de la croissance. Les relations commerciales et économiques avec les Occidentaux auront à coup sûr une incidence sur la politique que va devoir mener Narendra Modi. Avec la Chine dont l'économie est désormais quatre fois plus importante, le déficit commercial indien s'établit à 40 milliards de dollars, faute à la politique d'exportation menée par Pékin et un certain immobilisme indien.
Les données de l'équation diplomatique ont changé récemment au détriment de l’Inde: la Chine affiche ses ambitions de grande puissance et les Etats-Unis lorgnent de plus en plus du côté de l'Asie quand ils évoquent leur avenir, tout en se retirant d'Afghanistan. L’Inde de Modi sera plus active. L’Inde va devoir affirmer plus clairement son statut de puissance régionale.
Le principal sujet de préoccupation concerne les relations avec le voisin pakistanais à propos du Cachemire, région à majorité musulmane dont Islamabad revendique la possession. Les services pakistanais du renseignement et de la sécurité considèrent le président Modi comme un adversaire potentiel et le tenant d'une ligne dure dans les relations bilatérales. « Modi a toujours pris parti contre le Pakistan », rappelle un haut responsable de la défense. « La politique indienne va être beaucoup plus musclée avec lui . »
En politique, les nationalistes convergent sur une idée: la « hindutva », c'est-à-dire la « hindouité » : le conservatisme social, le rejet de l'influence occidentale, le nationalisme économique par l'autosuffisance, l'affirmation aux frontières, et surtout et avant tout l'hostilité envers l'islam. Sans doute est-ce par sage précaution que Modi vient déjà d'être invité par Nawaz Sharif, Premier ministre du Pakistan ! Tout est là, pour la paix régionale. La relation New Delhi-Islamabad déterminera le niveau de tension dans cette Asie du Sud. Narendra Modi, a été au pouvoir comme ministre en chef de l'État du Gujarat depuis 1998. En 2002, un pogrom anti-musulman eut lieu principalement dans la mégapole d'Ahmedabad, un millier de morts, surtout musulmans, face à l'indifférence de la police gujarataise. Mais il y eut, avant cela, des violences anti-hindoues de la part de fanatiques musulmans.
Le terrorisme musulman est un défi majeur pour l’Inde avec de nombreux attentats très meurtriers depuis des années. Des groupes seraient liés à des organisations islamistes basées au Pakistan, le Lashkar-e-Taiba et le Jaish-e-Mohammed, luttant contre la présence indienne au Cachemire. Mais des diplomates indiens et étrangers pensent que le géant asiatique, devenu la 10ème puissance économique mondiale, est désormais la cible de groupes islamistes locaux et non plus seulement d'organisations venues du Pakistan ou du Bangladesh voisins.
Pour le terrorisme islamiste comme pour le Pakistan ou la Chine la donne vient de changer radicalement dans le sous-continent indien.
Illustration en tête d'article : Narendra Modi saluant ses partisans après la victoire.
En savoir plus : lire nos articles consacrés aux élections en Inde :Les élections les plus longues du monde ont débuté, Un cas particulier : le Bihar, Les musulmans courtisés et Maladresse de Rahul Gandhi ,premiers sondages sortis des urnes.
METAMAG
Commentaires
Merci Gaëlle de relayer cet article de Metamedia, l'un des très rares sites à s'être intéressé aux élections du 2ème pays le plus peuplé du monde, et en première ligne dans la lutte contre le totalitarisme musulman (ou islamiste, c'est pareil).
J'ai noté cette phrase inquiétante, mais non surprenante: "Le nouveau pouvoir indien est démocratique, mais sous surveillance des Usa car nationaliste."
Dans un monde en cours de multipolarisation, l'Inde aura son rôle à jouer, et pour des raisons géopolitiques nous devons nous en faire un allié aussi bien contre l'hégémonie US que contre la tâche d'huile musulmane qui s'étend sur le monde. Sans parler des enjeux économiques énormes.
Ce grand pays païen, non monothéiste, est aussi le plus religieux probablement ! Mais c'est une autre question !
Le BJP n'incarne pas l'Inde traditionnelle , il n'en est qu'une caricature .
Son adversaire en carton-pâte , le Congrès , c'est l'impérialisme occidental au pouvoir malgré la décolonisation .
Ce que l'Occidental se refuse à comprendre , c'est l'évidence : le colonialisme subsiste malgré les champions de la lutte anti-impérialiste .
Les promoteurs de cette escroquerie étaient choisis et installés aux commandes par leurs adversaires apparents .
Les champions de l'anti-impérialisme en Asie : Gandhi et Nehru pour l'Inde , la famille compradore ( juive ? ) Soong( sic ) en Chine . Les mass merdias du " monde libre " n'ont cessé d'exalter ces tristes personnages .
De quoi rire ou pleurer . C'est selon .
L'Inde , c'est le système des castes .
La Chine , ce sont les mandarins .
Rien d'autre . Le reste c'est du colonialisme occidental (les Shylock de la City pour être clair ) .
"...le rejet de l'influence occidentale, le nationalisme économique par l'autosuffisance, l'affirmation aux frontières, et surtout et avant tout l'hostilité envers l'islam." : voilà un bon programme.
l,hostilité envers l,islam !! silence du côté de nos bien-pensants, eux si prompts à dénoncer l,islamophobie en France et en europe .
et bien, l,Inde à du pain sur la planche dans ce domaine .
bien que nombre d,hindouistes ne ménagent non plus guère la communauté chrétienne.
le vivre-ensemble n,est pas non plus leur tasse de thé , on les comprend , vu (notre splendide réussite ) en la matière .
salutations.
@ Dirk: très peu d'articles en effet sur ces élections en Inde, alors qu'il y a eu je crois 518 millions d'électeurs!
J'ai été vivement intéressée par cet article.
Et je suis bien de votre avis: nous devons nous allier avec l'Inde, avec ce nouveau gouvernement anti-islamiste. De plus l'Inde est un réservoir d'intelligences: les indiens - et les Hindous - sont des gens d'une grande intelligence (informatique, mathématiques), et proches de notre civilisation par leurs origines indo-aryennes. L'Inde est trop méconnue.
Son talon d'Achille est une démographie excessive, non maîtrisée, cause de grande misère.