Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le basculement à droite de l’Inde

Ecrit le 21 mai 2014 à 15:28 par Jean-Gilles Malliarakis dans Poing de vue

 
 
 

Inde

Oublions Jules Verne. Un tour d’horizon mondial, au XXIe siècle, se révèle facile à accomplir en moins de 80 minutes. Il suffit de passer par les sites des grands journaux du monde entier. Or, en les survolant ce lundi 19 mai, du Washington Post au South China Morning Post, en passant par le Times ou le Daily Telegraph de Londres, die Welt de Berlin ou La Repubblica, une chose pouvait frapper le visiteur. Chacun de ces titres prestigieux affichait 20 ou 30 articles de première page.

Mais on n’y trouvait aucune évocation, de la principale nouvelle politique mondiale. Elle était pourtant connue, discrètement mentionnée la veille, dimanche 18. Idem les jours suivants.

Elle glisse, inaperçue et anecdotique.

Elle était pourtant pressentie depuis plusieurs semaines : il s’agit du basculement à droite de l’Inde sous la conduite de Narendra Modi.

Le vieux parti hérité de Gandhi et de Nehru, le parti du Congrès a été balayé. Le BJP, parti du peuple hindou, avec 172 millions de voix a doublé le nombre de ses électeurs de 2009. Sa victoire de 1999 avait porté au pouvoir Atal Bihari Vajpayee, avec seulement 86,6 millions de suffrages. Aujourd’hui, avec 282 sièges, il détient la majorité absolue à l’assemblée législative fédérale, la Lok Sabha. Pour la première fois depuis 1984, un chef de gouvernement va pouvoir diriger cet immense pays de manière homogène sans dépendre d’une coalition.

La victoire éclatante du BJP ne se limite pas en effet à une simple alternance électorale, comme il en existe dans toutes les démocraties.

Évoquons d’abord ce qui passionne les économistes, lesquels considèrent trop souvent les ratios financiers sans percevoir le modèle de développement social. Churchill le disait avec humour : « je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même trafiquées ». Car les agrégats inventés au cours du XXe siècle, et adulés des technocrates du FMI, du monde bancaire, etc. devraient en vérité n’être pris en compte qu’à titre indicatif. En particulier le taux de croissance du produit intérieur brut ne nous informe que de la santé relative, instantanée, approximative et quantitative de l’évolution prévisible de la richesse des nations, certainement pas des perspectives des sociétés.

Le parti qui vient de l’emporter en Inde peut dès maintenant se prévaloir de l’expérience gestionnaire d’un État, le Gujarat, peuplé de 60 millions d’habitants sur 196 000 km2. À comparer avec l’Allemagne de l’ouest, qui comptait 63 millions d’habitants sur 248 000 km2 avant l’unification, on ne saurait parler d’un simple galop d’essai local. Dès lors la réussite incontestable de son ministre-président, Narendra Modi de 2001 à 2014, pratiquement sans faute économique, a servi de premier argument pour la conquête du pouvoir fédéral à New Delhi. On l’a, certes, exprimé en termes de croissance. On a pu évaluer que cet État, pendant les 12 années de gestion de Narendra Modi et de ses « modinomics » a bénéficié d’un taux de croissance très supérieur à la moyenne nationale, une tendance durable accentuée depuis 10 ans. Etre exécrées par la gauche c’est toujours bon signe. Cela tient à une double préoccupation due au parti BJP en général et à Narendra Modi en particulier, celle de l’équipement et de la formation en liaison avec les nouvelles mais aussi à une moindre intervention redistributrice et dirigiste de l’État. Telle Margaret Thatcher, ce politique est issu de la classe moyenne, où on travaille dur dans l’échoppe paternelle et où on ne dépense que ce que l’on a gagné.

On pourrait, à certains égards, comparer la prospérité qu’il a développée dans le Gujarat, à celle de la Bavière en Allemagne, sans doute la région la plus traditionnelle du pays, et cependant en pointe dans l’économie.

Dans un cas comme dans l’autre il ne s’agit pas d’un paradoxe. Le nouveau Premier ministre indien est né en 1950. Il pratique et milite ardemment pour l’Hindouisme depuis l’âge de 13 ans. Cela déplaît fortement au courant dominant du monde actuel comme le catholicisme des dirigeants bavarois irrite ses détracteurs. Un article du Courrier international le dit de façon cocasse. On lui reconnaît d’innombrables qualités, y compris le sens de l’humour et l’élégance, mais on l’étiquette de l’épithète, supposée éliminatoire, de « controversé ». La grammaire journalistique du New York Times, en France celle d’Anne Sinclair, appliquée au sous-continent indien, cela devrait faire sourire.

Cela dénote une méconnaissance du problème central de l’Inde depuis son indépendance.

Ce pays, hindou à 80%, cherche à effacer les traces de l’épouvantable oppression musulmane subie pendant des siècles sous la domination moghole puis perse. Le parti du Congrès, politiquement correct, parfaitement adapté aux mots d’ordre mondialistes a toujours voulu nier ce problème de l’identité nationale. N’y voyons pas un hasard de l’Histoire.

Dans cette lutte terrible contre l’islamisme, tant pakistanais qu’intérieur, on a voulu interdire les enjeux mémoriels et stigmatiser le « suprémacisme » des Hindous dans leur pays. En 2002 les États-Unis sont allés jusqu’à refuser à ce titre un visa à Narendra Modi. Il faudra bien pourtant que l’occident s’habitue à respecter ce choix qui n’attentera pas à la condition de 13 % de musulmans que compte le pays. On verra s’affirmera en Inde les valeurs éternelles et l’identité profonde de nos lointains cousins indo-européens, la plus ancienne religion du monde, assez voisine de celle des héros de l’Iliade.

Convenons à l’évidence que deux nouvelles grandes puissances ont principalement émergé dans le monde depuis 20 ans, à taille à peu près égale : la Chine et l’Inde. Chacune de ces deux nations compte plus d’un milliard d’hommes. Chacune pèse plus que les 57 États musulmans additionnés. Elles se sont toutes les deux adaptées, résolument, à l’économie de marché. Mais elles ont abordé cette évolution de manière très différente.

Et il n’entre pas dans le propos de la chronique d’aujourd’hui sous-estimer la réussite technique de l’Empire du Milieu dans de nombreux domaines. Non seulement les chiffres parlent mais une visite dans les rayons de nos grands magasins suffirait à éclairer ceux que l’étude de la pensée chinoise et des séjours espacés à Pékin ou Shanghai, à défaut de la campagne, n’auraient pas amenés à comprendre l’importance de ce pays.

Reste une immense différence entre le développement de ce très grand pays, toujours gouverné par un parti unique, qui se dit encore communiste, et qui demeure imperturbablement oppresseur, etc. et l’émergence de l’Inde, terre de liberté et de diversité.

 Jean-Gilles Malliarakis anime un blog.

NOUVELLES DE FRANCE

Commentaires

  • Bonne nouvelles pour les patriotes hindous 8
    On aimerait savoir s'ils pensent instaurer le contrôle démographique sévère car la nature et la biodiversité trinquent parmi ce grouillement humain abominable .

  • Attendre et voir... Bizarre tout de même que les médias dominants ne crient pas au retour de la bête immonde, si le mouvement désormais au pouvoir en Inde est réellement nationaliste!

    Il serait intéressant de savoir ce que Mr Chauprade en pense, ou même Mr Baland dont les connaissances en matière de mouvement patriotique, nationaliste, ou antimondialiste (au moins à l'échelle européenne) sont indéniables.

  • Excellent article ! L'hindouisme est un rare exemple de pays polythéiste ayant survécu aux hordes musulmanes comme aux missionnaires européens, qui n'avaient les uns et les autres que le mot "idolâtres" à la bouche. A (re)lire sur ce sujet "Foi et intolérance" de Ram Swarup (1920-1998), l'un des pères de la renaissance de l'hindouisme. Les chercheurs indo-européanistes (Dumézil, Haudry, etc…) ont tous établi le parallèle entre les religions indo-européennes, de l'Inde à la Grèce, la même trifonctionnalité, la même conception du monde, …(Diaus Pitar = Jupiter). Notre relation à l'Inde ne peut être de même nature que notre relation avec la Chine.

  • Très instructive analyse de la situation politique en Inde, par ailleurs complètement occultée dans les médiats. Merci à JG Malliarakis, qui nous livre un excellent parallèle entre la Chine et l’Inde !

  • Une question : qui abandonna l'hindouisme pour se convertir à des religions sémitiques ?
    Réponse : quasiment jamais les brahmanes .
    J'ai connu Mallia plus avisé .
    La démocratie qu'il affecte de défendre aujourd'hui est un anachronisme . Inexorablement une caste de scientifiques et de techniciens s'impose au pouvoir .
    Les nouveaux mandarin de l'Empire du Milieu définissent de nos jours ce que leurs ancêtres nommaient la Voie royale .

  • par contre chez nous pas de brahmanes , mais un clergé prêt à se convertir à l,islam . .!!
    salutations.

Les commentaires sont fermés.