Le premier ministre a mis en garde samedi contre le risque de voir Marine Le Pen se qualifier pour le second tour de la prochaine présidentielle. Selon lui, la gauche pourrait disparaître. De fait, il appelle à soutenir François Hollande.
«Il y a ce sentiment que le pays tout entier est en train de perdre pied». Devant le Conseil national du PS réuni samedi à Paris, le premier ministre Manuel Valls a lancé une alerte rouge. Un constat sans appel. Pour lui, le seul message politique «identifié» aujourd'hui face à «une droite exsangue» et «une gauche déboussolée», c'est «celui de l'extrême-droite». En conséquence, «le risque de voir Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle existe». Et dans cette nouvelle ère, «la gauche peut aussi disparaître».
Le diagnostic sombre étant posé, le chef du gouvernement, bousculé par l'aile gauche du PS, dans le parti comme au Parlement, en a appelé à la responsabilité de chaque socialiste pour qu'il ne se réalise pas. Valls souhaite le dialogue avec ceux qui contestent la politique du gouvernement, «empreint de respect, de confiance, de responsabilité». Mais il prend un soin particulier - «cruel», ironisent certains de ses proches - à préciser que ce dialogue appelle «beaucoup d'intelligence politique». Il prévient les députés frondeurs en particulier que «la reparlementarisation à outrance des institutions n'est pas tenable» et qu'elle est susceptible d'ouvrir la voie à «la multiplication d'initiatives minoritaires qui feraient exploser le bloc central de la majorité». En creux, le premier ministre a brandi la menace de l'article 49.3, même s'il «ne fait pas partie» de la «culture» de la gauche. En jeu: les prochains collectifs budgétaires à l'Assemblée, qui traduisent le pacte de responsabilité, et qui sont susceptibles de secouer la majorité. Devant la presse, Valls a prévenu, sur un même mode d'alerte, que «les votes des prochains jours engagent l'avenir de la France». «Il nous faut tenir», a-t-il dit, insistant sur l'importance d'être «autour» de François Hollande. «Tenir dans la durée. Y compris face à la radicalité de certains mouvements sociaux».
Le PS doit être une force moderne, attractive, conquérante, et non pas une force en difficulté cherchant dans des alliances improbables des sources de renouveau
En pleine grève des cheminots et mouvement des intermittents, ses interlocuteurs politiques ou syndicalistes sont prévenus: «La radicalité en interne ou dans la société mène à une impasse». Aux socialistes qui demandent un virage à gauche de la politique de l'exécutif, à des alliances avec la gauche radicale et les écologistes pour l'infléchir, Manuel Valls répond que «le PS doit être une force moderne, attractive, conquérante, et non pas une force en difficulté cherchant dans des alliances improbables des sources de renouveau». Les alliés en question apprécieront. Le PS qui est «au bout d'un cycle historique» a «vocation à être au centre du jeu» et doit dialoguer «avec ceux qui veulent réellement exercer le pouvoir». «Mais ne nous racontons pas d'histoires, a-t-il ajouté, nous ne pourrons pas apporter de nouvelle solutions avec de vieilles recettes». Coupant court aux critiques, il a précisé que les nouvelles solutions ne sont pas «une politique de droite». Sa politique de l'offre «n'est pas un choix idéologique». «Elle est encore moins l'expression, a-t-il défendu, d'une politique tournant le dos à la demande». «C'est un choix stratégique guidé par la transformation des règles du jeu mondial». «Gouverner c'est difficile, mais renoncer c'est indigne», leur a-t-il lancé. Un discours applaudi à l'issue, mais pas dans le courant de son prononcé.
Rocardisme débridé
«Le discours est bon sur la forme, comme toujours, mais intransigeant sur le fond», a commenté le député PS d'Indre-et-Loire Laurent Baumel, initiateur avec d'autres députés dit «frondeurs» de l'Appel des 100. «Le socialisme municipal s'est effondré en quelques heures, a-t-il ajouté, et ce ne sont pas les députés frondeurs qui en sont à l'origine mais la rupture entre l'opinion publique et l'exécutif.» Pour lui, le discours de Valls, «c'est le retour d'un rocardisme débridé». Pour autant, Baumel s'est exprimé samedi matin devant les socialistes, comme d'autres voix critiques de l'exécutif, et il reconnait le travail du premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis en faveur du dialogue. À la différence du groupe socialiste à l'Assemblée présidé par Bruno Le Roux où selon Laurent Baumel, «tout est devenu totalement étouffant». Dans les rangs des contestataires samedi, plusieurs ont à nouveau évoqué la question des primaires au sein du PS en vue de la présidentielle de 2017.
Proche de Jean-Christophe Cambadélis, soutien de Manuel Valls, le député PS de Haute-Garonne Christophe Borgel, lui, s'est félicité de la fermeté du chef du gouvernement, de son «discours solide d'affirmation, seul susceptible de rassurer le pays, de lui montrer qu'il y a un cap vers la croissance». «Ce n'est pas vrai que tous les patrons s'interrogent sur la façon d'augmenter les dividendes de leurs actionnaires, s'est-il agacé. C'est avoir une vision passéiste des entreprises que de le dire». «Manuel Valls assume, et c'est peut-être, selon Christophe Borgel, ce qui a manqué jusque-là».
Le Figaro
Commentaires
"attractif et conquérant " quelle bonne blague . .!!
salutations.
On accepte tout cela et on fait un drame de la fournee?
Pour les rats, un fromage reste un fromage, ils ne le nomment même pas par son nom, qu'ils méprisent absolument , la France est devenue une République Fromagère ( titre d'un ouvrage très réaliste de Michel de Poncins).
La clique est aux abois, les magouilles dégoulinent tellement que beaucoup de Français se réveillent.
Alea jacta est ??