Le Vif
La Malaisie a déclaré samedi que des indices vitaux avaient été altérés dans la zone ukrainienne où s'est écrasé le vol MH17, et dénoncé ce qu'elle considère comme une "trahison" à l'égard des vies anéanties dans la catastrophe.
"L'intégrité du site a été compromise, et il y a des indications montrant que des indices vitaux n'ont pas été préservés sur place. Des interférences sur la scène du crash risquent de fausser l'enquête elle-même", a déclaré le ministre de transports malaisien Liow Tiong Lai, qui doit se rendre en Ukraine samedi. "Ne pas empêcher de telles interférences constituerait une trahison à l'égard des vies qui ont été anéanties", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse.
Kiev accuse les séparatistes de "détruire les preuves"
Le gouvernement ukrainien a accusé samedi les rebelles prorusses de l'est du pays, soupçonnés d'avoir abattu un avion de ligne malaisien, de "chercher à détruire, avec le soutien de la Russie, les preuves de ce crime international".
Ainsi, l'enquête sur le tir de missile, venu, selon les Etats-Unis, de la zone contrôlée par les rebelles soutenus par la Russie, s'annonce particulièrement difficile, au moment où les premières équipes étrangères, les Néerlandais et les Malaisiens, arrivent en Ukraine.
Le site du crash se trouve en zone rebelle, près de la ville de Chakhtarsk, et le conflit armé en cours entre séparatistes prorusses, qui ont refusé un cessez-le-feu ponctuel, et le gouvernement de Kiev rend les opérations particulièrement complexes. "Les terroristes ont transporté 38 corps de victimes à la morgue de Donetsk, où des spécialistes parlant avec un net accent russe ont déclaré qu'ils procéderaient à leur autopsie. Les terroristes cherchent aussi des moyens de transport à grande capacité pour transporter les restes de l'avion en Russie", indique le gouvernement dans une déclaration officielle.
Il accuse les rebelles de ne pas permettre aux organes compétents ukrainiens de commencer l'enquête et de ne pas laisser les représentants et experts étrangers accéder au site du crash.
Un chef séparatiste a confirmé samedi à des journalistes de l'AFP présents sur le site, à Grabove, que des corps ont été emmenés à la morgue de Donetsk. "27 corps ont été enlevés ce matin", a-t-il dit. Les combattants prorusses bloquaient l'accès au périmètre du crash.
Une demi-douzaine de sauveteurs portant des uniformes et des gants blancs et bleus sortaient d'un champ de blé pour mettre des morceaux de corps dans de grands sacs mortuaires noirs. L'opération se déroule sous le contrôle rebelle.
La zone du crash sécurisée
Les membres du "groupe de contact" comprenant l'Ukraine, la Russie et l'OSCE sont parvenus à un accord avec les séparatistes prorusses sur la mise en place d'une zone de sécurité autour du site du crash de l'avion malaisien, a annoncé le chef des services de sécurité ukrainiens.
Les entretiens avec les séparatistes ont abouti à la création d'une zone de sécurité de 20 km "pour que l'Ukraine puisse remplir l'objectif essentiel: (...) identifier les corps et les remettre aux familles", a indiqué M. Valentyn Nalyvaïtchenko sur la première chaîne de télévision ukrainienne, dans la nuit de vendredi à samedi.
Six experts du sida à bord de l'avion et non une centaine
Six experts de la lutte contre le sida étaient à bord de l'avion de Malaysia Airlines qui s'est écrasé au-dessus de l'Ukraine, et non une centaine comme la presse l'avait évoqué, a fait savoir la présidente de la Société internationale sur le sida (IAS).
Ces experts se rendaient à la conférence de Melbourne organisée par l'IAS (International Aids Society). "Le nombre que nous avons confirmé à travers nos contacts avec les autorités australiennes, malaisiennes et néerlandaises est de six personnes. Cela pourrait être un peu plus élevé mais pas autant que les chiffres qui ont été annoncés", a-t-elle déclaré.
La presse australienne avait évoqué vendredi le chiffre d'une centaine de spécialistes du sida à bord de l'avion.
Le vol MH17 de Malaysia Airlines, parti jeudi d'Amsterdam pour rejoindre Kuala Lumpur, s'est écrasé dans l'est de l'Ukraine, vraisemblablement abattu en plein vol par un tir de missile, dans cette région en plein conflit. Les 298 personnes à bord sont toutes mortes.
Parmi elles, le chercheur néerlandais Joep Lange, une des figures mondiales en matière de lutte contre le virus. Il avait présidé l'IAS de 2002 à 2004.
Glenn Thomas, un porte-parole de l'OMS (Organisation mondiale de la Santé) et Jacqueline van Tongeren, de l'institut Amsterdam pour la santé mondiale et le développement étaient également à bord de l'appareil.
Malaysian Airlines a par ailleurs indiqué que 192 ressortissants néerlandais figuraient parmi les victimes.
Samedi matin, les enquêteurs et experts internationaux arrivaient peu à peu à Kiev dans l'objectif de rallier le lieu du crash.
Commentaires
Merkel et Poutine se sont accordés pour la mise en place d'une commission d'enquête internationale. Il faut faire vite, parce que les deux parties peuvent maquiller ou créer les preuves qui les arrangent. On imagine bien une commission américaine !!!
Si les séparatistes pro russes sont responsables, ils devront assumer seuls leur connerie. Poutine n'a pas à les soutenir aveuglement, même si son attitude favorable jusqu'ici devrait être comprise par tout nationaliste qui se respecte.