Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Cette semaine, l’honneur de la France c’est de livrer le Vladivostok ! par Aymeric Chauprade

mistral-vladivostok-st-nazaire-604x272.jpg

 

Publié par le 25 novembre 2014 dans Éditoriaux

 

 
Au sujet de la livraison ou non de la tête de série des BPC et de la mise à l’eau du second, les déclarations se suivent et se ressemblent, monotones comme les chutes saisonnières de feuille ; elles n’emportent rien, le suspense dure et les dégâts collatéraux pour notre industrie de défense et la crédibilité de la France sont d’ores et déjà incommensurables.

Si les nombreux analystes se sont relayés pour dénoncer les conséquences d’une non-livraison (nous maintenons, quant à nous, que l’Inde regarde de très près la gestion française de ce dossier !), il en est une qui doit retenir notre attention : la gestion future des dossiers d’exportation en France en sera profondément modifiée.

L’observateur attentif du système national des CIEEMG (commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre) avait déjà remarqué une tendance lourde, à peine écornée par l’impérieuse nécessité d’exporter pour financer le budget des armées (une première !) : celle de s’aligner sur les orientations néo-conservatrices américaines.

Cette orientation très idéologique, pro-américaine et anti-russe, a surtout eu des résultats désastreux. Prenons l’exemple éclairant du Venezuela. Voilà un pays qui au début des années 2000 aurait souhaité confier à ses fournisseurs traditionnels, souvent français, l’essentiel de son réarmement. Washington s’est alors empressé d’envoyer un émissaire du Département d’État pour bloquer toute velléité française d’exporter sous-marins, patrouilleurs, missiles, etc. La marine nationale, consciente que l’acquisition du système de catapulte pour son deuxième porte-avions, dépendait des États-Unis, a mené campagne contre ces projets de vente…Au final, pas un seul boulon n’aura été réellement livré à Caracas. La nature ayant horreur du vide, les Russes puis les Chinois vendirent un arsenal impressionnant (et démesuré) au régime chaviste qui fit appel également aux Iraniens pour le conseiller et Téhéran y a vu une opportunité inespérée de se former sur la défense sol-air russe…Le type de matériels, leur quantité, leurs caractéristiques propres, leur emplacement et leur condition d’utilisation et de maintenance sont ainsi totalement méconnus compte-tenu du secret hermétique du pays (dont les cadres dirigeants ont été formés par les Cubains). Ce qui n’aurait été naturellement pas le cas si les industriels avaient reçu l’autorisation de vendre à Caracas…

Bref, à vouloir suivre la politique fluctuante et égoïste du Département d’État, on s’est non seulement privé d’un client riche et pro-français (et ceci malgré les réserves fortes que l’on doit avoir quant au régime chaviste qui a accéléré le naufrage économique du Venezuela, ceci montrant au passage que ceux qui croient pouvoir relever une économie française en déclin avec des recettes chavistes nous exposent à des lendemains cruels), mais on l’a poussé vers des bras peu regardants sur ce qu’ils vendent… Russes, Chinois et pasdarans iraniens peuvent donc remercier les acteurs de la CIEEMG de l’époque. Plus de dix ans après, l’épisode court encore puisque les patrouilleurs espagnols livrés sans armement, devraient être prochainement armés soit par des Chinois soit par des Sud-Africains…La solution technique qui eût évité une telle fin, a toujours été refusée par les idéologues de la CIEEMG.

Au vu des complications du dossier BPC, il est donc prévisible qu’à l’avenir, aiguillonné par les États-Unis et ses satellites serviles (Royaume-Uni, Pologne, Roumanie, Pays baltes), notre système CIEEMG refuse d’examiner toute vente sensible : les prétextes de toute sorte existaient déjà ; l’on aura désormais une jurisprudence pour tout craindre et ne rien faire. Pourra-t-on demain rééditer le coup du contrat Prosub ailleurs qu’au Brésil ?

Une dizaine de jours à risque s’ouvre pour la France : le 2 décembre le triste conformisme français s’apprête à voter pour un État palestinien (rappelons qu’une bonne idée peut devenir mauvaise lorsqu’elle est mise en œuvre au mauvais moment et sans condition préalable sérieuse) en dehors de toute prise en compte des réalités actuelles du Moyen-Orient, consacrant ainsi la branche palestinienne des Frères musulmans. La même bien-pensance menace de ne pas laisser la France honorer sa parole donnée à la Russie, envoyant ainsi au monde multipolaire le message que notre pays est désormais sous contrôle des Américains pour ses grandes orientations stratégiques. Et c’est durant ces dix jours que la France, s’exposant de facto à de multiples tentatives d’intimidations extérieures, accueille à Strasbourg, au Parlement européen, Sa Sainteté Le Pape. Puissent nos forces de sécurité intérieure rester particulièrement vigilantes…

Aymeric Chauprade
blog.realpolitik.tv

Crédit photo : bernardgrua via Flickr (cc)

(merci à Dirk)

 

 

Commentaires

  • qu,elle est loin l,époque bénie des colonies de l,empire des trois couleurs , le pays n,est plus que le caniche émasculé des USA . . .!!
    salutations.

Les commentaires sont fermés.