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La charge de Poutine contre l'Occident

Dans un discours virulent, le président russe a fustigé les «ennemis» de Moscou, entérinant la fracture grandissante avec l'Union européenne et les États-Unis.

 
 

Jusque dans les dernières heures et la nuit précédant l'événement, le président russe a corrigé des pans entiers de son discours, prérédigé par ses conseillers, modifiant lui-même des paragraphes. Et c'est un Vladimir Poutine mordant, parfois fiévreux, qui s'est finalement adressé jeudi à la nation, depuis la salle des fêtes du Kremlin, dans un exercice annuel destiné à rappeler à ses compatriotes, jusqu'au fin fond des campagnes, la solennité et la puissance du pouvoir russe. Pour les assurer surtout que l'Occident, cet ennemi diffus du Kremlin, doté de «valeurs» étrangères, ne fera jamais plier la Russie. C'est cette entité vague, plus encore que le régime de Kiev, dirigé par des «sponsors américains», qui constitue désormais aux yeux de Vladimir Poutine la principale menace pour les intérêts russes. Officiellement, Moscou n'a pas l'intention de «rompre» avec l'Union européenne et les États-Unis. Mais il était acquis, après une heure de discours, que les partenaires d'autrefois sont engagés dans une crise profonde et durable.

 

La Crimée est sacrée

Certes, les autorités ukrainiennes ont agi avec «cynisme», elles ont «fusillé, tué des gens» ; les responsables du «coup d'État» de Kiev ont fait «brûler vifs» leurs opposants, comme à Odessa. Néanmoins, le président russe a relégué les autorités de Kiev à un rôle subalterne, préférant s'attaquer à leurs «parrains» occidentaux. «Même sans la Crimée et l'Ukraine, les États-Unis et leurs alliés auraient inventé autre chose pour freiner les opportunités de la Russie. Et cette manière de faire ne date pas d'hier», a accusé Vladimir Poutine. «Aujourd'hui, ils essayent de toutes leurs forces de nous persuader qu'il existe une politique équilibrée à laquelle nous devons obéir sans réfléchir et de manière aveugle. Mais ce ne sera pas le cas», a-t-il ajouté. La Russie possède une «armée moderne, redoutable, prête au combat» interdisant à ses ennemis d'espérer acquérir la «suprématie militaire», a ajouté le chef du Kremlin, filant les métaphores historiques: tout comme elle a repoussé les nazis, elle a empêché l'Occident de «nous entraîner dans un scénario yougoslave de démantèlement». «Hitler s'apprêtait à anéantir la Russie et à nous repousser jusqu'à l'Oural. Tout le monde doit se souvenir comment ce genre de choses se termine», a-t-il menacé.

Négociations laborieuses

Ce faisant, Vladimir Poutine n'a eu aucun mot pour les négociations laborieuses en vue de parvenir à une trêve dans le Donbass, semblant même se désintéresser du confit ukrainien. «La tragédie qui a lieu là-bas conforte totalement la justesse de notre position», a simplement déclaré le président russe, ajoutant que Moscou avait financièrement aidé son voisin, à hauteur de 33 milliards de dollars. «En appelant les parties au dialogue, nous avons fait en Ukraine ce que nous avions à faire», a précisé au Figaro le vice-président de la Douma, Sergueï Neverov. Ces déclarations n'empêchent pas le Parlement de préparer une réunion à huis clos destinée à discuter l'octroi d'un statut officiel aux soldats russes ayant combattu dans le Donbass et à indemniser leurs familles. Par ailleurs, un général russe a participé aux négociations d'une trêve, annoncée jeudi soir. En comparaison, le chef du Kremlin s'est largement étendu sur «l'union historique» de la Crimée avec la Russie, qu'il a assimilée à un événement «sacré», comparant même certains lieux de la presqu'île à des lieux sacrés de Jérusalem. Directement face à lui, assis aux côtés des principaux dirigeants du gouvernement, le patriarche Kirill buvait ses paroles.

Les partis qualifiés d'opposition à la Douma ont également salué les propos présidentiels. «Nous allons construire un État fort, indépendant et souverain», s'est félicité le chef du parti Russie juste, Sergueï Mironov. Au même moment, à Bâle, le secrétaire d'État américain, John Kerry, appelait la Russie à ne pas «s'isoler par ses propres actions».


Une amnistie pour les Russes qui rapatrient leurs capitaux

Le ton anti-occidental du discours présidentiel a également trouvé sa traduction sur le plan économique. Affaiblie par les sanctions, flirtant avec la récession, la Russie est «ouverte aux investissements étrangers», a assuré Vladimir Poutine, mais seulement en vue de projets industriels «mixtes». Il a surtout ajouté: «Notre développement dépend d'abord de nous-mêmes.»Ainsi, une amnistie totale va être offerte aux hommes d'affaires russes qui acceptent de rapatrier leurs fortunes cachées dans des paradis fiscaux. «On ne leur demandera pas d'où vient cet argent ni comment il a été gagné», a promis le chef du Kremlin. Selon les dernières prévisions, la fuite des capitaux devrait atteindre 125 milliards de dollars en 2014 et 100 milliards en 2015.

«Nous devons nous défaire d'une dépendance critique aux technologies et productions industrielles étrangères», a précisé par ailleurs le chef du Kremlin en citant notamment l'énergie, les transports, et l'industrie agroalimentaire. Enfin, ce dernier a promis des «mesures sévères» à l'encontre des «spéculateurs» accusés de faire plonger le rouble. Dans la foulée des déclarations présidentielles, la monnaie nationale s'est momentanément reprise, avant de poursuivre une nouvelle fois sa dégringolade, s'échangeant à plus de 66 roubles pour un euro.

LE FIGARO

Commentaires

  • Quand des caniches veulent mordre la patte de l'ours, celui-ci finit par se rebiffer. Et Poutine n'est pas du genre... bisounours. Il est en état de légitime défense et réagit en patriote. Personne ne devrait sous estimer le patriotisme des Russes, sans doute le plus puissant du monde, en tout cas, d'Europe, certainement ! Nous devrions en prendre de la graine.
    D'aucuns déplorent son ton "anti occidental". C'est une plaisanterie ? Qui a commencé les provocations et les poursuit de manière la plus irresponsable ? Dans le Donbass, il se trouve dans une impasse compliquée, et n'acceptera jamais de perdre la face et de voir massacrée la population locale, russe, russophone et russophile. Mettons-nous à sa place. Poutine avait fait des propositions fédéralistes au début du conflit. Plus personne n'en parle, Kiev n'en veut pas, et pourtant, c'était une solution ! Mais Kiev n'est plus qu'une marionnette de Washington et de l'OTAN, pour qui le Donbass n'est qu'un prétexte.

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