Le président du Sénat, Gérard Larcher, refuse de travailler avec Claude Bartolone. Motif : ce dernier a relancé le débat sur l'existence «sous cette forme» du Sénat. Les patrons des groupes UMP de sénateurs et de députés ont accusé le président de l'Assemblée de rompre l'union nationale post-attentats.
A.R. | 29 Janv. 2015, 14h54 | MAJ : 29 Janv. 2015, 17h02
(LP / OLIVIER CORSAN)
La véritable rupture de la belle «unité nationale» post-attentats n'est pas venue de là où on l'attendait. Au delà de leur parti respectif, les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat ont déclenché les hostilités.
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Le second, Gérard Larcher (UMP), a même estimé ce jeudi qu'«il ne lui est plus possible» de travailler avec son homologue du palais Bourbon, Claude Bartolone (PS).
Bartolone pour «la fin du bicamérisme»
Alors que les deux hommes avaient rendez-vous dans la matinée pour «travailler ensemble sur la mission que nous a confiée François Hollande après les attentats sur l'engagement républicain et le sentiment d'appartenance à la nation», le chef de l'Assemblée a donné une interview à BFM TV dans laquelle il remet en cause l'existence du Sénat. De quoi grandement agacer le chef du palais du Luxembourg.
Claude Bartolone a en effet déclaré être «pour la fin du bicamérisme sous cette forme» et favorable à un «rapprochement du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et du Sénat pour avoir un Bundersrat à l'allemande qui s'intéresserait beaucoup plus au long terme». Et l'actuel président de la chambre haute de lui répondre: «Constatant le profond désaccord de conception institutionnelle entre le président de l'Assemblée nationale et moi-même, je lui ai fait savoir que le travail en commun sur cette mission n'était plus en conscience possible. (...) Je lui ai fait savoir que je répondrai à la demande du président de la République directement.»
Bartolone «a déclaré la guerre au Sénat»
Dans l'après-midi, le chef de file des sénateurs UMP, Bruno Retailleau, a lui accusé Claude Bartolone (PS) de «rompre violemment l'union nationale» en «déclarant la guerre» au Sénat, dont le seul tort est «de ne pas être de gauche». Et d'ironiser dans un communiqué : «Monsieur Bartolone ne supporterait-il pas la qualité du travail de la Haute assemblée? (...) Il oublie un peu vite ses déclarations: en avril dernier, il avait déclaré, alors que le Sénat était à gauche, que "le Sénat pouvait changer" et qu'il "n'était pas une anomalie". (...) Comme d'habitude lorsque la gauche perd les élections, elle propose de changer les règles du jeu. La gauche a perdu le Sénat, il faut donc le supprimer!», s'est-il encore indigné.
De son côté, le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a précisé qu'il se désolidarisait totalement du président de la chambre basse : «Je ne me reconnais pas du tout dans les propositions de Claude Bartolone sur le Sénat. (...) Les deux chambres ont leur légitimité, et je comprends la réaction de Gérard Larcher». Selon lui, «s'il y a un affaiblissement du Sénat, c'est à cause de décisions prises par la gauche: l'extension de la proportionnelle à un nombre croissant de départements pour élire les sénateurs - ce qui les coupe des territoires - et l'aberration d'interdire le cumul des mandats.»
Et Christian Jacob de conclure: «L'union nationale, ce n'est pas que tout le monde se range derrière le Parti socialiste!»
Le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, a enfin essayé de calmer le jeu. Il a appelé «le Sénat et son président à revenir sur leur décision»: «Le sursaut national du 11 janvier appelle au dépassement des intérêts de chapelle pour se consacrer exclusivement à ce qui forme notre bien commun», a-t-il demandé.
Le Parisien
Commentaires
Nous préférons supprimer la bi-nationalité en premier, après, on verra.