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François COPPEE (1842 - 1908)

 

La petite marchande de fleurs

Le soleil froid donnait un ton rose au grésil,
      Et le ciel de novembre avait des airs d'avril,
      Nous voulions profiter de la belle gelée.
      Moi chaudement vêtu, toi bien emmitouflée
      Sous le manteau, sous la voilette et sous les gants,
      Nous franchissions, parmi les couples élégants,
      La porte de la blanche et joyeuse avenue,
      Quand soudain jusqu'à nous une enfant presque nue
      Et livide, tenant des fleurettes en main,
      Accourut, se frayant à la hâte un chemin
      Entre les beaux habits et les riches toilettes,
      Nous offrir un bouquet de violettes.
      Elle avait deviné que nous étions heureux
      Sans doute, et s'était dit : “ ils seront généreux ”.
      Elle nous proposa ses fleurs d'une voix douce,
      En souriant avec ce sourire qui tousse,
      Et c'était monstrueux, cette enfant de sept ans
      Qui mourait de l'hiver en offrant le printemps.
      Ses pauvres petits doigts étaient pleins d'engelures.
      Moi, je sentais le fin parfum de tes fourrures,
      Je voyais ton cou rose et blanc sous la fanchon,
      Et je touchais ta main chaude dans ton manchon.
      Nous fîmes notre offrande, amie, et nous passâmes ;
      Mais la gaîté s'était envolée, et nos âmes
      Gardèrent jusqu'au soir un souvenir amer.
      Mignonne, nous ferons l'aumône cet hiver.

 
 (merci à Nelly)

Commentaires

  • Quelle magnifique poésie de celui que je considère comme l'un des 2 ou 3 plus grands poètes français !
    Et comment ne pas faire le rapprochement avec le conte poignant d'Andersen, la petite fille aux allumettes !
    http://feeclochette.chez.com/Andersen/allumettes.htm
    …et le rapprochement aussi avec le petit oiseau en hiver frileusement recroquevillé sur sa branche enneigée !
    Combien de fillettes Fds souffrent encore du froid en 2015 ? Qui s'en soucie ?

  • Merci chere Gaelle,

    Votre site est si different des autres! Vous y ajoutez l'art, qui nous fait oublier un instant les miseres quotidiennes.
    J'ai appris la disparition d'un pianiste de talent, Aldo Ciccolini, au cas ou cela vous aurait echappe..Voici son interview qui m'a beaucoup touchee:
    https://www.youtube.com/watch?v=33Bg487XRt8

  • Quelle délicatesse du coeur dans ce poème,quelle tendresse du regard que porte le joli couple élégant sur l'enfant pauvre !
    Quelle douceur bienveillante!

  • Un très beau poème qui nous montre que les pauvres seront toujours avec nous, comme l'a dit le Christ.
    Il faut toujours avoir un peu d'argent liquide sur soi. Ce n'est pas avec une CB qu'on peut faire l'aumône.
    Ce doit être très dur de mendier. Même si c'est une "culture" ancestrale pour certains.

  • Magnifique poème qui meurtrit nos âmes !
    Merci à Gaëlle et à Nelly.

  • Un bien chaleureux merci à Nelly .
    J'ai des rangées de " Lemerre " près de moi : tout Leconte de Lisle , Hérédia , Albert Sain , François Coppée , Jean Richepin et bien d'autres .
    Nous apprenions de la poésie par coeur depuis l'école primaire
    Depuis le désert s'est imposé . Peu à peu .
    Mon fils âgé de 23 ans a appris une poésie pour la première fois de sa vie en Lettres Sup . Ce n'est pas une blague .
    Tout le reste à l'avenant ; histoire , géo , sciences nat. et j'en passe .
    Etonnez-vous que notre pays dégringole constamment !

  • La poesie nourrit, elle n est pas "marchande", il faut l'éliminer des programmes scolaires.

  • Albert Samain .
    La poésie , c'est l'âme d'un peuple . Même Louis Aragon , un lettré raffiné , l'avait compris .
    C'est notre culture qu'ils veulent araser pour nous mettre au niveau des pires de nos immigrés .

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