Revenant sur le récent enlèvement de près de 100 chrétiens en Syrie, Mgr Jacques Behnan Hindo, évêque syro-catholique d’Hassaké, que RadioVatican a réussi à joindre au téléphone, révèle que le Croissant Rouge ne fournit aucune aide aux chrétiens depuis le début du conflit, alors que l’association reçoit de l’argent de la Croix Rouge. Les aides qu’il reçoit viennent de l’Œuvre d’Orient, du Vatican et de la Congrégation orientale, affirme-t-il.
Transcription complète de l’entretien téléphonique :
Que savez-vous de cette attaque de l’Etat islamique dans la région d’Hassaké ?
Daesh, qui est aux alentours d’Hassaké, à l’Est de la rivière Khabur, tient la montagne d’Abd al-Aziz. Ils ont commencé par le premier village, Chamiram, puis ils ont pris onze villages sur la rive Ouest du Khabur, de Chamiram jusqu’à Tel Hermoz. Nous savons qu’à Chamiram, ils ont encerclé à peu près une trentaine de familles. Un autre petit village, Tal Jazeera, a aussi été encerclé. Il y a une trentaine de familles qui ont été déportées vers la montagne. Ils ont pris à peu près tous les villages. Les gens ont fui. Ils ont brûlé l’église de Tel Hermoz. Hier (lundi), nous avons eu toute la journée les gens qui venaient, à bord d’un tracteur ou de tout ce qu’ils trouvaient comme véhicule de fortune. Nous avons à peu près une centaine de personnes qui sont arrivées hier midi ainsi que toute la journée. Il y en a autant qui se sont réfugiées dans les villages vers l’Est. À Hassaké elle-même, les gens sont reçus et ils ont été logés, dans les églises ou dans les maisons. Les choses vont un peu mieux. Seulement, il y a cette peur, cette crainte.
Les gens que vous avez vu fuir vous ont-ils raconté comment cela s’est passé ? Pourquoi est-ce qu’ils ont enlevé ces chrétiens ? Est-ce que ce sont tous des chrétiens ? Est-ce qu’ils demandent quelque chose ?
Nous savons que tous les villages occupés maintenant sont des villages assyriens. Donc ils sont tous chrétiens. Ils avaient déjà émigré. Pourquoi ? Apparemment parce que de temps en temps les djihadistes venaient faire des incursions, demandant qu’on enlève les croix et ainsi de suite. Mais cette fois-ci, ils ont décidé de mettre la main sur ces villages-là et peut-être, peut-être, attaquer Hassaké. En septembre, j’avais écrit une lettre à sa Sainteté, à Obama, à Rohani en Iran, à Poutine et au président de Chine, leur demandant d’intervenir pour combattre les terroristes en Syrie. J’avais même lancé un SOS avant Noël parce que Daesh commençait à perdre un petit peu de terrain en Irak. Aujourd’hui, ils viennent s’installer dans la Mésopotamie syrienne. Maintenant, ils sont aussi en train de perdre le nord d’Alep. Ils sont en train de s’installer dans notre région. Dans cette région, il y a maintenant un nombre énorme de « Daeshiens ». Daesh est au Nord, à peu près à 7 km d’Hassaké, 5-7 km de Kahtanieh et des autres villes le long de la frontière turque. Cela pose un sérieux problème parce qu’ils peuvent attaquer en grand nombre. Nous, les chrétiens, les Kurdes et les Arabes, nous sommes à peu près un million et demi de personnes. En plus, il y a 300.000 réfugiés des zones de Raqqa et autres, qui sont maintenant dans la région d’Hassaké, Kameshli et ailleurs. On n’aura pas de refuge. Comme on sait que Daesh a une dent contre les Kurdes, tous les Kurdes sont massacrés. Elle a une dent contre les chrétiens sauf que les chrétiens ont trois alternatives : devenir musulman, payer la dîme ou bien, partir. Mais où ? La situation commence vraiment à être très dangereuse.
Vous êtes évêque à Hassaké. Combien de chrétiens reste-t-il ? Quelle est la situation au quotidien sachant que la menace djihadiste se fait de plus en plus pressante ?
Nous étions trois évêques. L’évêque syriaque orthodoxe est aujourd’hui en Europe depuis six, sept mois. Nous restons donc deux évêques : moi-même, syrien catholique et l’évêque assyrien. C’est sa communauté qui trinque, c’est cette communauté qui souffre. Nous souffrons tous avec elle. Nous devons être à peu près 120.000-130.000 habitants chrétiens dans la région, éparpillés un peu partout. La majorité est à Hassaké et à Kameshli. Il y en a pas mal qui ont émigré. Depuis quatre ans que la guerre dure, il y a à peu près 20-25% qui ont émigré. On ne peut vraiment pas avoir un chiffre exact parce que tous les jours, il y a des familles qui émigrent. La seule voie, c’est par avion, de Kameshli à Damas pour pouvoir partir ailleurs. Et même pour tout, il faut aller à Kameshli : pour prendre l’avion et sortir de ce blocus que nous avons tout autour de nous. Au Nord, la Turquie a tout fermé, absolument tout fermé. Elle laisse seulement passer les camions, les « Daeshiens », les troupes de Daesh, le pétrole volé à la Syrie, le blé, le coton. Tout cela peut passer la frontière mais personne ne peut passer.
Quel est l’état d’esprit des chrétiens qui restent, de cette communauté dont vous êtes le pasteur ?
Tout le monde est très mal à l’aise. Depuis Noël, on était beaucoup plus tranquilles. Daesh était à 17 km, ils n’avançaient pas. Tout allait bien dans la ville parce que c’était calme. Mais depuis hier, on sent que Daesh peut à tout moment franchir facilement ces 17 km. À chaque fois que nous avons un problème, le nombre d’émigrés augmente. Maintenant, par exemple, quand cela sera fini – je l’espère d’ici demain, parce que les Kurdes se renforcent pour aller les combattre – vous verrez après cela les avions qui seront remplis de chrétiens, de Kurdes. Tout le monde fuit. Les gens ont peur, c’est absolument normal. Surtout que Daesh a une tactique, une stratégie : elle envoie la peur, la terreur devant elle. Les gens fuient cette terreur. D’ailleurs, ce qui m’exaspère, c’est quand je vois les télévisions en Occident qui ne font que diffuser des égorgements et toutes les exécutions possibles. Ils les diffusent toute la journée. Nous aussi, on les voit et puis, tout le monde a peur. Chacun dit : « je ne veux pas être égorgé, je ne veux pas être brûlé vif ».
Vous êtes donc encerclés, sous pression islamiste. Est-ce qu’il y a quand même une quelconque aide humanitaire qui arrive à vous parvenir ?
Il y a une chose que je voudrais dire : la Croix Rouge aide, fournit de l’argent au Croissant Rouge. Or, le Croissant Rouge ne donne absolument rien aux chrétiens. Hier, il y a eu le Croissant Rouge, UNHCR, etc, qui se sont baladés devant les télévisions, qui ont parlé comme s’ils avaient aidé les gens. Or, ils n’ont distribué, même pas une livre syrienne. Jusqu’à maintenant, le Croissant Rouge n’a rien donné aux chrétiens, et ce depuis quatre ans (ndlr : le début de la guerre). Je l’ai dit sur une grande chaîne arabe et là, je vous le dis aussi. Il faut que la Croix Rouge le sache. Il faut qu’il le sache. Ici, les responsables sont tous des Frères musulmans ou apparentés. Je le dis à voix haute parce que cela m’exaspère et me révolte.
Alors de qui provient l’aide que vous recevez ?
Par exemple, de l’Œuvre d’Orient, du Vatican, de la Congrégation orientale. Sinon, la Croix Rouge ne donne rien puisqu’elle donne tout au Croissant Rouge et le Croissant Rouge, ici, ne distribue même pas un milliardième de ce qu’il reçoit, rien aux chrétiens.
Que se passe-t-il par exemple, lors d’une grande distribution, si une personne s’avance et dit qu’elle est chrétienne ?
À chaque fois qu’un chrétien se présente chez eux, ils disent « rien ». Tandis que nous, à l’Église, Caritas, etc, nous donnons aux chrétiens, aux musulmans, à tout le monde. Eux ne donnent rien.
NDF
Commentaires
J'ai entendu ce courageux évêque,le soir,dans le magazine de Radio Vatican. Sa voix est bouleversante.Son témoignage est un cri,un cri de colère et de douleur,de sang et de larmes.
Comme on est loin des tièdes prélats d'occident....
Il faut si on veut aider les chrétiens d'Orient donner à L'Oeuvre d'Orient. Son directeur,Pascal Gollnish,fait tout ce qu'il peut. Et l'argent va aux réfugiés,si l'on peut ainsi les appeler.
Chère tania, je reçois la revue de l'Œuvre d'Orient, on peut leur donner sans crainte car on est absolument sûr que l'argent ira aux malheureux chrétiens persécutés par l'islam.
15 chrétiens syriens viennent d'être exécutés aujourd'hui, certainement décapités. Ces monstres en ont au moins 200 en otages.
Je prie pour eux. C'est tellement horrible.
Amitiés
Cette situation catastrophique, terrifiante, des chrétiens de la Syrie et des pays voisins est une conséquence directe, concrète de la politique de Hollande (et avant lui, Sarkozy), de Bruxelles, de Obama, de l’OTAN ! Ces gens ne sont rien d’autres que des criminels de guerre qu’un jour il faudra juger comme, autrefois, on a jugé Hitler !
Dans les capitales Européennes existent des "œuvres charitables Musulmanes", elles sont réservées aux musulmans, n'essayons même pas de nous présenter en tant que non musulmans, R I E N ne nous sera donné, pas le moindre morceau de pain, j'e suis persuadé et les dénégations qui pourraient venir de ces "faux culs", fourbes et menteurs n'y changeront rien. Tandis que dès qu'on fait des distributions de "soupe au cochon", on a la police à nos trousses !
cet évêque fait bien de le préciser , car il m,arrive d,envoyer des dons à l,oeuvre d,Orient , au moins je suis sûr et satisfait que cet argent sert à aider les chrétiens dans le besoin. .!!
quant à la croix rouge , à qui je ne donnais jamais rien , quand je verrais leurs bénévoles faire la quête , je leur en toucherai deux mots . . . que cela leur plaise ou non . .!!
salutations.