Le 26 mars 1962 à Alger, une manifestation pacifique partait de Bab el Oued pour se diriger par la rue d’Isly vers le plateau des Glières. Bien entendu, personne n’était armé : cela était absolument impossible, compte tenu de l’état de siège dans lequel se trouvait Alger.
Deux rafales meurtrières ont déchaîné l’enfer. Des tirs sans sommation qui ont duré près de douze minutes.
Bilan officiel : 46 morts et 200 blessés.
Un second rapport militaire fait état d’une centaine de morts. La vérité « officielle » sur ce massacre programmé n’est toujours pas reconnue par les différents gouvernements français et il serait étonnant qu’elle le soit un jour.
Une certitude : ce massacre de la rue d’Isly et, par conséquent, l’objectif de cette manœuvre, étaient la fracture totale entre les Français d’Algérie et l’armée métropolitaine, promise dorénavant au service de l’ALN.
De Gaulle avait atteint son but.
La preuve directe de l’organisation par le gouvernement français, donc par De Gaulle en personne, du massacre des innocents le 26 mars 1962, rue d’Isly à Alger, nous est apportée par Christian Fouchet, Haut-commissaire en Algérie ce 26 mars 1962, et ministre de l’Intérieur du 6 avril 1967 jusqu’au 31 mai 1968 où il est limogé par De Gaulle.
Voici le témoignage qu’il a livré le 28 octobre 1969 :
« J’en ai voulu au Général de m’avoir limogé au lendemain de mai 1968. C’était une faute politique. De Gaulle m’a reproché de ne pas avoir maintenu l’ordre en mai 68.
– “Vous n’avez pas osé tirer”, m’a-t-il dit.
– “J’aurais osé s’il l’avait fallu”, lui ai-je répondu. “Souvenez-vous de l’Algérie et de la rue d’Isly. Là, j’ai osé et je ne le regrette pas parce qu’il fallait montrer que l’armée n’était pas complice de la population algéroise”. » (Source : Jean Mauriac, L’après de Gaulle – notes confidentielles 1969/1989, page 41.)
Ce même mois de mai 68, De Gaulle lancait à Pompidou une phrase qui résumait toute sa carrière : « Mais, Pompidou, figurez-vous que j’ai passé ma vie à tirer contre des Français ! » (rapporté par Édouard Balladur à Daniel Rondeau, auteur de Vingt ans et plus – Journal 1991-2012).
Dès le cessez-le-feu proclamé le 19 mars 1962, l’armée française, sur les ordres de De Gaulle et de quelques officiers supérieurs – les généraux Katz, Debrosse et Ailleret -, a perdu son honneur car elle n’a pas éprouvé le moindre état d’âme quand il a fallu tirer sur des Français qui défendaient une terre française à Alger et ne s’est pas opposée au massacre, par l’ALN, de près de 3.000 Français à Oran.
Honneur aux officiers de notre armée qui ne se sont pas parjurés.
Le général de Pouilly, un fidèle parmi les fidèles à de Gaulle, n’hésitera pas à écrire : « J’ai choisi la discipline ; mais choisissant la discipline, j’ai également choisi avec mes concitoyens et la nation française la honte d’un abandon, et pour ceux qui, n’ayant pas supporté cette honte, se sont révoltés contre elle, l’Histoire dira peut-être que leur crime est moins grand que le nôtre. »
Commentaires
Envoyé par un ami ancien officier à la retraite :
"On attend un Eisenstein pour immortaliser ce massacre moins connu des Français que la fusillade du Palais d’Été de St-Petersbourg en 1905…"
la phrase de feu De Gaule résume le personnage , un opportuniste doublé d,un cynique . .!!
salutations.
tres dur à lire pour un gaulliste......... GAUTHIER MICHEL
Eisenstein fut un génie dans le domaine qui était le sien, : l'art cinématographique .
Ses brillantes reconstitutions historiques n'ont qu'un défaut , n'être en rien conformes à l'histoire .
Elles imposèrent partout dans le monde les mythes élaborés par la secte qui s'était emparée du pouvoir dans l'Empire russe .
Ce grand metteur en scène sut évoluer avec le pouvoir : du message de révolution internationaliste , il en arriva à exalter le pouvoir autocratique de Staline et le nationalisme grand-russe .Partis du " Cuirassé Potemkine , nous en arrivons à " Alexandre Newski " étiqueté comme " un opéra national-socialiste " par Pierre Gripari . .
Remarquable , cette plasticité . Certains parleront de souplesse d'échine ...
- lire absolument " Cinéma stalinien , cinéma russe " de P. Gripari ( " Etudes et Recherches ". n° 1 )
- extraits : " Lénine a pompeusement baptisé Union Soviétique un empire colonial où les Soviets n'ont jamais eu le moindre pouvoir ...la doctrine du Surhomme se retrouvait dans le stalinisme ... le rôle des masses populaires s'amenuise et nous voyons apparaître successivement le culte du héros , le culte du bureaucrate et , pour finir , le culte du Guide bien-aimé " .
Bravo , Pierrot !!!
Quand j'étais étudiante à Paris, j'allais avec des amis presque tous les soirs à la cinémathèque. C'est ainsi que j'ai vu, je crois, tous les films d'Eisenstein, mais aussi quelques merveilleux films japonais de Misogushi.
J'ai essayé de revoir Alexandre Newski, mais la propagande m'a sauté aux yeux, et rétrospectivement j'ai trouvé tous ses films assez grotesques, lourds, comiques à la limite.
Je vous ressemble un peu car je préfère de loin Mizoguchi ou Kurosawa aux réalisateurs soviétiques .
Leurs démonstrations me fatiguent et surtout elles suscitent le scepticisme .Toutes ces oeuvres sont destinées à des âmes un peu frustes et je ne suis surtout sensible à leur beauté formelle .
J'ai vu et revu " la 9° Compagnie " . C'est assez proche de nous , bien mené et viril . On comprend que mes Russes éprouvés par la chute de l'URSS rebondissent .
Très amicalement