D’aucuns critiquent, ces derniers temps, le slogan du Front national « Ni droite, ni gauche », reprochant à ce parti d’entendre par là en réalité « Ni droite, ni droite », ce qui viendrait du fait que la tendance « chevènementiste » et jacobine aurait pris le dessus sur la ligne idéologique traditionnelle, plus libérale et/ou plus identitaire. Mais, au-delà de sa charge polémique, ce slogan renferme une sagesse politique qui permettrait au débat de gagner en hauteur de vue. Ainsi, quel sens profond pouvons-nous tirer de ce mot d’ordre, outre l’opposition évidente au système « UMPS » ?
Tout d’abord, « Ni droite, ni gauche », c’est le refus de la division de la société entre ces deux directions opposées depuis 1789. Car la Révolution française n’invente pas les partis mais le déchirement de la cité pour des motifs idéologiques. Ainsi, ceux qui voudraient que le FN se proclame de droite par pureté doctrinale devraient se rappeler que cette posture est en elle-même une acceptation du jeu révolutionnaire qui circonscrit le débat public dans les limites qu’il veut bien tracer, c’est-à-dire, sans jamais pouvoir remettre fondamentalement en cause le système idéologique.
Ensuite, ce slogan veut dire que le FN est autant attaché à la liberté d’entreprise et à l’allégement de la fiscalité qu’au rôle de l’État protecteur de l’économie nationale contre la mondialisation sauvage et à une solidarité minimale réclamée par la justice ; ainsi d’ailleurs qu’à la restauration des pouvoirs régaliens d’une nation souveraine. Il veut dire que la citoyenneté ne se confond pas avec l’identité, et l’on sait que le FN veut abolir le droit du sol et la double nationalité. Que le peuple n’est ni de droite ni de gauche, mais une communauté partageant l’héritage d’une civilisation. C’est encore accueillir tous les patriotes s’ils nous rejoignent dans la défense de notre liberté. Aller « tout droit », c’est tourner le dos aux querelles du passé. C’est faire la synthèse des mémoires, des forces, des idées et des passions pour renouer avec le destin national.
Enfin, n’être ni de droite ni de gauche, c’est chercher le bien commun. À son époque déjà, Jeanne d’Arc fut celle qui mit fin à la terrible alternance des Armagnacs et des Bourguignons. En persuadant le « petit roi de Bourges » qu’il était le roi de France, elle lui permit de rejeter le traité de Troyes qui livrait le royaume aux Anglais. Il fallait d’abord gagner la bataille symbolique, avant de pouvoir bouter l’envahisseur. De ce fait, la geste johannique est éminemment politique. Certes, des mouvements d’inspiration fasciste ont pu avoir un tel positionnement dans l’histoire politique française. Mais s’il veut conquérir le pouvoir, loin de se retrancher dans un positionnement contestataire à l’instar des ligues d’entre-deux-guerres, le FN doit aller encore plus loin dans l’incarnation de la légitimité politique. Ce n’est qu’en s’élevant au-dessus de la mêlée que Marine Le Pen incarne cette légitimité.
Commentaires
toujours un article pertinent qui nous secoue les neurones....J aimerais aussi que tous "les endormis qui ronflent"...passez moi l expression , les lisent aussi......GAUTHIER MICHEL
J'ai beaucoup aimé cet article. Vous pouvez l'imprimer et le faire lire sur papier.
C'est la ligne à tenir ! Droite et gauche sont des concepts de division du peuple hérités de la révolution et du bolchevisme.
La distinction véritablement politique, c'est la distinction ami-ennemi, l'ami étant celui appartenant à ma communauté d'origine et de destin et à son système de valeurs. L'ennemi celui qui s'y attaque et veut sa destruction, c'est à dire la clique mondialiste UMPS.
Une citation d'Ortega y Gasset : "Etre de droite ou de gauche, et le revendiquer bruyamment, voilà deux manières de prouver qu'on est un triste imbécile"
J'ai découvert à peu près simultanément deux oeuvres philosophiques fort discutées :
" Le manifeste communiste " de Marx et Engels
" Discours sur l'esprit positif " d'Auguste Comte .
C'était il y a fort longtemps .
Du tandem Marx-Engels et de Comte , qui voyait juste ?
Comte , n'en déplaise à certains .
" Ordre et Progrès " . Le polytechnicien Comte, fort méconnu , mérite réhabilitation . Des générations de X furent imprégnées de son esprit .
Ordre : idée de Droite .
Progrès : idée de Gauche .
Concilier l'une avec l'autre plutôt que de les opposer .
Un petit supplément qui ne conviendra pas à tous .
Du Ortega y Gasset que je cite de mémoire : La démagogie est chose française . Le penseur espagnol invoque alors les enflures de Victor Hugo et il poursuit en remarquant que ce sont les démagogues qui tuent les civilisations .
A Victor Hugo vous pouvez ajouter Emile Zola , un summum du mauvais goût , par ailleurs toujours en quête d'argent donc très vénal .
Et n'oubliez pas le tribun Jean Jaurès , celui qui a prostitué le socialisme en le mettant au service de la ploutocratie lors de l'affaire Dreyfuss .
Tous ces champions de la démagogie éhontée ont leur rue ou leur place dans le moindre de nos villages .
Vivant avec mon temps je réclame des rues et des places Arthur de Gobineau , Louis-Ferdinand Céline ou même Charles Maurras ( que je ne prise guère ).
Que font donc nos édiles ? B-H L consentira-t-il à se mobiliser pour une juste cause ?