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Grèce : la vengeance du dictionnaire

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Tout ce qui se passe et se passera en Grèce était écrit. Et tout ce qui s’y passe, ces jours-ci, peut arriver n’importe où en Europe.

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Tout ce qui se passe et se passera en Grèce était écrit. Et tout ce qui s’y passe, ces jours-ci, peut arriver n’importe où en Europe. Pourquoi ? Parce que, face aux faits réels, on avait oublié de vérifier le sens des mots dans le dictionnaire ; et parce que la répétition des formules apprises par cœur par des perroquets ne peut plus donner l’illusion de la pensée.

La monnaie n’est pas un hochet pour des technocrates subjugués par les banques cupides, ou pour des politiciens ignares et avides affidés aux USA. La monnaie est définie depuis 2.500 ans (Aristote, Éthique à Nicomaque, GF Flammarion, p. 246-252 ) par ses fonctions :

– moyen intermédiaire pour les échanges,
– unité de compte,
– réserve de valeur.

D’ailleurs, la monnaie, comme toute chose, est définie par sa fonction et par sa nature : c’est ce qui conduit à toute définition. Seuls veulent nier les choses ou en changer le nom les ignorants, les sots, les fous, les cyniques (tous, au demeurant, aussi dangereux). Et notre classe politique et ses « économistes officiels » en regorge.

Les fonctions de la monnaie sont encore inchangées aujourd’hui (J.E Stiglitz, prix Nobel d’économie, Principes d’économie moderne, De Boeck, Bruxelles, 2002). Qui se croit assez fort pour bouleverser des théorèmes découverts il y a 2.500 ans ? Va-t-on aussi changer les lois de Thalès, Archimède, Euclide, Pythagore ? Vous avez vu les regards de Delors, Lamy, Barroso, Juncker, Barnier, Juppé, Raffarin, Baroin, Macron (et son gourou Attali) ? Vous avez entendu Chirac, Sarkozy, Hollande ? Vont-ils, eux aussi, nous laisser leurs théorèmes, les en croyez-vous capables ? Je ris, jaune, vous l’aviez déjà compris.

Car ces fonctions invariables de la monnaie ne s’exercent qu’à trois conditions (H. Temple, Théorie générale de la nation, L’Harmattan, 2014, p.202 et s.). Et si ces conditions ne sont pas respectées, il ne saurait y avoir de monnaie, mais un simple symbole politique, un artefact, une chimère, voués à l’échec.

Les conditions nécessaires (malheureusement trop peu connues) pour une monnaie sont au nombre de trois :

– la maîtrise de l’émission, sans quoi l’instrument de mesure perd son sens et sa proportionnalité. Cette émission fut, pendant des siècles, une mission régalienne. Or, on connaît trop peu le phénomène plus récent de fabrication et d’émission de monnaie par les banques (crédit, titrisation, spéculation), qui n’est plus guère maîtrisé, désormais, par personne. Cette fausse monnaie (ainsi que la qualifiait Maurice Allais) conduit à des enrichissements démesurés et immoraux, humiliants pour les travailleurs utiles à la société. Et donc socialement et politiquement corrosifs.

– la proportionnalité du signe monétaire avec les produits courants (effet facial) : passer à une unité de compte 6,56 fois supérieure à l’ancien signe monétaire a généré des hausses de prix énormes, dont ont été victimes les salariés/consommateurs les plus modestes et les familles.

– l’adaptation aux besoins d’un système économique et social ouvert au commerce international. La Grèce en est la parfaite et pitoyable illustration ; mais la France, l’Espagne ou l’Italie fournissent aussi de bons exemples. Longtemps attractif du fait de sa gestion cambiaire rigide (à l’allemande), l’euro a été victime de sa fonction réserve : il a été de ce fait surévalué, ce qui a conduit à la destruction irréversible d’une grande partie de l’industrie ou de l’agriculture européennes (particulièrement grecques), victime des prix trop élevés en euros.

Dès lors, pour tenter de maintenir les budgets de l’État et des régimes sociaux qui ne sont plus abondés par les entreprises en difficulté, les gouvernements, soucieux d’éviter l’émeute, empruntent de plus en plus. Jusqu’au gouffre final.

C’est la vengeance du dictionnaire sur les illettrés qui ont voulu ignorer le sens du mot monnaie.

 
BOULEVARD VOLTAIRE

Commentaires

  • Mais comme nos dirigeants sont totalement incultes (ce sont des produits de l’ENA) ils sont incapables de comprendre ce raisonnement simple mais très clair de Henri Temple !

  • " la proportionnalité du signe monétaire avec les produits courants (effet facial) : passer à une unité de compte 6,56 fois supérieure à l’ancien signe monétaire ..."
    Il est essentiel d'insister sur ce facteur psychologique dont on a peu parlé : l'effet DIVISEUR (en France, Italie, moindrement en Allemagne) de l'Euro par rapport à l'ancienne monnaie fut un coup de maître, une anesthésie garantie car notre cerveau (celui des plus de 30 ans en tous cas) conserve encore actuellement l'ancien rapport, en particulier pour les très petites et les très grosses sommes (pour l immobilier par ex.).
    Alors que le lien avec le revenu n'est perçu que de façon diffuse. Qui se donne la peine en effet d'envisager son véritable pouvoir d'achat sous l'angle du "temps de travail nécessaire" pour l'achat de tel ou tel bien ?

    http://www.lepoint.fr/economie/pouvoir-d-achat-les-prix-ont-ils-augmente-ces-30-dernieres-annees-21-01-2015-1898297_28.php

  • Avec l'euro, mon pouvoir d'achat a diminué de 50 à 55% et ce avec des revenus supérieurs! C'est un fait.

  • Toujours pour l'effet psychologique, imaginons un Euro (ou autre Ecu, Ducat ...), valant 6 cts de Franc, de sorte qu'une baguette de pain couterait 85 Euros (effet multiplicateur 100), et qu'un petit véhicule serait affiché à 1 200 000 Euros ! Même en conservant le même rapport de revenu, la simple perception des chiffres aux multiples zéros aurait suscité une résistance à l'achat catastrophique pour l'économie. On a donc fait l'inverse, se ménageant ainsi au passage une grosse marge pour les hausses de prix dans un premier temps, pour arriver après 10 ans de torpeur (et quelques milliards supplémentaires de dette ...), à une dévaluation de près de 30% de l Euro début Janvier 2015. Souvenir très vif puisqu'étant en vacances hors zone Euros à cette époque, j ai été ravie de voir mon budget vacances ainsi amputé, ce après avoir vécu la réduction en France d'environ 50% de notre train de vie depuis l'introduction du fameux Euros ...
    Grâce à Bruxelles, la vie est belle !

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