Sous la plage une Intifada à la française
Jean Ansar
le 11/08/2015
Ils ne comprennent pas, c’était une si belle idée.
Lors d’un voyage à Tel-Aviv ,les élus de la capitale du vivre ensemble virtuel, séduits par le look israélien ont décidé de lui rendre hommage en organisant à Paris Plage une journée «Tel-Aviv sur Seine».
Or cette plage , largement destinée aux jeunes de banlieues, ne peut aucunement se prêter à un éloge du festif à l’israélienne surtout avec les tragédies de l’été du conflit israélo-palestinien. Certes, cela fait plaisir à la « communauté » de présenter à Paris une image pacifique, festive et branchée de Tel-Aviv, mais c’est, bien sûr, jugé comme une provocation par de nombreux jeunes issus de l’immigration musulmane.
Jeudi 13 août, la capitale organise donc «Tel-Aviv sur Seine» dans le cadre de «Paris-Plage». Au menu, une «journée culturelle et festive», visant à faire «découvrir la culture, la gastronomie ou les loisirs». L’initiative fait bondir. Depuis quelques jours, de nombreux internautes et plusieurs associations pro palestiniennes protestent.
Le conflit israélo-palestinien alimente le racisme anti-juif à la française, le grand racisme d’aujourd’hui. L’ignorer est absurde. Vouloir faire semblant que la coexistence est possible est une dangereuse utopie. Le déferlement de haine anti-sémite sur les réseaux sociaux en a immédiatement apporté la preuve. La volonté de Madame Hidalgo and co de maintenir la manifestation est la preuve d’un déni de réalité au profit d’un aveuglement idéologique.
Tel-Aviv sur Seine, c’est, sous la plage, l’ Intifada et certainement pas le vivre ensemble. L’idée dégoulinante de bons sentiments et d’une vision idyllique d’Israël est bien une erreur dans le contexte international actuel et de la France d’aujourd’hui.
Cette initiative, un an après les massacres de civils de la guerre de Gaza et quelques jours après la mort, dans un incendie criminel, d’un bébé palestinien défie le bon sens. C’est jeter de l’huile sur le feu pour éteindre un incendie. La mairie est piégée par sa fausse bonne idée. Elle aurait dû le pressentir sauf à être aveuglée par une vision pro israélienne par trop déséquilibrée. Moralité, Hidalgo s’entête et va devoir protéger la fête menacée.
Un mur pour entourer «Tel-Aviv sur Seine» ? En tout cas des mesures de sécurité pour une journée où ne se rendront que les partisans du gouvernement israélien actuel. Lundi matin, sur France Inter, la conseillère de Paris, Danielle Simonnet (Parti de gauche) a lâché sans ciller: «Tel-Aviv, c’est pas Copacabana. Tel-Aviv, c’est la capitale d’Israël.» Puis: «Cette opération, pour le gouvernement israélien, est une belle opération de com que la Ville de Paris lui sert sur un plateau.» «Je crains beaucoup que ça se passe très mal». Réplique sèche de Bruno Julliard qui l’accuse d’exacerber la polémique: «Mme Simonnet, […] elle se réveille ce matin en disant attention, il va y avoir des débordements jeudi, la sécurité ne sera pas assurée, alors que ça fait tout de même trois jours que, tant sur les réseaux sociaux que dans les médias, elle attise une partie de la contestation la plus radicale contre cette manifestation».
Et voilà «Paris-Plage» transformé en champ de bataille franco-français du conflit israélo palestinien. Bien joué Hidalgo !
METAMAG