Francetv info a recueilli le témoignage de voyageurs qui ont passé la nuit de mardi à mercredi dans un train Eurostar et à la gare de Calais-Fréthun. Le blocage a été causé par 100 et 150 migrants, qui ont franchi les voies pour monter dans le train.
Des passagers d'un train Eurostar bloqué en gare de Calais-Fréthun (Pas-de-Calais), le 2 septembre 2015. (REUTERS)
"C'était l'apocalypse." Dans la nuit du mardi 2 au mercredi 3 septembre, plusieurs centaines de voyageurs d'un Eurostar sont restés bloqués sur les quais de la gare de Calais-Frethun. En cause : "Environ 100 à 150 migrants, qui ont investi vers 21 heures la gare de Calais-Fréthun au niveau des voies, pour monter dans l'Eurostar", selon la police. Ce n'est que vers 11 heures, mercredi matin, qu'un train est finalement venu chercher les naufragés du rail, pour repartir en direction de Londres.
Ni information, ni lumière, ni air conditionné
Entrepreneur dans le secteur des nouvelles technologies, installé à Londres, Frédéric Bruel était à bord de l'Eurostar lorsque le train s'est arrêté. Le plus éprouvant, pour lui, "c'est quand on s'est retrouvé avec zéro information, qu'il n'y avait plus d'air et plus de lumière dans le train. C'était vers 2 heures du matin, peu avant que l'on arrive à la gare de Fréthun, vers 2h20".
"Jusqu'à ce que le train ne redémarre, on ne savait pas quand le courant allait être remis pour avoir de l'air conditionné, sachant qu'il était hors de question que l'on puisse ouvrir les portes alors que l'on était dans la pénombre la plus totale et que la moitié des toilettes étaient bouchées, poursuit-il. C'était l'apocalypse."
"En fait, dès le début de l'incident, ils ont coupé le courant sur la ligne. On a alors fonctionné sur les batteries, et quand les batteries sont tombées à plat, terminé, il n'y avait plus rien. Il y avait des voitures dans lesquelles il devait faire plus de 35 °C..."
"De 6 heures à 10h30, on a attendu, debouts ou assis..."
Pour tous les voyageurs, l'arrivée à la gare de Calais-Fréthun a donc représenté, littéralement, une bouffée d'air. Mais très vite, une très longue l'attente a succédé au bref moment de soulagement. "Il n'y avait aucun personnel Eurostar sur place, raconte Frédéric. Nous n'avons rien eu à manger avant 7h30-8 heures."
"Vers 6 heures, ils nous ont fait sortir du train pour que l'on attende sur les quais, car la gare devait être nettoyée. Donc, de 6 heures jusqu'à 10h30, on a attendu, debouts ou assis, sur des marches", raconte Marie, une autre voyageuse, interrogée par francetv info. Mais "le pire souvenir, c'est de voir ma fille de 5 ans tremblante de froid sur le quai, ne pouvant rien faire". Selon une autre passagère, interrogée par l'Agence France-Presse, une annonce officielle d'excuses "a été huée" par les voyageurs. Finalement, "ils nous ont envoyé un train sans sandwich , juste des barres de Twix, des bouteilles d'eau et de l'eau chaude à la demande", raconte Marie.
"Nous avons été laissés dans les mains d'un personnel dépassé"
"Le personnel a fait ce qu'il a pu, tempère Frédéric. Les employés de la voiture-bar ont essayé de répondre aux questions des voyageurs, mais ils manquaient d'informations. Comme il n'y avait plus de courant dans le train, ils ne pouvaient pas communiquer."
"Moi, je m'attendais à une gestion de crise à la hauteur de la taille de cette entreprise, et du prix des billets qu'ils font payer à leurs clients, mais il n'y avait rien", s'énerve-t-il. "Aucun responsable ni de la SNCF ni d'Eurostar n'est venu nous parler, enfonce Marie. Nous avons été laissés dans les mains d'un personnel dépassé."
Face aux critiques, un porte-parole d'Eurostar a toutefois promis que la compagnie faisait "tout ce qui est possible pour que les passagers soient accueillis avec une boisson, de la nourriture, des taxis et des hôtels à leur arrivée" à Londres.