Crime et châtiment !
Les propositions de François Hollande et Angela Merkel seront soumises le 14 septembre à un conseil des ministres de l'Intérieur de l'UE.
François Hollande a déclaré avoir «proposé avec la chancelière Merkel un mécanisme permanent et obligatoire» d'accueil des migrants lors d'une prise de parole avec le premier ministre irlandais, Enda Kenny, ce jeudi. François Hollande et Angela Merkel «ont décidé d'une initiative sur la situation des réfugiés qui cherchent à rejoindre l'Europe». Les deux dirigeants qui se sont entretenus au téléphone jeudi matin sur la crise des migrants, déclarent dans un communiqué que ces hommes et femmes «ont besoin de la protection internationale» qui «leur est due» et que «l'Europe doit protéger ceux pour qui elle est le dernier espoir».
Ainsi, François Hollande et Angela Merkel ont décidé de transmettre dès aujourd'hui «des propositions communes pour organiser l'accueil des réfugiés et une répartition équitable en Europe» qui seront soumises le 14 septembre à un conseil des ministres européens de l'Intérieur. Dans un premier temps les objectifs seront de «rapprocher les normes pour renforcer le système d'asile européen, assurer le retour des migrants irréguliers dans leur pays d'origine, et apporter le soutien et la coopération nécessaires avec les pays d'origine et de transit», précise le communiqué.
«J'ai parlé ce matin au président français, la position franco-allemande que nous allons transmettre aux institutions européennes est que nous sommes d'accord que nous devons obéir à des principes de base, à savoir que ceux qui ont besoin de protection (...) la reçoivent et que nous avons besoin de quotas contraignants au sein de l'Union Européenne pour se partager les devoirs, c'est le principe de solidarité», a dit Angela Merkel dans une conférence de presse pendant sa visite en Suisse.
En parallèle, la Commission européenne demande aux États membres de répartir en urgence 120.000 réfugiés supplémentaires au sein de l'UE afin de faire face à l'accélération de la crise migratoire, a indiqué jeudi après-midi une source européenne. «Comme les mécanismes permanents pourraient prendre du temps, et que nous avons une situation très pressante en Italie, en Hongrie et en Grèce, il va y avoir une proposition pour la réinstallation urgente de 120.000 (réfugiés)», a expliqué cette source.
«Une lutte contre la montre»
L'ensemble des ministres concernés par la question des migrants s'est réuni dans l'après-midi à l'Elysée autour de François Hollande et de Manuel Valls. Outre le président et le premier ministre, Ségolène Royal (Ecologie), Bernard Cazeneuve (Intérieur), Sylvia Pinel (Logement), Harlem Désir (Affaires européennes) et Christian Eckert (Budget) étaient autour de la table, Laurent Fabius (Affaires étrangères), en déplacement, étant représenté par son directeur de cabinet. «Nous sommes dans une lutte contre la montre», a déclaré Bernard Cazeneuve à l'issue de la réunion. «L'Europe doit être à la hauteur de ces enjeux car si elle ne l'était pas (...) c'est tout le système Schengen (de libre-circulation) qui se retrouverait fragilisé.»
Dans la matinée, François Hollande s'est également entretenu avec le président en exercice de l'Union européenne, le premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, et devait joindre également le président du Conseil européen Donald Tusk et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. C'est sur une plage de Turquie qu'a été prise la photo du corps d'un enfant syrien noyé qui a suscité une immense émotion à travers le monde jeudi. L'Élysée a toutefois assuré que la réunion prévue dans l'après-midi avait été convoquée depuis plusieurs jours déjà, même si elle n'avait pas été inscrite à l'agenda officiel du président.